Préfacé par l’écrivain mauritanien Beyrouk, ce récit de voyage nous emmène au cœur du Sahara.
De Paris, on gagne Ménaka, une ville touarègue, située à 1.500 kilomètres au nord-est de Bamako. Avec l’auteur, on traverse l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, avant d’atteindre la capitale malienne, pour remonter vers le nord, vers le Hoggar, le grand sud algérien, sur la route des djinns, et l’on rebrousse chemin, jusqu’à Tombouctou, cité désertique des savoirs, en passant par Kidal et Gao, sur la route de l’imaginaire.
Ce voyage est une réflexion intérieure, personnelle, parfois intime ou poétique, sur la nature humaine, toute petite « graine de sable » dans un immense désert, à la recherche des origines perdues dans la sédentarité, des grands espaces, d’émotions profondes simples et vraies, que notre monde ne permet plus de ressentir.
Un voyage à la découverte d’une partie de ce grand désert, de ces solitudes vivantes, de ces espaces habités par l’invisible, mais aussi par des femmes et des hommes (Touaregs, entre autres) que l’on rencontre au rythme du chemin. Ils nous font partager la philosophie de leur vie, leurs histoires (leur Histoire aussi), leurs cultures, leurs beautés, leurs poésies.
Ici et là, quelques références à l’actualité, au chaos dans lequel la région est plongée depuis 2012…
L’annonce des prémices de ce qui allait bientôt arriver.
« Dans le désert, la montagne, la campagne, en ville, n’importe où, il m’est vital de marcher.
Marcher… rejoindre le désert saharien, marcher pour visiter un ami, marcher pour me rendre au travail, marcher pour les courses, marcher pour marcher, marcher, c’est ainsi !
Marcher. Pourquoi ? Pour être libre et exorciser l’existence de ce monde.
Jeune, je marchais sans raison. Aujourd’hui, marcher est indispensable. Un plaisir. Un besoin. Marcher pour « aller à l’essentiel ».
Marcher pour mieux penser. Marcher pour revenir sur terre. Je ne manque aucune raison de marcher.
Á Paris, où je laisse l’enveloppe de mes pieds chez le cordonnier, rue des Archives. Marque de mes pas, des heures durant, à travers les quartiers des vêtements, du design, des galeries d’art, des livres. Plus d’animations dans les premiers. Calme et tranquillité dans les derniers, un autre monde, rues et fenêtres qui sourient. Une librairie, un livre exposé d’Ibrahim Al Koni, l’écrivain, le poète Touareg : « La Loi du désert stipule que rester plus de quarante jours à la même place, c’est tomber en esclavage. »
Liberté perdue en tombant dans la sédentarisation. La retrouver dans le voyage…
Poursuivre ma marche en solitaire, avec mon âme. Ne pas faire partie du lot, même un instant.
Émerger enfin, garder ma liberté de pensée pour le départ immédiat !
J’entends l’écho qui interpelle du fin fond de l’espace désertique. L’incantation est là, subite !
Refus impossible. Appel de celui en qui coule le sang du désert.
Le Sahara envahit mon esprit.
J’entends déjà, intérieurement, le silence qui l’habite. Je pars !
Un retour dans le désert des Touaregs… pour retrouver mes racines. »