Considéré à tort ou à raison comme un « modéré » ou un « progressiste », Hassan Rohani, élu président de la République islamique d’Iran en juin 2013 et récemment reconduit pour un nouveau mandat, avait su faire preuve de réalisme en termes de politique étrangère et miser sur une mise à profit réciproque de l’esprit d’ouverture de son homologue américain, Barak Obama.
Mais personne ne semble vouloir faciliter la vie de cet Iranien pragmatique, ni à Téhéran, ni à Washington…
Le congrès américain doit ainsi adopter trois propositions de lois visant la République islamique d’Iran. La Commission des relations extérieures de la Chambre des Représentants discutera des projets soumis de concert par les Démocrates et Républicains, appelant dans le premier projet à la libération immédiate et sans condition de tous les ressortissants américains emprisonnés en Iran. Le Congrès exige aussi de la République islamique qu’elle fasse toute la lumière sur le sort du ressortissant américain Robert Levinson, disparu en 2007 sur l’île de Kish, dans le Golfe persique.
Le deuxième projet porte sur les violations des Droits de l’Homme en Iran, et en particulier sur le sort réservé à la communauté Baha’i. Le Bahaïsme est une religion abrahamique et monothéiste qui n’est pas reconnue par la République islamique d’Iran ; la communauté compte environ 300.000 citoyens iraniens.
Le troisième projet sollicite de l’Union Européenne qu’elle inscrive le Hezbollah libanais sur sa liste des organisations terroristes. Cette proposition, qui émane du Parti démocrate, vise la branche armée du Hezbollah, accusée de trafic de drogue, de blanchiment d’argent et de trafic d’armes dans toute l’Europe. Mais c’est bel et bien l’Iran qui est ciblé à travers cette mesure : d’après des informations de la Défense US, la République islamique d’Iran financerait le Hezbollah à hauteur de deux cents millions de dollars par an, en liquidités et en armement ; et la branche armée du Hezbollah aurait, selon la même source, un arsenal d’environ cent cinquante mille roquettes en provenance d’Iran.
Tout semble désormais s’éclaircir, en ce qui concerne la politique de Donals Trump au Moyen-Orient : la Maison blanche en revient aux vieux clivages et est bien décidée à isoler l’Iran, ouvrant un boulevard à son allié saoudien.
Mais ce deuxième mandat du président Rohani est aussi en proie à des velléités intestines : le dernier discours de Trump a échauffé les esprits en Iran, et les réactions de l’opposition iranienne sont de plus en plus virulentes. Ainsi, Mohammad Ali Jafari, commandant du Corps des Gardiens de la Révolution, a vivement critiqué le président Rohani pour son manque de soutien aux milices paramilitaires qui constituent le fer de lance de la défense iranienne. Le commandant Jafari insiste sur la nécessité d’augmenter le potentiel de frappe, de missiles balistiques, à l’heure où les forces iraniennes, présentes en Syrie, se sont heurtées aux forces spéciales américaines qui y ont aussi pris pied.
Hassan Rohani devra donc faire face à deux fronts, attaqué depuis l’extérieur par l’alliance américano-saoudienne et, de l’intérieur, par le Guide suprême et la puissante formation des Pasdarans, les Gardiens de la Révolution.