La guerre s’achève en Syrie, et les dernières gesticulations de Washington et de Paris n’y feront rien : le statu quo qui prévalait avant la révolution et son involution islamiste va bientôt être restauré. Bashar al-Assad reste au pouvoir, n’en déplaise aux faux prophètes de la presse mainstream qui avaient tous en chœur annoncé son départ forcé dès mars 2011.
Reste à savoir comment Riyad, de plus en plus aux abois, va se comporter face aux victoires répétées de Téhéran qui sort ainsi vainqueur en Syrie, mais aussi au Liban et en Irak.
Les premières implications militaires d’envergure des milices iraniennes en dehors de leurs frontières, principalement en Irak et en Syrie (tandis que le Hezbollah –État dans l’État et mieux équipé que l’armée nationale- assure une présence militaire solide au Liban), ont systématiquement été couronnées de succès et ont, par le fait, permis à l’Iran de s’implanter fermement dans ces pays de la péninsule arabique et de cerner (au nord) l’Arabie saoudite, tout en gagnant des points au Yémen (à la frontière saoudienne sud) où l’Iran semble avoir également pris pied, fermement, par le biais de son soutien au mouvement chiite (zaydiste) de Hussein Badreddine al-Houthi.
Le Yémen, effectivement… Vous connaissez ?
On en parle à peine en Occident, mais, au cas où ça vous intéresse… Les Saoudiens bombardent toujours, la famine se généralise et l’épidémie de choléra et de diphtérie progresse et touche près d’un million de personnes…
Les capitales occidentales ne font preuve d’aucune compassion pour les 30 millions de Yéménites plongés dans cet enfer ; pas plus, d’ailleurs, que Moscou ou Pékin. Et ces mêmes chancelleries « semblent » n’avoir aucune intention de s’impliquer dans le conflit. Mais les apparences peuvent être trompeuses : au Yémen, le soutien logistique de Washington, Paris et Londres à Ryad est colossal. Trois États qui ont d’ailleurs longtemps agité leur droit de veto au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies pour empêcher l’envoi au Yémen d’une commission d’enquête onusienne, avant d’accepter, in fine, un accord bancal et inefficient. Bien sûr, le fait que l’Arabie saoudite achète massivement des armes à l’industrie de ces pays n’est vraisemblablement pas à l’origine de leur politique…
En Irak, l’éviction de Saddam Hussein en 2003 et l’essor politique de la communauté chiite qui s’en était suivi (tandis que les Sunnites sur lesquels s’était appuyé le dictateur se trouvaient relégués au rang de citoyens de seconde zone) avaient ouvert la porte à l’influence de Téhéran ; une influence un temps menacée par l’expansion spectaculaire de l’État islamique (initialement soutenu par plusieurs des monarchies du Golfe), mais désormais consolidée par le triomphe sur les djihadistes et les reconquêtes successives de Falloudjah, Samara, Tikrit… puis de Mossoul, qui ont renforcé la mainmise des Chiites irakiens sur le pays et réduit encore le potentiel politique de la communauté sunnite considérée comme vaincue au même titre que « Daesh » dont les Sunnites avaient favorablement accueilli les victoires sur l’armée de Bagdad (la capitale, par ailleurs, depuis longtemps « chiitisée » de force).
En outre, l’Iran a surmonté l’épisode houleux des manifestations populaires de janvier 2018 : le coup de colère socio-économique est retombé ; les principes de la révolution islamique n’ont pas été ébranlés (ils ne constituaient d’ailleurs pas la cible de la majorité des contestataires, qui réclamaient des emplois et de meilleures conditions de vie) ; et le « printemps iranien » n’a pas eu lieu.
C’est donc à présent de la réaction du nouveau maître de l’Arabie, le surprenant prince Mohamed Ben Salmane, que pourrait dépendre la « re-stabilisation » de la région… ou le déclanchement d’une nouvelle crise de grande ampleur. En la matière, hélas, l’étrange « flop » par lequel s’est soldée « l’opération Hariri » semble annonciateur de nouveaux troubles…
Au Liban, ainsi, on s’inquiète des manœuvres saoudiennes qui divisent de plus en plus la population et crispent les tensions sociopolitiques déjà exacerbées par le conflit syrien…
Pendant ce temps, en Égypte… Un dictateur en a chassé un autre ; le premier, beaucoup plus féroce que son prédécesseur. Et d’aucuns se demandent désormais si le bref instant révolutionnaire qui avait animé la place Tahrir et emporté les cœurs de tout un peuple ne fût pas à un moment recyclé en une habile mise en scène, comme un tour de passe-passe qui visait à tout changer pour que, à l’arrivée, rien ne change ; ce que confirmeront bien évidement les « élections » présidentielles du 26 mars 2018. Tout est sous contrôle : les « électeurs », la « presse », la « justice »…
Quel ancien directeur-adjoint du Monde diplomatique m’avait-il donc hurlé aux oreilles, début 2013 (alors que j’avais mis en évidence les signes qui annonçaient le coup d’État militaire), qu’en « Égypte, la démocratie était sur les rails, et qu’un retour en arrière était impossible » ?
Plus sérieusement (et de manière plus crédible)… Comme l’a déclaré tout récemment le maréchal-président Abdel Fatah al-Sissi : « Ce qui s’est passé il y a sept ans en Égypte ne se reproduira plus ! »
2 Comments
Tout ce qui se concrétise, exactement tout, c’est à dire le désastre pour les population,les revers électoraux, le terrorisme, les immigrations mais aussi l’instabilité exponentiellement accrue pour la sécurité mondiale -à commencer la nôtre-, et ce par la seule faute d’acte insensés des seuls occidentaux (en toute illégalité au surplus); sans en tirer le moindre orgueil mais avec désolation, je l’avais prévu il y a déjà 7 ans. Je ne comprends pas comment nos édiles, si intelligentes se prétendent-elles (au point de considérer le peuple comme imbécile et rendant envisageable pour beaucoup d’entre-eux de réinstaurer un vote censitaire), soient incapables d’un peu, mais alors d’un tout petit peu de lucidité. Non dans leurs obscurantisme obtus, ils persistes, oublient complètement c’est que l’art de la diplomatie, font des provocations, mentent répandent des fakes news et de la propagande (tout en accusant les autres) à n’en plus finir, faisant dans la politique international le même actes de psychopathie délirante en politique sociale et économique au mépris de ceux qui en souffrent ou sont menacés. Les intellectuels de l’entre-soi, et les journaleux de complaisance – c’est à dire tout ceux qui monopolisent la visibilité-, il est vrai, abondent dans le délire de se spectacle grossier qui n’a de vulgaire que l’acquiescement des fous (politiques, financiers, économistes, et grands actionnaires et autres managers d’entreprises…) qui nous mènent à la débâcle (tour en s’achetant, pour les plus nantis et avertis, des propriétés dans les endroits les plus reculés de la terre, pour se mettre à l’abri). Ils sont prêts à rasé la terre pour dominer même un champ de ruine. Seule la folie peut expliquer cela. A quoi bon discuter encore avec eux. Mais plus ils se sentiront fragilisés (notamment par des élections les bravant), plus ils s’enfonceront dans leur folie. Oui on en est là.
Une révolution vise à changer le système économique et social d’un pays avec un projet global alternatif. Il n’y a pas eu de révolution lors des printemps arabes car il n’y avait pas de projet alternatif mais seulement la revendication de changer le symbole du système, le chef de l’Etat, dans le cadre du même système. C’était une révolte, une jacquerie, une manifestation de mécontentement et cela ne pouvait produire aucun changement réel car cette révolte ne portait aucun projet alternatif. La démocratie n’est pas un but mais un moyen pour réaliser un projet social concret ou un autre. Ce qui explique que le pouvoir populaire prend des formes différentes selon les projets portés. Pour qu’il y ai projet social, il faut d’abord qu’il y ai analyse de la structure sociale d’un pays et de ce qu’on veut y changer. Quels groupes sont liés au pouvoir à renverser, quels groupes y sont opposés et quels groupes sont hésitants ? Et donc sur quels groupes s’appuyer pour renverser le pouvoir de quel groupe ? Une révolution cela se prépare en prenant du temps, une révolte c’est spontané et donc éphémère. Il y a d’abord eu les idées des Lumières puis la révolution française ou américaine, il y a d’abord eu le socialisme puis les révolutions communistes, il y a d’abord eu l’islamisme politique chiite puis la révolution iranienne, etc. A chaque fois, des groupes sociaux ont perdu le pouvoir et d’autres sont montés dans la hiérarchie sociale. La question du chef d’Etat était symbolique même s’il “fallait” lui couper la tête ou l’exiler pour enraciner la rupture culturelle et mentale collective avec le modèle précédent. Une révolution “tue le père” pour parler freudien, une révolte tue tout au plus le dictateur pour replacer un autre dans le cadre du même système social.