DEBATE / PALESTINE – Un État membre de l’UE sanctionne le colonialisme israélien

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Alors que les campagnes BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) lancées dans plusieurs pays par des groupes issus de la société civile sont parfois attaquées par les autorités, en Irlande, c’est le parlement qui a pris l’initiative de sanctionner la colonisation israélienne en Palestine : les importations en provenance des colonies, dont celles de l’État hébreu en Palestine occupée, pourraient désormais être interdites. Israël a qualifié le vote des sénateurs irlandais de boycott « populiste, dangereux et extrémiste ».

Les sénateurs irlandais ont voté ce 11 juillet 2018 l’interdiction des importations de biens et services en provenance de colonies à travers le monde, dont les colonies israéliennes implantées dans les territoires palestiniens. La proposition de loi a été approuvée à 25 voix contre 20.

Le texte, présenté par une sénatrice indépendante, Frances Black, a reçu le soutien de tous les partis irlandais, à l’exception du Fine Gael, parti actuellement au pouvoir. Il doit toutefois encore être examiné par un comité parlementaire, avant d’être éventuellement soumis au vote des députés irlandais.

Côté palestinien, c’est le secrétaire général de l’Organisation de libération de Palestine (OLP) Saëb Erekat qui a salué un vote « historique ». « [C’est un] geste courageux [qui]envoie un message clair à la communauté internationale et en particulier au reste de l’Union européenne : parler d’une solution à deux États n’est pas suffisant sans mesures concrètes », a-t-il ajouté.

De son côté, Israël a réagi en condamnant ce vote qui vient soutenir une « initiative de boycott d’Israël populiste, dangereuse et extrémiste ». Dans un communiqué cité par l’AFP, le ministère israélien des Affaires étrangères affirme en outre envisager « une réponse ». Le porte-parole du ministère, Emmanuel Nahshon, a de plus fait savoir que l’ambassadeur d’Irlande en Israël, Alison Kelly, était convoqué au ministère… La diplomate irlandaise avait déjà été convoquée en janvier 2018 pour fournir des clarifications sur le texte, dont l’examen avait finalement été repoussé.

La décision du sénat irlandais est de nature à encourager les partisans du mouvement BDS, qui emporte périodiquement des succès symboliques, comme le refus de certains artistes de se produire en Israël, ce qui provoque un grand retentissement médiatique. Dernièrement, c’est l’équipe de football argentine qui avait refusé de se déplacer en Israël.

Pour sa part, le patronat israélien minimise l’impact économique réel de ces appels au boycott. Néanmoins, Israël et ses agents font tout leur possible pour discréditer et contrer les partisans de BDS, les qualifiant d’antisémites, selon la stratégie habituelle, et plaidant pour des sanctions à l’encontre du mouvement.

Terminées, donc, les condamnations diplomatiques prononcées du bout des lèvres ?

La décision du parlement irlandais sera-t-elle un exemple pour d’autres États démocratiques ? Le temps est-il venu d’inverser pour la cause palestinienne la direction impulsée par Donald Trump et la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël ?

 

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Simon-Marin GHYS

Historian and Political Scientist - Managing Editor for French

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