DEBATE / ISRAËL (Jérusalem) – Quand archéologie devient politique

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Au moment où le président états-unien Donald Trump reconnaît Jérusalem comme la capitale historique du peuple hébreu et le centre politique d’Israël, franchissant ainsi un pas supplémentaire (peut-être le pas décisif) vers l’anéantissement du rêve palestinien de créer un jour un État arabe en Terre sainte… Bingo !

Bingo ! Pour Benjamin Netanyahou et les tenants du grand Israël sans Arabes : un vestige archéologique vient (trop) opportunément conforter la position de l’administration Trump en la matière et « confirmer » que Jérusalem, la « cité du roi David », est bel et bien… juive.

À l’aube de cette nouvelle année (2018), en effet, la direction des Antiquités de l’État hébreu a annoncé, tambours battants (la nouvelle a fait le tour des unes des médias occidentaux), qu’un sceau en étain du VIIème siècle avant Jésus-Christ a été découvert par les archéologues israéliens chargés des fouilles à proximité du Mur des Lamentations.

Ce sceau daterait donc de l’époque du premier temple de Jérusalem, édifié par le roi Salomon au Xème siècle a.C., fils du roi David, pour abriter l’arche de l’Alliance contenant les tables des dix commandements reçus de Dieu par Moïse sur le mont Sinaï ; le premier temple fut détruit lors de l’invasion babylonienne, en 586 a.C., lors du siège de Jérusalem ordonné par le roi Nabuchodonosor II. Or, le sceau présente une inscription au nom du « gouverneur de la ville », une occurrence qui apparaît à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament (Livre des Rois et Livre des Chroniques) : le « gouverneur » de Jérusalem était, selon la Bible, nommé par… le roi d’Israël.

Voici donc que serait historiquement confirmé le passé hébreu de la ville sainte ! Que Jérusalem fut juive avant d’être arabe et musulmane ? La belle découverte !

Qui oserait prétendre le contraire ? Tout l’art d’enfoncer des portes ouvertes… mais pas que…

C’est en effet l’éternel débat qui revient une fois encore sur le tapis : le droit historique de posséder la terre versus le fait accompli d’une présence séculaire d’un peuple qui en a remplacé un autre. Ainsi, s’il est incontestable que Jérusalem fut juive avant d’être « palestinienne », c’était il y a bien longtemps : quatorze siècles de peuplement arabo-musulman peuvent-ils être bannis par la découverte d’un morceau de métal vieux de 2.700 ans ?

Toutefois, le fait accompli s’inverse, par, au sens propre du mot, la « force » des choses. Et le temps qui passe donne de plus en plus fermement raison au peuple juif qui s’empare de cette terre si souvent conquise et reconquise.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau rebondissement, dont la relative importance n’entame pas le caractère éminemment symbolique, vient envenimer davantage encore un conflit qui s’éternise depuis 1948 ; et la coïncidence avec l’annonce trumpienne suscite inévitablement l’étonnement.

Une coïncidence très à propos qui, dans un autre genre, ne manquera pas de remuer les partisans de la « thèse du complot », et ce… « à tort… ou à raison ».

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Pierre Piccinin da Prata

Historian and Political Scientist - MOC's Founder - Editorial Team Advisor / Fondateur du CMO - Conseiller du Comité de Rédaction

5 Comments

  1. mais les Arabes de Palestine, chrétiens et musulmans, sont des descendants d’israélites convertis alors que les juifs d’Europe sont un mélange de turcs, de sémites et de germains et que ceux du Maghreb sont des berbères convertis …

  2. Andreas Mathys on

    Pourquoi, dans cet article, vous ne mentionnez pas l’époque bien plus lointaine encore, où le peuple qui habitait déjà cette terre a dû subir l’assaut meurtrier des israélites?

  3. qui peut confirmer que ce morceau de métal est vraiment une pièce archéologique? Les juifs sont maitres de falsification. Est-ce que est un simple hasard que cette pièce ne est apparue que juste après l’annonce de Trump?

  4. Alaoui sekouri on

    Peut on avancer que le peuple palestinien est le descendant des tribus qui avaient peuplé ces terres. Il y a 3000 ans on a entendu. Aujourd’hui hui on entend 6000ans….?

  5. A chaque fois que l’administration américaine se sent acculée ,elle remue l’épouvantail sioniste quitte à nuire au peuple palestinien elle s’en est servi d’ appât pour assouvir son hégémonie avec son complice sioniste .

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