Dans cet essai, Georges Corm entreprend, à la suite de ses précédents ouvrages, une nouvelle plongée historique dans le destin tragique des sociétés de l’Est de la Méditerranée et du Monde arabe, carrefour stratégique et géopolitique convoité par les grandes puissances coloniales depuis le XIXème siècle.
Une vaste littérature avait été produite à cette époque sur la « question d’Orient », alors qu’il s’agissait en fait des rivalités implacables entre puissances européennes avides de se partager les vastes territoires de l’Empire ottoman. Cet ouvrage rétablit les continuités et les ruptures entre cette ancienne question d’Orient et la « nouvelle question d’Orient », débutant après la seconde guerre mondiale et donnant naissance à son tour à des violences ininterrompues, aujourd’hui à leur paroxysme.
L’auteur dénonce aussi bien les tendances hégémoniques de l’Alliance atlantique que le « chaos mental » qui s’est souvent installé à ses yeux auprès des grands décideurs et dans les analyses des médias dominants pour légitimer à nouveau les interventions des puissances occidentales en Orient.
Celles-ci ne sont qu’un rebondissement amplifié de l’ancienne question d’Orient, leur cadre intellectuel étant aujourd’hui actualisé par la théorie du « choc des civilisations », héritage de l’ancien racisme de nature coloniale.
Le développement exponentiel du terrorisme en provenance de cette partie du monde est le résultat de ce dérèglement de la raison. Il peut se comparer aux effets que produit le dérèglement climatique en termes de catastrophes naturelles, elles-mêmes dues à une déraison économique et consumériste que rien ne semble pouvoir arrêter.