Les tensions entre les deux principaux rivaux du Moyen-Orient sont en train d’atteindre un paroxysme comme jamais par le passé.
L’Iran et l’Arabie Saoudite sont désormais à couteaux tirés. En cause, les attentats du 7 juin 2017 à Téhéran, dont le bilan est de treize morts et près de quarante blessés, et qui, bien qu’ayant été revendiqués par l’Etat Islamique, sont imputés par les Gardiens de la révolution à l’Arabie saoudite et aux Américains ; ils promettent de « se venger ».
« Cette action terroriste après la rencontre du président des États-Unis avec le chef d’un des gouvernements réactionnaires de la région qui a toujours soutenu les terroristes est lourde de sens et la revendication par Daech montre qu’ils sont impliqués », affirme un communiqué iranien. L’agence de renseignements iranienne a confirmé l’information. Dans la rue aussi, les Iraniens identifient l’Arabie Saoudite comme la première menace pour l’Iran.
Le groupe État islamique avait menacé l’Iran dans une vidéo en persan, publiée en mars 2017. Il avait alors affirmé qu’il allait « conquérir l’Iran et le rendre à la nation musulmane sunnite » et provoquer un bain de sang chez les Chiites.
Epargnée depuis le début des années 2000, Téhéran a été la cible de deux attaques, l’une visant le Parlement et l’autre visant le mausolée de l’ayatollah Khomeiny. Menées quasi-simultanément contre des lieux hautement symboliques, ces attaques ont duré plusieurs heures. Les sept ou huit assaillants se sont fait exploser ou ont été finalement abattus par les forces de l’ordre. Au moins une femme faisait partie de l’attaque et aurait perdu la vie en activant une ceinture d’explosifs.
La Russie a condamné les attentats, estimant qu’ils prouvaient une nouvelle fois la « nécessité de coordonner la lutte antiterroriste ». La France a aussi pris position et les a condamnés avec « la plus grande fermeté ». Le Qatar a aussi condamné mercredi les deux attentats, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
L’attaque intervient alors que l’Arabie Saoudite et ses alliés arabes viennent de relancer le conflit avec Téhéran en s’en prenant au Qatar qui tente de stabiliser ses relations avec l’Iran.
Elle survient aussi tout juste après les pourparlers qui ont eu lieu entre le roi Salmane d’Arabie et Donald Trump, qui se sont accordés sur la dénonciation de l’Iran comme leur ennemi commun.
Et d’aucuns s’interrogent dès lors sur le fait de savoir si cette relance, si brusquement déclenchée par Riyad, n’est pas en lien direct avec la visite du président américain en Arabie Saoudite et si les attentats de Téhéran n’auraient pas été à tout le moins approuvés par Washington…