Une « source israélienne bien informée » – qui a souhaité garder l’anonymat, eu égard à la censure en vigueur dans ce dossier – a révélé à Richard Silverstein, l’auteur du blog TikumOlam (spécialisé dans les excès de la politique de sécurité nationale israélienne), que les Forces de défense israéliennes (IDF) avaient bombardé des positions de l’État Islamique en Libye, et ce à la demande de l’homme fort de l’est du pays, le maréchal Khalifa Haftar.
Le censeur des IDF a décidé que ces informations ne pouvaient pas être diffusées en Israël.
Récemment, pourtant, le quotidien Yediot Aharonot a publié un profil flatteur d’Haftar, renvoyant à un article koweitien qui confirmait ces informations de l’implication de l’armée israélienne en Libye.
Les journalistes israéliens, n’ayant pas la permission d’écrire directement des reportages sur certains événements, s’arrangent souvent pour faire allusion auxdits événements via des publications étrangères ; ils contournent ainsi la censure.
En outre, les témoignages recueillis fournissent des preuves de plus en plus incontestables d’une intervention israélienne directe dans la guerre civile libyenne, qui oppose de nombreux adversaires : Haftar, les milices islamistes, l’État islamique, les deux gouvernements de Cyrénaïque et de Tripolitaine…
Pour rappel, Haftar dispose d’une autorité grandissante dans l’est de la Libye et s’oppose de plus en plus directement au gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj installé à Tripoli, dans l’ouest libyen, et reconnu par l’ONU comme le seul gouvernement légal du pays.
Haftar est aligné sur les États sunnites du Moyen-Orient (l’Égypte et les Émirats arabes unis étant les plus notoires). Une source au sein des IDF a précisé : « Les amis de nos amis et les ennemis de nos ennemis sont nos amis ; or, Haftar est un ami de l’Égypte, de la Jordanie et des EAU. Il combat aussi l’EI. » C’est ainsi qu’Israël aurait frappé Syrte à la demande du maréchal, après avoir obtenu de lui qu’il signe avec Israël des contrats pétroliers et d’armement.
Ces informations font sens dans la mesure où, d’une part, Israël a une affinité naturelle avec les hommes forts du Moyen-Orient ayant peu ou pas d’engagements religieux ou idéologiques – le jordanien Abdallah, et les Égyptiens Moubarak et Sissi, par exemple ; et d’autre part, Israël est toujours en quête de diversifier son approvisionnement en gaz et en pétrole, dont son sous-sol est dépourvu.
De plus, Israël se place au sixième rang mondial des marchands d’armes. Ses clients sont essentiellement des nations africaines, la dernière en date étant le tout jeune Sud-Soudan, aux mains d’un régime de type autoritaire.
Une politique qui lui permet d’étendre son influence sur de jeunes États émergents, tout en forgeant des alliances lui permettant de se protéger de futures menaces islamistes, en théorie en tout cas…
Ce rapprochement entre l’Etat hébreu et le maréchal Haftar intervient alors même que ce dernier a torpillé un accord signé entre Tripoli et Rome dans le domaine de la lutte contre les migrations clandestines, il y a quelques semaines.
Israël, considéré comme le principal allié des Occidentaux au Proche-Orient, aurait-il donc choisi le meilleur cheval libyen, à l’encontre des gouvernements européens et de l’ONU ?