Aujourd’hui, l’Islam vit en état de guerre permanente.
Les guerres de religions sont un phénomène relativement récurrent dans l’histoire de l’humanité. Ainsi en va-t-il de l’Islam…
Toute religion semble passer, dans son développement, par un certain nombre de phases dogmatiques et de crises doctrinales qui se traduisent d’abord par des confrontations théologiques, puis par des affrontements armés au nom de la vérité absolue. Dans ces affrontements, se révèle souvent l’aveuglement de la foi qui peut faire de chaque croyant un « soldat de Dieu », c’est-à-dire un assassin au nom de la foi.
Ces guerres sont rendues possibles et fréquentes par la faculté qu’a toute religion de « s’idéologiser », c’est-à-dire de se transformer aisément en un système d’idées fermé, « totalisant » parce qu’imposant ses réponses comme les seules valides dans la globalité, et « totalitaire » parce que sa vision des temps prétend régir jusqu’à la moindre activité humaine, à commencer par les plus intimes. Dans ce système, l’imprégnation idéologique des fidèles (au sens où les notions de théologie sont dégradées en simples mots d’ordre et slogans) est telle que le massacre de son « prochain » devient justifié, même si le texte fondamental de la religion dit « tu ne tueras point ».
Les guerres de religion chrétiennes
Durant son histoire moderne, le Christianisme a connu maintes fois un tel déchaînement de violence. Les « guerres de religions » sont une série de conflits très meurtriers qui ont opposé, tout au long du XVIe siècle, les Catholiques et les Protestants, un peu partout en Europe.
Ainsi, dans le Saint-Empire romain germanique, on ne compte pas moins de quatre guerres importantes : la « guerre des paysans allemands » (1524–1526), les « guerres de Kappel » en Suisse (1529 et 1531), la « guerre de Smalkalde » (1546-1547) et la « guerre de Cologne » (1583-1588). En Angleterre, plusieurs révoltes et conflits sont mus par des considérations religieuses : la « révolte du livre de la prière commune » (1549) et la « révolte des comtes du Nord » (1569), auxquelles il faut ajouter le soulèvement protestant en Écosse (1559-1560), les « rébellions des Geraldines du Desmond » (1569-1583) et la « rébellion de Tyrone » (1594-1603) en Irlande. Dans les grandes puissances de l’époque, ces guerres de religion durent des décennies et font des centaines de milliers de morts. La guerre anglo-espagnole dure près de vingt ans (1585-1604).
Loin d’être circonscrites au XVIe siècle, ces guerres de religions chrétiennes débordent largement sur le XVIIe siècle et constituent la principale cause de conflit jusqu’en 1650. C’est le cas de la « guerre de Trente ans » (1618-1648) qui oppose, dans toute l’Europe, le camp des Habsbourg d’Espagne, soutenus par l’Église catholique romaine, aux États allemands protestants du Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes à majorité protestante, ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant contre le développement du Protestantisme à l’intérieur même de ses frontières, voulait contrer la puissance des Habsbourg sur le continent européen. En même temps, l’Angleterre et la Russie ont indirectement soutenu le parti des Habsbourg en faisant appel à des mercenaires.
Après trente ans d’affrontements, de famines et de massacres inédits qui ont occasionné des destructions irréparables au patrimoine culturel européen et la mort de millions de Chrétiens dans les deux camps, la « paix de Westphalie » (1648) consacre la victoire du modèle absolutiste, théorisé par Hobbes et incarné par la France de Louis XIV (1643-1715).
Car les guerres de religion ont donné naissance à des États dominés par l’un ou l’autre courant. Sommairement, les pays d’Europe du Nord restent jusqu’à nos jours dominés par le protestantisme sous toutes ses formes, tandis que les pays d’Europe du Sud sont marqués par le catholicisme romain.
Les guerres de religion musulmanes
Si les guerres de religions européennes sont convoquées pour décrire un certain état de l’Islam contemporain, c’est en raison d’un certain nombre d’éléments communs à la situation actuelle dans le monde musulman : affrontements confessionnels qui deviennent des guerres civiles, voire l’inverse ; solidarité de confession par delà des frontières étatiques qui très souvent traversent des communautés de croyances, ce qui résulte en des interventions étrangères dans le monde musulman ; confusion extrême entre les données géopolitiques régionales et les engagements religieux.
Depuis l’irruption de l’État islamique (Daech) sur la scène moyen-orientale, ces guerres de religions internes à l’Islam ne sont plus un simple « habillage » théologique d’intérêts politiques et géostratégiques. Ils sont l’expression d’un paradigme dominant qui a conquis les foules et les esprits.
Pour les Musulmans du Moyen-Orient, l’état de guerre est permanent.
Au Moyen-Orient, la guerre oppose essentiellement des groupes musulmans chiites et des groupes musulmans sunnites.
Mais il existe également une lutte interne à l’Islam sunnite, majoritaire dans le monde, entre les Sunnites de la tendance frériste (Frères musulmans) et les Sunnites de la tendance salafiste (Wahhabites).
Cette lutte interne à l’Islam est soutenue par des pays qui ont pour religion d’État l’une ou l’autre de ces tendances, et chacun cherche à augmenter le nombre de ses fidèles parce qu’il croit « être dans le ‘Vrai’ », considérant les autres courants islamiques comme étant soit « déviants », soit « hérétiques ».
Certes, comparaison n’étant pas raison, mais il demeure que la situation religieuse du monde arabo-musulman aujourd’hui rappelle celle de l’Europe du XVIe siècle avec une compétition entre courants religieux pour la création d’États dominés par l’un des courants actifs sur le plan doctrinal et politique.
L’Arabie Saoudite a déjà fondé une « théocratie sunnite » en 1932 ; l’Iran a fondé une « République islamique chiite » (en 1979), et Daech a proclamé en 2014 un « État du Califat »… On ne sait pas encore quel sera le courant religieux dominant dans la future Syrie, mais les luttes armées entre courants sont quotidiennes et très meurtrières.
Méconnaissant cette situation de guerre interne à l’Islam, les Occidentaux ont tendance à mettre le doigt dans un engrenage qui a pour résultat direct d’empirer les guerres internes et d’importer les conflits entre Musulmans sur leur territoire national. Ainsi, par exemple, lorsque sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012), l’alliance avec le Qatar a été privilégiée, c’est le courant sunnite des Frères musulmans qui est apparu « béni de Dieu » dans la perception commune des Musulmans sur les deux rives de la Méditerranée. À l’inverse, lorsque sous la présidence de François Hollande (2012-2017), l’alliance avec l’Arabie Saoudite a été préférée, c’est le courant salafiste de l’Islam sunnite qui a pris le dessus dans la perception collective : à chaque changement d’alliance en politique étrangère correspond un changement de perception dans les communautés musulmanes à l’intérieur comme à l’extérieur des pays impliqués.
Cela est également valable en ce qui concerne les groupes de l’opposition armée en Syrie : chaque soutien à un groupe se traduit, dans la perception locale, par une impression de soutien à un courant religieux ou doctrinal, lequel se traduit par des ralliements militaires et des conversions sur le terrain.
Par un effet d’écho ou de mimétisme, la lutte entre courants islamistes observée au niveau international est importée sur le territoire national sans jamais vraiment garder présent à l’esprit le contexte d’origine. On assiste ainsi, en France même, à une compétition entre le courant frériste et le courant salafiste, qui se traduit par des formes d’expression et de manifestation différentes.
Cette rivalité entre courants islamistes explique certaines surenchères dans l’expression religieuse ou dans la revendication identitaire, qui se traduit souvent par une radicalisation préjudiciable.
Pis, la compétition entre groupes terroristes, tels qu’Al-Qaïda et Daech, ne fait qu’aggraver le sentiment d’insécurité et l’état de la menace.
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En articulant le temps long des affrontements religieux et le temps plus court des politiques nationales, il est possible de saisir les dynamiques internes qui parcourent le monde arabe et musulman. Cela permet de comprendre aussi pourquoi le croyant ordinaire, loin d’être un docteur en théologie, pas même un Monsieur Jourdain, perçoit sa religion comme un marqueur culturel d’us et de coutumes ancestrales et transmises par la famille et le lignage, souvent en contradiction avec l’identité que l’État cherche à lui imposer.
Spécificités et ressemblances : il nous paraît qu’un Européen, qui vit aujourd’hui encore les conséquences figées en États des guerres de religions qui ont ensanglanté son continent, est le mieux à même de comprendre les guerres des islamismes qui tendent à façonner les États du Sud.
1 Comment
pourquoi les choses arrive comme ça ? ces la question qui monte a ce moment lâ … alors le probleme, c est relies au pays devloppés de la 18 eme et 19 eme sciecle psq ses derrier ne sont pas vecu sans leurs politique d’occupation comme la france la bilgique espagne italia usa …ect. par quoi ? par la richesse de la terre musulmane ” pitrole phosphat gaz fer cuivre ….ect ” par raport a l europe donc les pays europiens engagent les prblemes religieux ethnique politique et créent des disputes des conflits et meme des gerres pour les fair restés tjrs bas et sous le besoin de l autre et pauve … l histoire est le temoins de mes paroles