Dans ses éditions précédentes, Le Courrier du Maghreb et de l’Orient a donné la parole aux islamistes fondamentalistes, aux Salafistes, partisans d’une lecture littérale du Coran et d’un « Islam authentique ».
Ces différents entretiens ont suscité de très nombreuses réactions au sein de la communauté des Musulmans « modérés », et dans le milieu du Soufisme notamment, très opposé aux thèses salafistes et à leur lecture d’un Coran qui autoriserait la violence (le djihad armé) comme moyen licite de promouvoir et de répandre l’Islam.
Pour en débattre, Pierre Piccinin da Prata a engagé le dialogue avec Saïd Djabelkhir, journaliste algérien, chercheur en sciences islamiques et spécialiste du Soufisme.
Deuxième partie de cet entretien, dont le premier volet a été publié dans l’édition de juillet-août 2016 du Courrier du Maghreb et de l’Orient.
PPdP – Il y a plusieurs sous-questions qui s’imposent suite à votre dernière réponse… Pour commencer, l’Islam, c’est la « soumission ». Le Musulman ne doit pas être « suiviste », peut-être… Mais obéissant, certainement. Or, vous affirmez que « ce n’est pas parce que ‘les autres’ ou ‘les premiers’ ont cru, qu’il doit obligatoirement les suivre et croire comme ils l’ont fait ». Ainsi, d’emblée dans votre réponse, vous vous opposez de front à la parole de Dieu : « Croyez comme les gens ont cru (jadis). » Et la réaction hostile des compagnons face aux décisions (hérétiques) du calife Othman que vous mentionnez est d’ailleurs explicite en elle-même…
Il en va de même concernant les autres exemples que vous donnez, où la règle a été changée (les auteurs de ces changements sont voués « à l’Enfer » ; vous avez éludé la question relative au hadith dont j’ai fait état) ; les Salafistes sont d’ailleurs revenus sur ces changements, notamment sur la « moutaa » que vous évoquez. Ainsi, il est assez évident, si l’on étudie l’histoire et l’évolution des quatre grandes écoles juridiques de l’Islam (et bien plus que dans le cas des Salafistes, par définition), que nombre « d’interprétations » ont eu pour but « d’adapter » l’Islam aux besoins sociétaux et politiques du moment…
En abusant de l’idjtihad. L’idjtihad qui n’a été admis par le Prophète que dans les cas où le Coran ou les Hadiths ne donnaient pas de réponse, de règle concernant une question qui ferait alors débat ; mais il n’a jamais été question de modifier ou d’abroger des règles coraniques : quand c’est explicitement écrit dans le Coran, la pratique de l’idjtihad est incongrue. « Réfléchir », « raisonner », et encore moins « méditer », cela ne veut pas dire « abroger », ni « modifier » la parole de Dieu.
Par exemple, ce qu’on appelle « l’Islam de France » remet en question, par « l’interprétation », par une étrange pratique de l’idjtihad, outrancière, des règles coraniques, parce qu’elles se révèlent complètement incompatibles avec la législation occidentale et laïque de la république française. Ainsi en va-t-il, par exemple, de la règle qui ordonne que soit coupée la main des voleurs, qui a été arbitrairement abrogée par le calife Omar, mais qu’aucun verset du Coran n’abroge…
Or, si le Prophète, recevant la parole, a abrogé certaines règles (les abrogations font expressément l’objet de versets dans le Coran), les règles qui n’ont pas été abrogées par la parole de Dieu transmise au Prophète ne sauraient quant à elles être modifiées. Or, selon vous, les juristes ont le droit d’abroger des règles édictées par Dieu à travers le Prophète.
Est-ce donc que les Musulmans pourraient adapter la parole de Dieu à l’évolution de la société ? Je reviens sur ce point, que vous avez aussi éludé… Ne serait-ce pas, en effet, le contraire qui devrait prévaloir ? Le Coran dit : « La parole de Dieu s’est révélée en toute vérité et équité. Nul ne peut modifier Ses paroles. » (Coran, 6, 115)
S.DJABELKHIR – L’Islam, pour moi, n’est pas « la soumission », mais plutôt « la pacification ». Il faut savoir que le mot « islam », en arabe, ne veut pas seulement dire « soumission », il veut dire aussi « faire la paix avec l’autre ».
Tous les courants théologiques et les écoles juridiques de l’Islam ont le droit et le devoir de lire et d’interpréter le texte coranique et les Hadits du Prophète, pour peu que la syntaxe et les règles de la langue arabe le permettent, et personne n’a le droit d’imposer sa lecture.
D’autre part, le Musulman n’a pas à adopter des concepts ou obéir à des règles et des lois historiques dépassées par la réalité, qui le mettent en contradiction avec la morale humaine et par là même le reste des humains avec lesquels il aspire à vivre en harmonie.
Concernant la croyance, Dieu ne demande pas aux Musulmans de croire sans avoir de preuves ou d’arguments solides. Si le Musulman n’a pas d’arguments solides, il n’est pas obligé de croire. Mieux : le Musulman est en droit de rejeter toute idée ou croyance religieuse qui soit illogique à ses yeux. Il faut savoir que le fait de croire en Islam n’est pas seulement le travail du cœur, c’est aussi et d’abord et surtout le travail de la raison. Il n’y a pas de croyance en Islam sans preuves et arguments solides ; le Coran lui-même insiste sur cela : « Apportez donc une preuve éclatante si vous êtes véridiques. » (Coran, II, 111) ;
« Se sont-ils donné d’autres dieux en dehors de Lui, dis-leur : apportez votre preuve. » (Coran, XXI, 24) ; « Présentez votre preuve si vous êtes véridiques. » (Coran, XXVII, 64)
Alors si Dieu demande des preuves aux humains, eh bien les humains aussi ont tout à fait le droit et même le devoir de lui demander des preuves et des arguments solides pour croire.
S’agissant des décisions du calife Othman, je souligne qu’il est pour les Musulmans, et surtout pour les Salafistes, un calife « bien guidé ». Il en découle que ses actions et orientations égalent en valeur juridique la tradition du Prophète. D’ailleurs les juristes parlent de « la Sounna des califes bien guidés ». D’autre part, Othman étant un des califes « bien guidés » et un des dix compagnons à qui le Prophète a promis le paradis dans des hadits authentiques, il est n’est dons pas concerné par le hadit qui annonce que des compagnons du Prophète iraient en Enfer.
S’agissant de « la moutaa » ou « le mariage de jouissance », ce ne sont pas tous les Salafistes qui sont revenus sur cette question. Nous savons qu’il y a même des compagnons qui sont restés sur leur position initiale qui dit que « la moutaa est permise, elle l’a été du vivant du Prophète, elle le sera jusqu’à la fin des temps, et elle n’a jamais été interdite par le Prophète ». Parmi les compagnons qui soutiennent cette thèse, je cite Asma, la fille du premier calife Abou Bakr, Djabir Ibn Abdoullah, Abdoullah Ibn Masoud, Abdoullah Ibn Abbas, Mouaouia Ibn Abi Soufian, Amrou Ibn Hourait, Abou Said El Khoudri, Salama Ibn Oumayya, et enfin Maabad Ibn Oumayya. Et parmi les « tabiines » ou disciples des compagnons, je cite Taous, Ataa, et Said Ibn Djoubair.
L’idjtihad n’a pas besoin d’être permis ou non par le Prophète, car il est permis et même ordonné par le Coran : « Les croyants ne doivent pas tous s’élancer pour la bataille. Pourquoi ne pas déléguer un petit groupe de chaque section de façon à leur permettre de bien s’instruire dans la religion et d’avertir les leurs en retour. » (Coran, IX, 122) Or, comment peut-on « s’instruire dans la religion » si on ne réfléchit pas et si on n’a pas un regard critique et historique sur les textes du Coran et les Hadits du Prophète? C’est ce qu’on appelle « idjtihad ». Il se trouve que les règles de cet idjtihad ne sont pas figées. En effet, elles changent avec les transformations historiques et socioculturelles. Les textes sont figés et limités dans l’espace et le temps ; il est donc impossible qu’ils puissent contenir les changements survenus dans la société. C’est la raison pour laquelle l’idjtihad (l’effort de réflexion critique sur les textes) devient plus qu’une nécessité pour tout Musulman possédant la capacité et les outils intellectuels et théologiques nécessaires pour cette tâche.
Concernant les abrogations, je vous ai cité plusieurs exemples où des règles coraniques bien explicites ont été abrogées par des califes « bien guidés » qui étaient en même temps des compagnons du Prophète. En plus, les textes coraniques abrogés sont une réalité historique que personne de sérieux ne pourrait nier à raison. Alors une fois encore, oui, la parole de Dieu peut être abrogée, car elle a effectivement été partiellement abrogée. Le Coran lui-même reconnaît ce fait, et j’ai déjà cité les textes qui sont on ne peut plus explicites sur cette question.
Concernant « l’Islam de France », les Musulmans (qu’ils soient en France ou ailleurs) non seulement pourraient adapter la parole de Dieu (c’est-à-dire les lectures et interprétations exotériques de cette « parole divine ») à l’évolution de la société, mais ils ont le devoir de le faire, car dans le cas contraire, le Coran doit tout simplement être mis dans une enveloppe sur laquelle on écrira « retour à l’envoyeur » et qu’on jettera à la mer. De cette façon, les Musulmans se débarrasseront définitivement de ce « casse-tête religieux » et pourront adhérer directement à la modernité sans réserve, afin de vivre en harmonie avec le reste de l’humanité.
La parole de Dieu est peut-être « définitive » (Coran, VI, 115) dans l’absolu (si cet absolu existe), mais elle ne peut pas être définitive dans la réalité historique, et les textes dits « abrogés » en sont la preuve la plus pertinente. Et même si on considère le texte coranique comme étant « définitif », les lectures et les interprétations de ce texte ne seront, elles, jamais définitives. Le texte coranique a été, est, et sera toujours sujet à une multitude de lectures et d’interprétations (même contradictoires) que ce texte lui-même permet et légitime.
Encore une fois, le Coran est un texte temporel et historique. Il n’est pas au-dessus de l’Histoire, ni au-dessus de la réalité socioculturelle. Il est dans l’Histoire, et ne peut être lu, compris et interprété que dans le cadre de l’Histoire et de la société qui l’ont vu naître.
De ce fait, il est tout à fait normal que quelques textes et/ou règles du Coran soient dépassés par les réalités, qu’elles soient historiques ou actuelles.
Certains exégètes affirment que le Coran abrogé égale deux fois le volume du Coran actuel. Donc la « parole de Dieu » a bel et bien été revue, augmentée, et même simplifiée au maximum du vivant du Prophète.
Certes, la « parole de Dieu » est peut-être définitive en tant que texte, mais elle n’est jamais définitive en tant que lecture et interprétation. Dieu a fait transmettre un texte muet à travers le Prophète ; ce texte ne dit rien de lui-même, c’est l’effort humain de lecture, de réflexion critique et d’interprétation qui le font « parler » et lui font dire des choses, ces choses que nous prenons pour « les ordres et commandements de Dieu ».
Dieu a révélé « sa parole » et c’est fini, il n’a plus rien à ajouter dans le Coran. C’est maintenant à l’effort humain, de lecture et réflexion, de dire aujourd’hui si tel texte ou telle loi ou telle règle est compatible avec les réalités actuelles, ou s’il doit être abrogé, suspendu, ou réinterprété.
En gros, le Coran ne dit rien du tout, c’est nous qui lui faisons dire ce que nous comprenons de ses versets en fonction du contexte dans lequel nous évoluons. Et ça a toujours été comme ça, pour toutes les générations de Musulmans.
PPdP – Donc, si la réalité sociale ou politique ne correspond pas (plus) aux règles coraniques, « dépassées », le Musulman, qui est homme, peut rejeter la loi, qui vient de Dieu… Je reviendrai plus tard sur ce point crucial.
Selon vous, le Coran offre plusieurs lectures possibles ; la langue arabe, le vocable coranique, est sujet à milliers d’interprétations, qui peuvent être contradictoires… Si l’on admet ce postulat, on doit admettre aussi que l’Islam est donc « fondé sur du sable », un sable mouvant d’incertitudes, d’ambiguïtés et d’erreurs, qui mènent inévitablement à l’hérésie, et qui peuvent même muter avec le temps, l’époque, le contexte sociétal aussi, dans lequel le croyant s’enliserait dans tout et son contraire sans dès lors pouvoir jamais connaître la volonté divine et savoir si ses pratiques sont licites ou non. N’est-ce pas une approche complètement absurde d’une « religion révélée » ? D’ailleurs, dans ce cas, reste-t-il même encore quelque chose de cette religion ?
S.DJABELKHIR – Il ne sert à rien d’expliquer et de détailler, si l’interlocuteur s’acharne à prendre le texte coranique pour un texte intemporel au-dessus de l’Histoire, ce qui n’est pas le cas à mon sens.
Dans le Coran, il y a deux sortes de règles : il y a des règles universelles reconnues par tous les humains dans tous les temps, comme par exemple les versets qui interdisent de voler ou de mentir ou encore de faire ou vouloir du mal à son prochain. Ces textes sont nombreux et ne changent pas par ce qu’ils représentent des valeurs universelles. Mais il y a d’autres textes qui ne sont en fait que des « lois express » qui ont été données à une société et une culture bien précises ; elles sont forcément et obligatoirement limitées dans l’espace et le temps. Il est donc normal qu’elles soient suspendues dès lors qu’elles ne répondent plus aux besoins de la société ici et maintenant.
Le fait que la loi vienne de Dieu ne veut pas dire qu’elle est intemporelle ou au-dessus de l’Histoire, bien au contraire, car Dieu n’est pas un phénomène extérieur à la vie humaine.
En plus, sacré ne veut pas dire « intouchable ». La preuve : la « parole de Dieu » est sacrée, et pourtant elle a été abrogée plusieurs fois en l’espace de 23 ans, et plusieurs lois « dures » ont été abrogées pour laisser la place à d’autres « plus clémentes ». Donc, le Coran a changé durant sa genèse pour répondre à des changements sociaux qui sont survenus durant 23 ans qui représentent une très courte durée, à vrai dire une fraction de seconde dans l’Histoire humaine.
Autre chose, le Coran mecquois et le Coran médinois sont fondamentalement différents au plan de la forme et du contenu. Le Coran révélé à la Mecque est tolérant, clément, ouvert sur l’autre ; il en est tout à fait le contraire pour le Coran révélé à Médine. En effet, beaucoup de choses ont changé à Médine, et le Coran devait obligatoirement suivre, pour la simple raison qu’il est né dans l’Histoire, dans les faits réels, et pas en dehors.
Et c’est justement cette part de l’humain qu’il y a dans le Coran en plus des règles linguistiques, qui font de lui un texte à même de répondre aux différents changements de la société. Il va sans dire que ce n’est pas le texte qui répond par lui-même, mais c’est la flexibilité de la lecture et de l’interprétation, et l’effort de réflexion critique opéré par l’idjtihad, qui répondent à ces changements.
La réalité est que l’Islam est fondé sur un texte qui a été révélé dans un langage humain qui se trouve être la langue arabe, et qui appelle à faire l’effort de la lecture, l’interprétation, et la réflexion critique sur ses versets. Ce que je viens d’avancer n’est pas « un postulat » mais une réalité. La langue arabe dans laquelle le texte coranique a été révélé est une langue humaine profane, à même de supporter un nombre illimité de lectures et d’interprétations
La révélation est divine, mais la langue arabe est celle des Arabes, elle n’est pas une révélation divine, elle est donc profane et par là même relative. Ce qu’on appelle « révélation divine » n’est en fait que l’intériorisation d’un phénomène ésotérique « batini » par le Prophète qui se trouve être l’intermédiaire entre la « divinité » et les hommes.
Sans vouloir entrer dans un débat théologique, je dois dire qu’il faut sortir du schéma archaïque du Dieu personnel. Dieu n’est pas une personne qui occupe un espace-temps comme veulent nous le faire croire les Salafistes. Dieu est en nous, son existence est en nous et pas à l’extérieur de nous. Nous ne pouvons pas connaître « La Volonté divine » ; personne ne peut la connaître, qu’il soit Salafiste ou moderniste ou même athée.
Nous ne pouvons qu’avoir une lecture humaine et relative dans le Coran qui est un texte révélé par l’intermédiaire d’un homme qui se trouve être le Prophète.
Il faut savoir que la religion n’est pas une « sentence perpétuelle » prononcée par Dieu contre « l’Homme » ; bien au contraire, elle n’est qu’un petit « stage pratique » pour permettre à l’homme d’accéder à un stade où il n’aura plus besoin de guidance extérieure, un stade où il deviendra maître de lui-même et de son sort.
Les Musulmans doivent choisir entre réaliser l’intégrité du Coran et entrer dans des guerres interminables entre eux et avec le reste de l’humanité, ou bien reconnaître de façon définitive la temporalité et l’historicité du Coran, qui doit être sérieusement et profondément relu pour en sortir avec de nouvelles interprétations à même de les faire accéder à la modernité (et là je ne parle pas forcément du modèle occidental) et les mettre en harmonie avec le reste de l’humanité.
Toutes les religions, tous les textes dits « sacrés » sont sujets à de nouvelles lectures pour mettre leurs adeptes en harmonie avec le reste du monde. L’Islam et le Coran ne peuvent pas faire exception.
PPdP – Si l’on ne peut pas connaître la volonté divine, comment s’y conformer ? Et que vaut dès lors le Coran ?
Vous avez mis en doute le fait que les Musulmans détiendraient la vérité absolue, que le Coran contiendrait la vérité absolue qui, selon vous, « n’existe pas ». Et Dieu est un « phénomène »… N’est-ce pas là, sans équivoque (et une nouvelle fois –vous avez encore éludé la question), nier le principe même de l’Islam, religion monothéiste révélée ?
S.DJABELKHIR – Nous ne pouvons pas connaître la « volonté divine ». Il nous est impossible de la connaître.
Ce que nous pouvons par contre connaître, c’est notre lecture et notre interprétation de son message transmis par l’intermédiaire du Prophète : le Coran.
Il se trouve que cette lecture n’est pas une science exacte ; loin s’en faut. C’est une interprétation relative comme tant d’autres. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les interprétations des compagnons étaient très souvent différentes et parfois contradictoires. Il en est de même pour les disciples des compagnons et le reste des Musulmans, dont les maîtres des écoles de la jurisprudence (fikh). Ce phénomène perdure depuis le premier siècle à ce jour.
Même chez les Salafistes on trouve des divergences d’interprétations et même quelques contradictions, au point où les uns excommunient les autres quand il s’agit de divergences théologiques jugées « graves » par certains juristes.
Il en découle qu’on ne se conforme pas à la « volonté divine » mais à notre compréhension relative de son message. Le Coran a la valeur d’un message divin sujet à différentes lectures et interprétations, c’est une réalité historique et religieuse que personne ne peut changer. C’est la nature même de ce texte qui le veut. Ayant été « révélé » en arabe, il ne peut qu’être soumis aux règles de cette langue métaphorique par excellence.
Il n’y a aucune religion, doctrine, philosophie ou idéologie qui peut prétendre détenir la vérité absolue. La seule vérité absolue est qu’il n’y a pas de vérité absolue. C’est d’ailleurs cette idée de croire qu’on détient « la vérité absolue » qui a été derrière le sang qui a coulé au nom de Dieu ou des dieux durant les guerres religieuses qui ont éclaté à travers l’histoire.
Le Coran est un message qui permet plusieurs lectures et interprétations. De ce fait, il ne génère que des vérités relatives. C’est l’homme qui lit le Coran, c’est-à-dire qui le fait « parler » à partir de son bagage intellectuel et de sa réalité socioculturelle changeante et variable. Quand nous croyons détenir la « vérité absolue », un jour nous irons obligatoirement tuer l’autre qui ne croit pas comme nous. Alors je vous pose la question : est-ce que Dieu veut que les hommes s’entre-tuent ? Si c’est ce qu’il veut, je ne vois vraiment pas l’utilité de la religion. Dans ce cas mieux vaut être agnostique ou même athée, et vivre en harmonie avec les autres.
Il n’y a pas qu’une seule perception de Dieu en Islam. Nous avons le schéma traditionnel du Dieu personnel (Abrahamique) qui est soutenu par les Salafistes, mais nous avons aussi la version soufie, qui soutient que Dieu n’est pas extérieur à nous, mais qu’il est plutôt en nous.
En effet, pour les Salafistes, il y a Dieu d’une part et les « créatures » de l’autre. Mais pour les Soufis, il n’y a que Dieu, c’est-à-dire que Dieu n’est pas extérieur à l’Univers et que tout ce qui existe est Dieu. Donc, pour les soufis, Dieu et l’Univers ne font qu’un. Sur ce sujet, je conseille vivement de lire « La thérapie de l’âme » de Khaled Bentounes…
PPdP – Revenons sur ce point laissé en suspens : il est donc possible, selon vous, pour un Musulman, dans une pratique qui serait admise de l’idjtihad, de suspendre des règles coraniques qui n’ont pas été abrogées par le Prophète lui-même, lequel recevait ses « ordres » de Dieu… Mais le Coran (donc Dieu) semble avoir prévu une telle prétention ; et, à cela, il vous répond sans ambiguïté : « Croyez-vous donc en une partie du Livre et rejetez-vous le reste ? Ceux d’entre vous qui agissent de la sorte ne méritent que l’ignominie dans cette vie et, au Jour dernier, ils recevront le plus terrible des châtiments. Dieu n’est pas inattentif à ce que vous faites. » (Coran, II, 85)
S.DJABELKHIR – L’Islam, pour moi, n’est pas « la soumission », mais plutôt « la pacification ». Il faut savoir que le mot « islam », en arabe, ne veut pas seulement dire « soumission », il veut dire aussi « faire la paix avec l’autre ».
Tous les courants théologiques et les écoles juridiques de l’Islam ont le droit et le devoir de lire et d’interpréter le texte coranique et les Hadits du Prophète, pour peu que la syntaxe et les règles de la langue arabe le permettent, et personne n’a le droit d’imposer sa lecture.
D’autre part, le Musulman n’a pas à adopter des concepts ou obéir à des règles et des lois historiques dépassées par la réalité, qui le mettent en contradiction avec la morale humaine et par là même le reste des humains avec lesquels il aspire à vivre en harmonie.
Concernant la croyance, Dieu ne demande pas aux Musulmans de croire sans avoir de preuves ou d’arguments solides. Si le Musulman n’a pas d’arguments solides, il n’est pas obligé de croire. Mieux : le Musulman est en droit de rejeter toute idée ou croyance religieuse qui soit illogique à ses yeux. Il faut savoir que le fait de croire en Islam n’est pas seulement le travail du cœur, c’est aussi et d’abord et surtout le travail de la raison. Il n’y a pas de croyance en Islam sans preuves et arguments solides ; le Coran lui-même insiste sur cela : « Apportez donc une preuve éclatante si vous êtes véridiques. » (Coran, II, 111) ;
« Se sont-ils donné d’autres dieux en dehors de Lui, dis-leur : apportez votre preuve. » (Coran, XXI, 24) ; « Présentez votre preuve si vous êtes véridiques. » (Coran, XXVII, 64)
Alors si Dieu demande des preuves aux humains, eh bien les humains aussi ont tout à fait le droit et même le devoir de lui demander des preuves et des arguments solides pour croire.
S’agissant des décisions du calife Othman, je souligne qu’il est pour les Musulmans, et surtout pour les Salafistes, un calife « bien guidé ». Il en découle que ses actions et orientations égalent en valeur juridique la tradition du Prophète. D’ailleurs les juristes parlent de « la Sounna des califes bien guidés ». D’autre part, Othman étant un des califes « bien guidés » et un des dix compagnons à qui le Prophète a promis le paradis dans des hadits authentiques, il est n’est dons pas concerné par le hadit qui annonce que des compagnons du Prophète iraient en Enfer.
S’agissant de « la moutaa » ou « le mariage de jouissance », ce ne sont pas tous les Salafistes qui sont revenus sur cette question. Nous savons qu’il y a même des compagnons qui sont restés sur leur position initiale qui dit que « la moutaa est permise, elle l’a été du vivant du Prophète, elle le sera jusqu’à la fin des temps, et elle n’a jamais été interdite par le Prophète ». Parmi les compagnons qui soutiennent cette thèse, je cite Asma, la fille du premier calife Abou Bakr, Djabir Ibn Abdoullah, Abdoullah Ibn Masoud, Abdoullah Ibn Abbas, Mouaouia Ibn Abi Soufian, Amrou Ibn Hourait, Abou Said El Khoudri, Salama Ibn Oumayya, et enfin Maabad Ibn Oumayya. Et parmi les « tabiines » ou disciples des compagnons, je cite Taous, Ataa, et Said Ibn Djoubair.
L’idjtihad n’a pas besoin d’être permis ou non par le Prophète, car il est permis et même ordonné par le Coran : « Les croyants ne doivent pas tous s’élancer pour la bataille. Pourquoi ne pas déléguer un petit groupe de chaque section de façon à leur permettre de bien s’instruire dans la religion et d’avertir les leurs en retour. » (Coran, IX, 122) Or, comment peut-on « s’instruire dans la religion » si on ne réfléchit pas et si on n’a pas un regard critique et historique sur les textes du Coran et les Hadits du Prophète? C’est ce qu’on appelle « idjtihad ». Il se trouve que les règles de cet idjtihad ne sont pas figées. En effet, elles changent avec les transformations historiques et socioculturelles. Les textes sont figés et limités dans l’espace et le temps ; il est donc impossible qu’ils puissent contenir les changements survenus dans la société. C’est la raison pour laquelle l’idjtihad (l’effort de réflexion critique sur les textes) devient plus qu’une nécessité pour tout Musulman possédant la capacité et les outils intellectuels et théologiques nécessaires pour cette tâche.
Concernant les abrogations, je vous ai cité plusieurs exemples où des règles coraniques bien explicites ont été abrogées par des califes « bien guidés » qui étaient en même temps des compagnons du Prophète. En plus, les textes coraniques abrogés sont une réalité historique que personne de sérieux ne pourrait nier à raison. Alors une fois encore, oui, la parole de Dieu peut être abrogée, car elle a effectivement été partiellement abrogée. Le Coran lui-même reconnaît ce fait, et j’ai déjà cité les textes qui sont on ne peut plus explicites sur cette question.
Concernant « l’Islam de France », les Musulmans (qu’ils soient en France ou ailleurs) non seulement pourraient adapter la parole de Dieu (c’est-à-dire les lectures et interprétations exotériques de cette « parole divine ») à l’évolution de la société, mais ils ont le devoir de le faire, car dans le cas contraire, le Coran doit tout simplement être mis dans une enveloppe sur laquelle on écrira « retour à l’envoyeur » et qu’on jettera à la mer. De cette façon, les Musulmans se débarrasseront définitivement de ce « casse-tête religieux » et pourront adhérer directement à la modernité sans réserve, afin de vivre en harmonie avec le reste de l’humanité.
La parole de Dieu est peut-être « définitive » (Coran, VI, 115) dans l’absolu (si cet absolu existe), mais elle ne peut pas être définitive dans la réalité historique, et les textes dits « abrogés » en sont la preuve la plus pertinente. Et même si on considère le texte coranique comme étant « définitif », les lectures et les interprétations de ce texte ne seront, elles, jamais définitives. Le texte coranique a été, est, et sera toujours sujet à une multitude de lectures et d’interprétations (même contradictoires) que ce texte lui-même permet et légitime.
Encore une fois, le Coran est un texte temporel et historique. Il n’est pas au-dessus de l’Histoire, ni au-dessus de la réalité socioculturelle. Il est dans l’Histoire, et ne peut être lu, compris et interprété que dans le cadre de l’Histoire et de la société qui l’ont vu naître.
De ce fait, il est tout à fait normal que quelques textes et/ou règles du Coran soient dépassés par les réalités, qu’elles soient historiques ou actuelles.
Certains exégètes affirment que le Coran abrogé égale deux fois le volume du Coran actuel. Donc la « parole de Dieu » a bel et bien été revue, augmentée, et même simplifiée au maximum du vivant du Prophète.
Certes, la « parole de Dieu » est peut-être définitive en tant que texte, mais elle n’est jamais définitive en tant que lecture et interprétation. Dieu a fait transmettre un texte muet à travers le Prophète ; ce texte ne dit rien de lui-même, c’est l’effort humain de lecture, de réflexion critique et d’interprétation qui le font « parler » et lui font dire des choses, ces choses que nous prenons pour « les ordres et commandements de Dieu ».
Dieu a révélé « sa parole » et c’est fini, il n’a plus rien à ajouter dans le Coran. C’est maintenant à l’effort humain, de lecture et réflexion, de dire aujourd’hui si tel texte ou telle loi ou telle règle est compatible avec les réalités actuelles, ou s’il doit être abrogé, suspendu, ou réinterprété.
En gros, le Coran ne dit rien du tout, c’est nous qui lui faisons dire ce que nous comprenons de ses versets en fonction du contexte dans lequel nous évoluons. Et ça a toujours été comme ça, pour toutes les générations de Musulmans.
PPdP – Certaines règles coraniques seraient temporelles, et n’auraient en somme concerné que les Musulmans du VIIème siècle, auxquels le Prophète (ou Dieu) les avait adressées (en oubliant de les abroger par un nouveau verset, alors que, dans d’autres cas, il n’a pas oublié de les abroger). Certaines concernaient les Mecquois, « plus libéraux », d’autres les Médinois, plus « conservateurs »… Une révélation divine à géométrie variable…
Tout cela semble assez confus, encore une fois, et surtout très arbitraire, voire un peu farfelu…
N’est-ce pas là plus une intime conviction qu’un fait établi par le Coran lui-même ? N’est-ce pas une « facilité », que de renvoyer à la société bédouine du temps du Prophète certaines des règles pourtant gravées dans le Coran -mais pas d’autres-, parce que, aujourd’hui, les premières ne sont sociétalement plus très « politiquement correctes » ? Particulièrement à l’ère de la mondialisation et où c’est l’Occident chrétien qui a imposé un peu partout ses valeurs, démocratiques… Et non pas la civilisation arabo-musulmane, qui s’est repliée, souvent contrainte par la force des armes.
Je vous sens comme déchiré, tiraillé entre la brutalité bédouine ancestrale du texte coranique et vos inclinations droits-de-l’hommistes de culture occidentale…
S.DJABELKHIR – J’insiste : la religion n’est pas une science exacte. C’est la lecture humaine (je dis bien humaine) donc relative d’un texte « sacré ». Ce n’est donc qu’une interprétation qui peut et doit changer à travers l’espace et le temps ; c’est-à-dire qu’elle est temporelle. Dieu a « révélé » ce qu’il avait à dire et c’est terminé. Vous me semblez vouloir un Coran qui « parle » de lui-même pour nous annoncer « la volonté » de Dieu. Hélas, ce que vous cherchez est une chose qui n’a jamais existé, qui n’existe pas, et qui n’existera jamais.
Le Coran « parle » à travers nous, pas à travers Dieu. Toutes les religions du monde reposent sur des lectures et interprétations relatives de textes « sacrés » ; le Coran ne fait pas et ne peut pas faire exception à cette règle. Ce que vous semblez prendre pour des « vérités absolues » dans le Coran, ne sont au fait que des interprétations parmi tant d’autres. Ce que « veut » dire Dieu, c’est au final ce que nous nous faisons dire au Coran, sans plus.
C’est la raison pour laquelle toutes les doctrines théologiques à travers l’histoire, se sont confrontées à d’autres doctrines qui leur sont contradictoires, et qui sont aussi basées sur des arguments coraniques solides.
Le fait que le Coran mecquois (révélé à la Mecque) soit nettement différent du Coran médinois (révélé à Médine), n’est pas « une facilité » d’interprétation de ma part ou un « raccourci » que j’ai voulu prendre, c’est plutôt une réalité têtue connue et reconnue par tous les islamologues du monde. Je ne suis pas l’avocat du Coran, mais il se trouve que les premiers compagnons qui ont procédé à la compilation de ce texte après le décès du Prophète nous ont fait parvenir cette version (appelée Vulgate d’Othman) qui est devenue par la suite la seule version officielle du Coran connue actuellement à travers le monde. Or, nous ne savons pas pourquoi les textes qui ont été abrogés du vivant du Prophète, ont été exclus de la version actuelle du Coran, car cela nous aurait beaucoup aidés à mieux comprendre le texte dans le contexte historique qui l’a vu naître.
Le Coran n’a pas a été conçu pour être au-dessus de l’Histoire et du temps, bien au contraire. Il a été conçu pour être dans l’Histoire et dans le temps. Et c’est comme ça que nous l’avons reçu. Dieu n’a rien « oublié », il a plutôt fait exprès que son Livre et sa « parole » soient temporels et relatifs, et qu’ils soient interprétés selon les contextes et les besoins (je dis bien les besoins) humains : « Il a fait descendre des cieux une eau qui a rempli le cours des rivières en fonction de ce qu’elles portent. Le flot des eaux s’est chargé d’une écume blanche qui flotte à la manière d’une fusion de métal sur le feu lorsqu’on cherche à fabriquer un bijou ou tout autre objet similaire. C’est aussi qu’Allah donne en exemple le vrai et le faux : l’écume s’est dissipée comme le font les scories, tandis que la part utile pour les hommes demeure sur le sol. Ainsi sont les paraboles qu’Allah propose. » (Coran, XIII, 17) Donc la parole de Dieu est au final une fusion temporelle et historique du produit de la « révélation », avec le contexte, les besoins et les questionnements de l’homme.
C’est très clair et ce n’est pas du tout « confus » comme vous dites, sauf si vous soutenez – comme les Salafistes – l’intemporalité du Coran, et là vous entrez dans des contradictions interminables.
Si je rejoins avec vous la thèse salafiste qui veut que le Coran soit intemporel et au-dessus de l’Histoire, cela voudra dire que ce texte – et donc la religion aussi – ne sert plus les besoins de l’homme et ne répond plus aux questionnements et aux attentes humaines, et ce depuis plusieurs siècles.
Il n’y a pas de « fait établi par le Coran », car ce texte n’établit rien du tout.
Non, je ne fais pas dans « la facilité », car le produit final de la « révélation divine » qu’est le texte coranique, est un produit qui est né dans l’Histoire, et qui a été transcrit et compilé par les hommes. Donc il est tout à fait normal que certaines de ses règles soient suspendues à un moment donné de l’Histoire suivant le contexte sociétal. Il faut savoir que nous ne traitons pas avec « la Révélation divine » originelle, qui est théologiquement « absolue » (c’est ce que soutiennent les théologiens musulmans), mais nous traitons plutôt avec l’un des produits finaux et humains de cette « révélation » qui se trouve être le Coran. Et là, la donne change complètement. Partant de là, je dis que le Coran n’est plus « la propriété » de Dieu. En effet, depuis que ce texte a été « révélé » et qu’il est passé de l’étape de « révélation » à l’étape d’un sens compris et perçu par le Prophète, puis à l’étape d’un texte dicté par le Prophète, puis à l’étape de la transcription séparée, puis à celle de la compilation, et enfin l’étape de la lecture et de l’interprétation ; depuis qu’il est passé par toutes ces étapes humaines, ce texte est devenu la propriété des hommes.
Alors, Occident ou pas Occident, cela ne change rien à ce que j’avance. Je ne suis pas « déchiré » ou « tiraillé » par la « bédouinité » et la « brutalité » de certains textes du Coran comme vous dites, car il se peut que cette « bédouinité » et cette « brutalité » semblaient tout à fait « normale » pour les gens qui ont vu naître ce texte. Mais je suis vraiment déchiré par l’ignorance consacrée et institutionnalisée des Musulmans qui ne veulent pas encore admettre la temporalité et l’historicité du texte coranique.
La civilisation n’est pas exclusivement occidentale. Elle est le résultat et le produit d’un effort humain et collectif à travers plusieurs siècles. Et là je dois dire que je n’adhère pas à la thèse du « conflit ou choc des civilisations ». Je pense que les civilisations se complètent, et que la thèse du « choc » ne reflète pas une réalité naturelle et humaine, mais plutôt un conflit d’intérêts transnationaux où les peuples ne sont que des outils (et des victimes en définitive) d’une guerre insensée entre les géants de ce monde.
Cela dit, je ne m’identifie pas à ma petite bulle de Musulmans, je m’identifie à l’universalité, car je suis avant tout un être humain donc un citoyen de ce monde.
2 Comments
c’est votre avis a moins que vous etes des enracinés de la science
ou parmi les doués d’intiligences cela pourra bien se produire
et si par malheur vous n’avez aucune science cela est trés fatal et c’est une atteinte a un livre sacré dont vous ignorez l’interpretation de son contenu
Mr S.DJABELKHIR dit dans la première partie de l’entretien qu’il connait le soufisme mais qu’il n’en fait pas partie, or le titre de l’article positionne les avis de Mr S.DJABELKHIR comme étant une position du soufisme Vs celle du salafisme ce qui n’est pas le cas. Même si ses avis et analyses en tant qu’islamologue pourraient s’en approcher un peu, son discours ne peut être élargi au soufisme et n’engage que lui. Même les plus grands maitres du soufisme ne prétendent pas parler au nom du soufisme.
Ce que je regrette dans cet entretien hormis le titre, c’est aussi le sentiment d’une tension et de certains propos que je trouve excessifs dans les réponses suite des questions insistantes qui frôlent la provocation et le jugement de valeurs “entre la brutalité bédouine ancestrale du texte coranique et vos inclinations droits-de-l’hommistes de culture occidentale ”
Sur le fond de la question entre temporel ou intemporel, il y’a aussi une certaine radicalité entre le tout ou rien. Mr S.DJABELKHIR dit dans le texte que si c’est intemporel alors il faut renvoyer le message à l’envoyeur. Or les deux aspects existent dans le message coranique. Les règles représentent moins que 30% du message coranique et comme l’a biens souligné Mr S.DJABELKHIR, il y’a les règles universelles qui seront toujours valables et celles qui sont plus contextuelles et qui s’inscrivent dans une histoire avec des circonstances et des usages qui sont relatifs à cette époque..
Mr S.DJABELKHIR nie en revanche le principe de vérité absolue dans le coran alors que le principe de l’unicité de dieu en est un! est c’est le fondement même du coran. Dans ce sens Mr S.DJABELKHIR semblerait avoir une lecture emprunte de beaucoup de moralisme et de sentimentalisme du coran un peu à la façon du protestantisme! j’avoue que cela me surprendrait toujours que l’on puisse croire et avoir la foi en une chose tout en supposant qu’elle puisse être fausse et relative ainsi que cette tendance de ramener le divin au niveau de l’homme!
Le fait que le texte coranique soit ouvert à des niveaux de lectures différentes, et donc à des interprétations avec des marges d’erreur, est-ce bien en soi une imperfection? je ne ne crois pas. Si on donnait de l’or à une personne et que cette personne l’utiliserait pour fabriquer une arme au lieu d’un bijou, notre problème dans ce cas est-ce avec l’or? ou avec la personne et l’arme qu’il a fabriquée?
De même le problème est-ce avec le Coran, l’slam et les musulmans ou bien avec une minorité de va-ten guerre et leur instrumentation jihadiste du coran? Ceci vaut pour toutes les religions qui peuvent être instrumentalisées d’une façon ou d’une autre..
Jésus n’avait-il pas dit : “Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux” certaines lectures assimilent les chiens et les pourceaux aux païens, mais au fond c’est plus simple que ça, il parle bien de ceux dont la nature profonde est semblable aux chiens et aux pourceaux qui foulent aux pieds ces perles et qui sont stimulés par la violence, la frustration et la stupidité.. Si ces chiens s’abreuvent plus dans des lectures salafistes, le principal problème réside surtout dans leur nature profonde, leur rage et leur stupidité, car même si je ne partage pas leur lectures, les salafistes ne sont pas tous des extrémistes jihadistes, et il faut éviter les raccourcis, les étiquettes et les paralogismes faciles.