Lorenzo LANCIERS – Politologue/ Political Scientist
Co-fondateur du CMO et Directeur de la Publication de 2014 à 2017 (†)
Co-founder of the MOC and Director of the Publication from 2014 until 2017 (†)
Intelligence et légitimité. Ce sont les deux substantifs qui caractérisent le mieux Lorenzo Lanciers, co-fondateur du Courrier du Maghreb et de l’Orient (CMO), notre revue à laquelle il a insufflé son esprit critique et son amour inconditionnel de la vérité. Lorenzo vient de partir ; il nous a quittés, victime du cancer, l’ennemi impitoyable.
Lorenzo était un ami. C’était un homme d’une grande érudition, dont l’éducation humaniste avait été forgée par la littérature des siècles glorieux où les écrivains avaient encore quelque chose à apprendre à leurs semblables ; par le cinéma d’auteur, la musique, les chansons à texte, la philosophie…
C’était un intellectuel admirable, qui possédait une puissance d’analyse aiguë et ne laissait aucun détail au hasard lorsqu’il abordait un problème de science politique, avec une clairvoyance fine et cultivée, aux antipodes des prismes grossiers dont usent désormais à l’envi les plumitifs de la presse « mainstream » ; et une personne d’une liberté d’esprit que l’on rencontre bien trop rarement, un sens de la vérité qui l’avait progressivement amené à rejoindre le club très resserré des « franc-tireurs ».
Il était capable de débattre de tous les sujets, sans le moindre tabou qui aurait sclérosé l’échange, sans qu’il fût jamais nécessaire de cacher ses convictions si elles ne correspondaient pas aux siennes.
Lorenzo était aussi un savant administrateur du web ; et c’est lui qui a supervisé l’entièreté de la conceptualisation du site du CMO.
Il en était très fier. Fier d’un travail de qualité, pour servir la cause de l’intelligence et, encore et toujours, de la vérité.
La dernière fois que je l’ai vu conscient et que nous avons parlé, il n’a eu de cesse de me poser des questions sur l’évolution du projet, et s’est montré désolé de ne plus avoir les forces d’y participer aussi assidûment qu’aux premières heures.
Alors qu’il était déjà très malade, il tint absolument à continuer de contribuer à la publication, qu’il avait gérée depuis le début de cette grande aventure intellectuelle ; et, quelques semaines avant de s’en aller, il m’envoyait encore les corrections des coquilles que son œil malicieux avait repérées dans un de mes articles.
Plus que de la fierté, c’était pour lui l’objet d’un certain orgueil, d’un sain orgueil, le CMO, qui est en grande partie son œuvre ; et Lorenzo n’a pas abandonné l’équipe quand le cancer a commencé de l’affaiblir au point qu’il devait prendre la décision de diminuer son activité en son sein : il a assuré la transition avec son successeur, Sébastien de Beauffort. Le relais a été passé et l’aventure commencée par lui se poursuit donc à travers d’autres, qui conserveront sa mémoire.
Lorenzo, c’était aussi l’homme de la parole donnée, celui des engagements tenus. Le collègue et l’ami idéal que l’on ne rencontre hélas pas assez souvent, celui qui réconcilie avec la vie et rend philanthrope.
Lorenzo Lanciers, c’était enfin un esprit serein et équilibré, calme, ami de la lucidité, qui observait un monde socio-politiquement immuable ; et un compagnon de la liberté, de celle qui laisse peu de place aux compromissions et aux lâchetés, et tant pis s’il fallait en payer le prix fort. Ne jamais lâcher la vérité ; ne jamais trahir ce chemin vers la liberté.
Ainsi, ces derniers mots résonneront à l’esprit des plus perspicaces : « Je lutterai, pour l’éternité, sans espoir dans l’âme. »
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Intelligence and legitimacy. Those are the two nouns that best describe Lorenzo Lanciers, co-founder of The Maghreb and Orient Courier (MOC). He instilled his critical spirit and his unconditional love for truth in our publication. Lorenzo has just left us; he fought the unforgiving enemy and lost the battle against cancer.
Lorenzo was a friend. He was a man of great erudition, whose humanist education had been shaped by the literature of the glorious centuries – when authors still had something to teach-, by independent film, music, songs with meaning and philosophy amongst other things…
He was an admirable intellectual who had a precise sense of analysis and who did not leave any detail up to chance when he encountered a problem in political science. He was clairvoyant, fine and cultivated, at the opposite of the crude understanding nowadays used by the mainstream press. Lorenzo was also a person with a spirit of freedom rarely encountered, a sense of truth that had progressively brought him to join the very restricted club of those that poignantly speak their mind.
One could openly speak and discuss any topic with him, without being afraid of taboos that would have handicapped the exchange. Nor was it ever necessary to hide one’s convictions if they did not correspond to his.
Lorenzo was also a knowledgeable website administrator; and it was he who oversaw the entire conceptualisation of the website of the MOC.
He was very proud of it. Proud of quality work serving the cause of intelligence and, of course, of truth.
The last time that I saw him conscious and that we spoke, he did not spare any effort to ask me questions about the evolution of the project and he was sorry not to be able to contribute as much as he did initially due to his weakening physical condition.
Although he was already very ill, he insisted on continuing to contribute to the publication, which he had managed since the beginning of this great intellectual adventure. Only a few weeks before he left us he still sent me corrections of my articles, that his watchful eyes had spotted.
It was more than pride for him, the MOC was something that for him had a particular meaning; something that he had greatly contributed to. And Lorenzo did not abandon the team when his illness had begun to weaken him to the point that he decided to reduce his activity in the publication: he guaranteed the transition with his successor, Sébastien de Beauffort. The relay has worked perfectly and the adventure begun by him now continues through others, who will keep his memory alive.
Lorenzo was also a man of his word, of keeping his engagements. The ideal colleague and friend that one sadly does not encounter often enough, the one that pushes you to reconcile with life and to strive to act philanthropically.
Lorenzo Lanciers’s mind was one of serenity and balance, calm, loving lucidity, who observed an immutable socio-political world; and he was a fellow of freedom – that kind that leaves little place for compromises and cowardice, never mind if it meant paying a high price. Never letting go of truth; never betraying this path towards freedom.
In this sense his last words resonate to the most perceptive minds: « I will struggle, eternally, but without hope in my soul. »