« Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ! »
Cette pensée de Pascal, si connue qu’elle en est devenue un proverbe, signifie, dans le cas kurde, que ce qui est possible pour un peuple ne l’est pas nécessairement pour un autre.
Les Kurdes n’ont pas compris cette vérité. Ils pensaient que le fait d’être allié des puissances occidentales face à l’État islamique était suffisant pour que la communauté internationale [occidentale]soutienne l’idée d’un Kurdistan indépendant et les défende donc comme elle défend l’État d’Israël.
Mais l’hostilité internationale à l’indépendance du Kurdistan irakien et le silence qui recouvre l’offensive d’un État membre de l’OTAN contre l’enclave d’Afrine en Syrie ont prouvé que les Kurdes n’ont fait office, pour les chancelleries occidentales, que de chair à canon, de mercenaires bon marché, voire même pas cela, car les États défendent habituellement leurs mercenaires…
Lancée le 20 janvier 2018, l’offensive de l’armée turque (l’opération « Rameau d’Olivier »), appuyée par ses alliés (les reliquats de l’Armée syrienne libre, dont on ne sait plus très bien ni quel objectif elle poursuit, ni quel maître elle sert) est survenue à la suite d’un compromis impliquant la Turquie, la Russie et l’Iran, et très probablement aussi le régime syrien qui, pour avoir protesté du bout des lèvres contre l’invasion de son territoire, n’en laisse pas moins faire pour autant la soldatesque d’Ankara.
Deux mois plus tard, le 18 mars, le drapeau turc flotte sur la ville syrienne d’Afrine, pendant que les « rebelles » de l’ASL s’adonnent au pillage des maisons abandonnées par leurs habitants.
Car c’est aussi le drapeau de la révolution syrienne qui flotte sur Afrine, et ce au moment même où l’on devrait commémorer le septième anniversaire de la révolution (qui avait commencé le 15 mars 2011) ; une forfaiture qui sera, à n’en pas douter, le dernier clou du cercueil de cette révolution dévoyée.
Sur une place d’Afrine, les Turcs se sont rassemblés pour fêter leur victoire en mitraillant la statue d’une figure symbolique de d’histoire du Kurdistan syrien. De son côté, le président Bashar al-Assad s’est personnellement rendu dans la Goutha (banlieue de Damas où une poche rebelle tente de résister à l’inexorable reconquête du territoire national par le régime) ; un signe des succès enregistrés par son armée, soutenue par les forces russes.
Face à la brutalité de l’offensive kurde et craignant les exactions de l’armée turque et des rebelles de l’ASL, la population d’Afrine a fui la ville ; le YPG (les milices kurdes de Syrie) a retenu l’avancée des forces turques autant qu’il l’a pu, permettant ainsi à la population civile d’évacuer la cité.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, serait ainsi sur le point d’atteindre l’objectif de l’opération Rameau d’olivier : modifier la démographie d’Afrine, en poussant à l’exil la population kurde et en la remplaçant par les réfugiés arabes syriens entassés dans les camps en Turquie, dont il se débarrasserait ainsi par la même occasion ; et ce avec la complicité de l’ASL. En procédant de la sorte, le régime turc s’attaque directement au rêve de fédéralisme en Syrie caressé par la minorité kurde.
Quel sera désormais le sort d’Afrine ? Il est probable que la ville ne sera pas rendue par l’armée turque à l’autorité syrienne, en tout cas pas dans un future proche. Cette ville était en effet le premier objectif de l’offensive ordonnée par Erdogan pour éloigner les forces du YPG de la frontière turque, une organisation qu’Ankara considère comme « terroriste ».
Pourtant, cette faction a jusqu’à aujourd’hui été un précieux allié des États-Unis et de la coalition internationale dans la lutte anti-djihasites. En revanche, c’est bien la Turquie qui a servi, jusqu’à très récemment, de base logistique à l’État islamique (EI), une attitude qui s’inscrivait directement dans la politique turque anti-kurde, Erdogan équipant et appuyant logistiquement l’EI en guerre contre les Kurdes. Cependant, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ne feront pas pour les Kurdes syriens ce qu’ils n’ont pas fait non plus pour les Kurdes irakiens.
Or, tout porte à croire qu’Erdogan ne s’arrêtera pas à la région d’Afribe : son œil se tournera bientôt en direction des autres villes kurdes qui s’étendent tout le long de la frontière turco-syrienne.
Certes, les Kurdes syriens du YPG ont réagi via leur porte-parole en promettant de se battre coûte que coûte pour la libération de toute la région d’Afrine et de se muer en un « cauchemar permanent » pour Erdogan et ses mercenaires syriens.
Mais, face à la Turquie, à la Russie, à l’Iran, à l’armée syrienne… et sans aucune aide de l’Occident, le sort des Kurdes de Syrie semble déjà scellé.
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Helal çalık hanıma bu dönemde vekil olursa muncibe yada afrine vali olacak. ülkenin kuzucukları yok yere can verirken 1ülkeyi bin yıl geriye götür oku atmasını öğretin.