Depuis 2011, le Yémen est en proie à une guerre totale qui a d’abord opposé les principales factions qui se partageaient jusqu’alors le pouvoir, dont les partisans du président Ali Abdallah saleh.
Après une courte période de retour au calme, ordonnée par l’Arabie Saoudite dont l’influence au Yémen donnait au pays un statut de quasi protectorat, l’insurrection des Houthistes, mouvement chiite soutenu par l’Iran, a relancé la guerre civile et engendré le chaos, dont ont profité les séparatistes du sud et les milliers de combattants d’al-Qaïda qui contrôlent plusieurs villes dans l’est.
S’en est suivi une intervention militaire saoudienne, Ryad (qui par ailleurs n’a jamais participé à la coalition anti-État islamique) ayant rallié à son projet plusieurs pays arabes sunnites pour tenter, en vain, d’arrêter la progression des Houthistes, lesquels se sont emparés de la capitale yéménite, Sanaa, contraignant le président de transition imposé par les saoudiens en 2012, Abd Rabbo Mansour Hadi, à s’enfuir à Aden, puis à s’exiler temporairement, son gouvernement ne contrôlant plus que 20% du territoire… Tandis que l’ex-président, Saleh, se lançait lui aussi dans la bataille, en s’alliant aux Houthistes, ses anciens ennemis jurés, avant d’envisager, tout récemment, des négociations avec Ryad…
Abandonné par la Communauté internationale aux velléités saoudiennes et aux bombardements aveugles de la coalition arabe, la population du Yémen, prise en otage par les différentes factions de cet inextricable panier de crabes, a déjà payé un lourd tribut à la guerre, mais aussi à la famine qui s’est déclarée depuis plusieurs mois.
Des organisations humanitaires se sont immédiatement mobilisées, mais les denrées envoyées au Yémen ne peuvent être acheminées jusqu’aux populations nécessiteuses : seuls quelques installations portuaires sont encore opérationnelles, les aéroports ont été détruits, ainsi que les réseaux routier et ferroviaire dans leur totalité, et l’approvisionnement arrive au compte-gouttes, terriblement insuffisant. 65% de la population attend l’aide alimentaire, et 2,9 millions de personnes sont désormais en train de mourir de faim, dont près de 500.000 enfants en état de malnutrition très avancé et qui, s’ils survivent, conserveront de graves séquelles.
Aujourd’hui, c’est au tour du choléra d’ajouter au martyre des Yéménites, citoyens d’un des pays les plus pauvres du monde.
Depuis trois semaines, l’épidémie progresse à raison de 3.000 nouveaux cas par jours. Près de 200 personnes sont déjà décédées et Sanaa est désormais affectée.
Si un cessez le feu généralisé ne permet pas une intervention rapide des ONG et de l’ONU, la catastrophe humanitaire pourrait atteindre des proportions effarantes.