L’ouvrage permet de comprendre, de l’intérieur, le processus révolutionnaire tunisien. Les espoirs et les dangers qui ont animé la vie politique du pays y sont clairement exposés, des risques d’une sécession organisée par les pro-Ben Ali, à la montée en puissance d’Ennahdha et des salafistes. Une analyse qui tord le cou à l’optimisme stéréotypé qui caractérisait les médias occidentaux à propos des « printemps arabes », il y a trois ans, et qui même, par endroits, incite à se défaire carrément de cette expression, dans la mesure où les « printemps » n’ont pas donné beaucoup de fleurs, et n’ont finalement concerné que bien peu de pays arabes…
Pierre Piccinin da Prata a assisté aux événements majeurs du Printemps arabe. Il a rencontré les Frères musulmans au Caire. En Libye, il a accompagné les rebelles de Benghazi sur les lignes de front. Il s’est aussi rendu au Yémen et a effectué de nombreux séjours en Syrie, au péril de sa vie, où il a été arrêté par les services secrets du régime et torturé à Homs, puis retenu comme otage par des combattants islamistes.
En Tunisie, Pierre Piccinin da Prata a suivi l’évolution d’une révolution triomphante, depuis la chute du dictateur Ben Ali, jusqu’au naufrage d’une démocratie mort-née, minée par la corruption et menacée par le développement spectaculaire de l’islamisme fanatique.
Pierre Piccinin da Prata est aussi enseignant ; et c’est avec pédagogie qu’il démonte les arcanes et ressorts des printemps arabes, dans une introduction qui en rend la synthèse accessible à un large public.
Ce livre rassemble quatre entretiens exclusifs dans lesquels Moncef Marzouki, le Président de la République de Tunisie, se confie à son interlocuteur. Pierre Piccinin da Prata l’a rencontré aux moments-clefs de la révolution : lors de son retour d’exil, le lendemain des premières élections libres et tout au long de son mandat présidentiel, au Palais de Carthage.
L’ouvrage, que Pierre Piccinin da Prata signe avec Thibaut Werpin, spécialiste en communication et en sciences de l’information, démontre, de manière magistrale, comment se sont effondrés les espoirs de la jeunesse tunisienne, confisqués par les éléments conservateurs d’une société mafieuse et les appétits dévorants de courants religieux antagonistes.
(L’Harmattan, 2013)