PALESTINE – Gaza, entre banalisation et oubli…

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7 Juillet 2014, 7 juillet 2016 ! Deux ans déjà, deux ans se sont écoulés depuis le début la dernière agression israélienne de masse contre la bande de Gaza. C’est comme si c’était hier, un événement terrible en Palestine, un véritable carnage à Gaza.

Cette nouvelle attaque avait pour objectif de briser la volonté d’une population résistante, d’une population courageuse qui a résolu de défier le blocus, mais qui a surtout décidé de rester attachée à sa terre, en dépit de toutes les difficultés et des mesures atroces d’une occupation aveugle.

Je ne vais pas revenir dans cet article sur les événements tragiques de cette effroyable offensive  contre la population civile de Gaza, une offensive menée par une puissance militaire contre des enfants, des femmes, des personnes âgées, et des innocents, dans un territoire enfermé, isolé et soumis  à un blocus inhumain, une offensive qui a duré plus de 50 jours. Plus de 2.200 morts ; parmi eux, 600 enfants. Et 11.000 blessés, des civils. Et la destruction massive de l’infrastructure civile de la bande de Gaza ; probablement était-ce là l’objectif principal de l’attaque.

Je ne vais pas décrire ce drame à nouveau, parce que le monde entier le connaît… Le monde entier le connaît… N’est-ce pas ?

Deux ans après : aucun projet de reconstruction privé ou public n’a commencé dans les rues de Gaza. Partout, ce ne sont que  ruines des maisons, des immeubles, des mosquées, des écoles, des stades, des usines ou des bâtiments détruits et visés par les bombardements israéliens. Rien n’a changé pour les sans-abris, plus de 5.000 personnes vivent toujours sous des tentes, dans des caravanes surchauffées, ou à côté des ruines de leurs maisons détruites, à cause du maintien du blocus et de l’interdiction d’acheminer des matériaux de construction à Gaza, par ordre militaire israélien. Les passages vers l’extérieur sont souvent et les denrées alimentaires qui entrent à Gaza sont rares. Les autorités israéliennes ouvrent le seul passage commercial  qui relie la bande de Gaza à l’extérieur deux ou trois fois par semaine, pour permettre l’entrée de 300 camions et de quelques convois humanitaires ; seulement 5 ou 6 de ces camions peuvent transporter des matériaux de construction, souvent destinés aux projets internationaux. Une politique apparemment irrationnelle, qui ne prend pas en considération les réalités des besoins énormes de la population civile. Au passage de Rafah, au sud de la bande de Gaza, des centaines de Gazaouis attendent des heures durant le droit de franchir la frontière ; les fouilles et les contrôlent s’éternisent et, souvent, ils sont refoulés, à l’heure de la fermeture de ce passage. Les soldats israéliens jubilent… Chaque foyer de Gaza n’a droit qu’à six heures d’électricité par jour, car la seule centrale électrique, qui a été détruite en juillet 2014, ne fonctionne toujours pas, deux ans après, par manque de fioul et de carburant… Si, depuis peu, elle a été relancée, à 20% de sa capacité et, certains jours, les familles peuvent compter sur huit heures d’électricité ! Les conséquences sont dramatiques pour les hôpitaux, les centres médicaux, et les institutions éducatives. Des malades meurent tous les jours de manière absurde, parce qu’ils ne peuvent pas être transférés rapidement dans les hôpitaux égyptiens ou israéliens plus performants, à cause de la fermeture des frontières. Les médicaments et le matériel médical manquent. Les jeunes de Gaza souffrent d’un chômage qui se développe de plus en plus vite ; en août 2016, il a atteint pour la première fois les 70% de la population active : depuis le début du blocus total, il y a neuf ans, des  dizaines d’usines ont fermé, qui ne recevaient plus les matières premières nécessaire à leur fonctionnement. La politique israélienne de destruction de l’économie palestinienne est très efficace…

Mais, plus encore, deux ans après, les attaques et les agressions se poursuivent jour et nuit ; elles sont moins « spectaculaires » qu’à l’été 2014, mais elles continuent de tuer des gens et provoquent de nouveaux dégâts. En ce mois d’août 2016, plusieurs dizaines de raids de l’aviation israélienne ont frappé Gaza. Mais, cela, tout le monde le sait. N’est-ce pas ?

L’occupation israélienne est la seule responsable de la  situation très difficile dans laquelle vivent les Palestiniens de la bande de Gaza.

L’armée israélienne viole presque tous les jours l’accord du cessez le feu et ne respecte pas la trêve. Souvent, les chars mènent des incursions dans la bande de Gaza. Les soldats  contrôlent toujours les zones tampons sur les frontalières et tirent sur les paysans qui y cultivent leurs champs. La marine empêche l’extension de la zone de pêche et tire sur les pêcheurs palestiniens et leurs bateaux. Face à la retenue dont font preuve les factions armées de Gaza, l’armée d’occupation poursuit ses provocations et tente de les pousser à réagir pour justifier de nouvelles frappes et achever la destruction des infrastructures palestiniennes.

Cet état de fait se poursuivra tant que les crimes resteront impunis, et tant que cette état d’apartheid et d’occupation ne sera pas soumis au jugement des institutions internationales, pour les crimes de guerre commis contre les enfants de Gaza. Mais, deux ans après, aucune enquête officielle n’a été diligentée pour faire la lumière sur les crimes de guerre israéliens, et aucune commission d’aucune institution internationale n’est venue à Gaza pour constater l’ampleur de cette horreur absolue. Deux ans après !

Depuis deux ans, beaucoup d’événements ont eu lieu en Palestine… Notamment, le déclenchement d’un soulèvement populaire en Cisjordanie… Il y a aussi eu l’accord entre la Turquie et Israël… Les Palestiniens de Gaza avaient un peu d’espoir avec l’accord entre la Turquie et Israël, mais la réalité que la décision turque est d’abandonner sa demande concernant la levée du siège de Gaza, en faveur de la reprise des relations diplomatiques et économiques entre les deux pays. Gaza est donc toujours sous blocus. Et l’armée d’occupation poursuit sa politique agressive à l’encontre des Palestiniens et étend la colonisation de leur terre.

Les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie craignent dès lors, la reprise des attaques israéliennes, à n’importe quel moment et sous n’importe quel prétexte, puisque la Communauté internationale garde le silence. Et pourquoi les Israéliens se priveraient-ils d’attaquer, puisque, depuis des dizaines d’années, cette Communauté internationale laisse faire ?

Les Palestiniens doivent-ils encore attendre ? Ou envisager d’autres solutions ? Celles de l’extrémisme ? Ou bien celle que certains Palestiniens commencent à envisager, de plus en plus nombreux, comme en témoignent les attaques menées récemment par des individus isolés ? Des individus désillusionnés, désespérés, qui n’attendent plus rien de nulle part, même plus des factions politique palestiniennes, dont les divisions et les luttes pour le pouvoir servent plus les intérêts israéliens que ceux de leur propre peuple…

 

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Ziad Medoukh

Directeur du Département de langue française à l'Université Al-Aqsa de Gaza (Territoires Autonomes Palestiniens)

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