La situation est absurde, et l’on peut se demander quel avantage Israël pense tirer de la violence inutile et injustifiable dont son armée a fait preuve contre les manifestants à Gaza, et ce depuis plusieurs semaines et plus particulièrement le lundi 14 mai 2018, une journée qui s’est soldée par la mort de plus de 50 personnes, outre quelque 2.400 blessés par balles, dont 11 sont désormais dans un état très critique.
Ces Palestiniens de Gaza manifestaient, sans aucun armement, le long de la frontière imposée dans la région par les conquêtes israéliennes qui se sont succédé depuis 1948 et la création d’Israël. Plus de 50.000 manifestants se sont rassemblés le 14 mai 2018, pour commémorer le 70ème anniversaire de la Nakba (la « catastrophe », conséquence de la fondation de l’État sioniste qui a entraîné l’exil de près de 700.000 Palestiniens, chassés de leurs foyers et remplacés par l’immigration juive en Palestine), et aussi pour protester contre le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.
Il s’agissait pour les manifestants de se rappeler à la conscience du monde et de démontrer que, trois générations plus tard, ils n’oublient pas, ni l’attachement à leur terre, ni le droit au retour.
Mais, 70 ans après la Nakba, l’injustice se poursuit pour les Palestiniens, sans aucune honte de la part des forces d’occupation israéliennes qui ouvrent le feu sur des personnes sans armes, comme on joue au tir aux pipes dans une fête foraine, et sans réaction de la communauté internationale, qui regarde, passive.
Les soldats israéliens qui se trouvaient sur les frontières ont ouvert le feu sans état d’âme, sur des gens qui se trouvaient pourtant à plus d’une centaine de mètres de leurs positions, démontrant ainsi que rien n’est interdit à Israël, que l’État hébreu ne craint aucune sanction et ne redoute même plus de donner une image négative de lui-même aux yeux des opinions publiques à travers la planète, de paraître un peu plus odieux et insupportable encore, voire d’encourager par le fait l’antisémitisme croissant qui inquiète tant les communautés juives de par le monde, lesquelles soutiennent cependant dans leur majorité cette politique détestable menée par le gouvernement israélien.
Un gouvernement qui ne cesse de se retrancher derrière l’excuse sécuritaire, expliquant cette fois-ci encore ses excès de violence en accusant le Hamas, « organisation terroriste », d’être l’instigateur des manifestations. Quand bien même cela serait-il le cas, le fait ne pourrait aucunement justifier que l’on ouvrît le feu sur des civils. Cela dit, tous les observateurs présents à Gaza peuvent en témoigner : ce n’est pas le Hamas qui a organisé les manifestations ciblées par les tirs israéliens ; c’est la société civile qui en est à l’origine et les tentatives de récupérations de la part des partis politiques ont échoué. Aucun drapeau du Hamas n’a été autorisé par les manifestants ; uniquement des drapeaux palestiniens.
Ces manifestations avaient été organisées comme une grande fête de la mémoire. Des tentes ont été dressées à environ 700 mètres de la frontière, sur six sites de rassemblement, de Rafah, au sud, le point de passage vers l’Égypte (fermé par le dictateur al-Sissi qui s’est objectivement rallié à Israël), à Beit Hanoun, au nord. Des vendeurs y proposent des boissons et de la nourriture aux familles venues pour commémorer la Nakba et se réunir pour passer en ensemble cette journée si spéciale.
Ce 14 mai 2018, toutefois, des jeunes très en colère, beaucoup plus nombreux que durant les jours précédents, se sont approchés jusqu’à 100 mètres de la frontière. Malgré les tirs qui se sont alors intensifiés dans leur direction et les lâchés de gaz lacrymogènes par des avions de guerre israéliens qui survolaient ces zones, et malgré les morts, les jeunes sont restés face à l’armée israélienne ; c’est peut-être difficile à comprendre, mais c’est la culture de résistance qui s’est forgée au sein de la communauté palestinienne pendant trois générations d’exilés.
Tandis que l’armée tirait au hasard sur les manifestants de Gaza, on sabrait le champagne à Jérusalem, où le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou recevait la famille du président américain Donald Trump pour l’inauguration de l’ambassade des États-Unis, en faisant preuve d’une morgue parfaitement décomplexée et d’un cynisme sans mesure.
Massacre de civils aux yeux de tous et certitude d’impunité ; reconnaissance de l’annexion, par la force des armes, de Jérusalem à Israël… Ce lundi 14 mai 2018, l’État juif et son partenaire états-unien ont définitivement enterré non seulement le droit, mais aussi toute forme de moralité internationale.
3 Comments
Déjà en 1946 Einstein avait dénoncé le Likoud, le parti de Netanyahou, comme un parti fasciste et, avant 1939, le Bund déclarait que le Likoud, c’étaient des fascistes juifs …En 1948, Einstein a refusé d’être président d’Israël prévoyant ce que cette “démocratie ethno-théocratique” allait devenir. Tout était donc déjà écrit à l’époque. Difficile d’utiliser contre la mémoire d’Einstein l’arme psychologique terrorisante “antisémitisme” …alors on fait silence sur ses propos …mais la vérité est plus forte et quand on l’expulse par la porte elle revient par la fenêtre. Pratiquement tous les conflits au Moyen-Orient depuis 1948, y compris ceux par proies interposés, ont pour origine l’action de Tel Aviv et la réaction (ou l’absence de réaction pour les collabos) des Etats arabes ou musulmans à son égard. Israël/Palestine, c’est le baromètre de la situation régionale et sans doute aussi mondiale. A cause du gouvernement de Tel Aviv, nous sommes entrés désormais dans une période d’orages et de turbulences. Israël a commis un coup de trop. Le droit de retour redevient un droit inaliénable.
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