Books – Les provisoires font leur cirque par Mounira BOUZID

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Les provisoires font leur cirqueEn 2011, tous les pays du « Printemps arabe » sont envahis par l’idéologie des « boukachtas » du Golfe…

Tous… ? Non ! Un petit pays que nous connaissons bien résiste, encore et toujours, à l’envahisseur ; et la vie n’est pas facile pour les garnisons adeptes du retour au Moyen-âge…

Ainsi, en Tunisie, pays fort de sa société civile, cette idéologie venue d’un autre siècle a du mal à s’imposer. Cette société civile n’a pas laissé un moment de répit à Cheikh Juda, à Bouchleka (celui qui n’a « qu’une chléka »), à Don Zouki della Kalsita (président plus provisoire que jamais), à La Sardine (président du Cirque Ammar), à Maherzia, la Dame de ferraille, aux Thénardiers Abbou à qui pensait Victor Hugo en écrivant Les Misérables, à la Badi qui ne pense qu’à son Body, à Ali XXLarge qui n’a de large que sa mauvaise foi, à Gassas le ciseau, qui ne coupe rien pas même son existence inutile, à Kahlaoui qui se Kahale (noircit) les yeux pour séduire le pouvoir, à Jebali grand comme un jbel (une montagne) mais obéissant comme un jmel (un chameau), à Ellouze l’Amande Amère reconverti à la chirurgie esthétique par amour de l’excision, à Hechmi, le cul terreux, qui veut présider la Tunisie à partir de son appartement de Londres tout en transférant la capitale à Kairouan, et à toute la cour qui, prise de la folie des grandeurs, se voyait calife à la place du calife.

Les gaulois n’avaient peur que d’une chose : que le ciel leur tombe sur la tête. Les Iznogoud tunisiens n’ont peur que du Ghoul, l’ogre à deux têtes, qui risque de s’asseoir à leur place, sur le trône du calife.

Et l’auteur tient à préciser que toute ressemblance avec des faits ou des personnes existants ou ayant existé ne serait que fortuite, etc., etc.

Nombreux sont les ouvrages qui ont été publiés sur la révolution tunisienne dans une approche journalistique ou dans le cadre d’analyses géopolitiques. Cette fois, l’auteur relate les quatre années post-révolution, vues et vécues par une bande de quinquagénaires. Le style du récit, basé sur l’humour, la caricature, voire le sarcasme, offre la latitude nécessaire à l’auteur pour délaisser le politiquement correct, afin de faire revivre ces instants, avec l’humour propre aux Tunisiens qui s’est révélé, plus que jamais, un antidépresseur pour ce peuple qui a dû subir les instabilités « psychiques » des gouvernements postrévolutionnaires.

L’auteur, Mounira Bouzid, avec un brio incomparable et un rire décapant, croque et décode la vie politique tunisienne de « l’après Ben Ali ». Elle fait partie de cette génération dont les parents ont émigré au milieu des années 60. Elle grandit en France et y fit des études d’économie-gestion. Elle garda toujours l’envie de revenir en Tunisie, et c’est ce qu’elle fit en 1996…

C’est au lendemain de la révolution qu’elle a commencé à écrire sur un blog, des billets d’humeur, des coups de gueule sur la tournure que prit le printemps de Tunis. Son ton sarcastique et souvent caustique se laissait lire comme des bonbons acidulés.

C’est donc tout naturellement que Les provisoires font leur cirque s’imposa, comme la suite logique de ses billets ; et c’est le « coup de cœur » de la Rédaction du Courrier du Maghreb et de l’Orient.

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About Author

Lorenzo Lanciers

Political Scientist Co-fondateur du CMO et Directeur de la Publication de 2014 à 2017 (†)

1 Comment

  1. Taher Ben Mohamed on

    Je viens de terminer la lecture de votre livre et je le recommande vivement à tous mes amis. Bravo Mounira Bouzid et bravo Alyssa éditions

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