Lentement mais sûrement, aidés par les forces spéciales américaines et les frappes de la coalition internationale, les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS – essentiellement constituées d’unités kurdes du YPG) s’approchent de Raqqah, la capitale de l’État islamique (EI) proclamé à Mossoul (Irak) en juin 2014 par le calife Ibrahim (alias Abou Bakr al-Baghdadi).
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Les FDS ne sont plus qu’à trois kilomètres des faubourgs de Raqqah, qu’elles ont déjà encerclée à l’ouest, au nord, et à l’est ; déjà au contact des premières lignes fortifiées de l’État islamique.
La bataille finale ne saurait donc tarder à s’engager, et les premiers signes en sont l’exode massif de la population, dont près de 200.000 personnes auraient déjà fui la ville, que ce soit vers les zones encore contrôlées par l’EI, plus au sud, ou vers le nord, conquises par les Kurdes. Sur leur chemin, ces cohortes de malheureux doivent traverser les combats, les check-points et les champs de mines.
Alors que la bataille serait imminente, la guerre psychologique a déjà commencé. Les Russes ont accusé les Forces démocratiques syriennes d’avoir conclu un accord avec l’État islamique pour que les djihadistes retirent leurs combattants d’une ville assiégée par les Kurdes, Mansoura. Il est vrai que les soldats évacués pourraient ainsi rejoindre les fronts de Deir ez-Zor ou de Palmyre et renforcer les lignes de l’EI face à l’armée syrienne soutenue par Moscou.
L’armée syrienne, elle, avance rapidement par le nord-ouest, et vient de reprendre à l’EI la dernière ville que les djihadistes contrôlaient dans le gouvernorat d’Alep : Maskanah. La poursuite de leur avance pourrait avoir pour objectif de rejoindre Raqqah par le sud, et d’empêcher ainsi la fuite de contingents importants de l’EI.
Plus au sud, dans la ville de Deir ez-Zor, deux enclaves tenues par l’armée syrienne résistent aux assauts djihadistes répétés depuis plus de 3 ans. La progression de l’armée syrienne vers Deir ez-Zor, depuis le nord (Raqqah) et l’ouest (Palmyre), s’apparente donc à une course contre la montre, tant la chute des enclaves pourraient être dramatique pour les quelques 100.000 civils qui y sont assiégés.
Mais la bataille de Raqqah sera longue et sanglante, si on en juge les précédents sièges de Manbij, Al-Bab, ou encore la bataille de Mossoul, en Irak, où les combats ont toujours lieu après plusieurs mois de combats.
Raqqah est une ville où l’Etat islamique a eu le temps d’établir plusieurs niveaux de fortification, et où, surtout, les combattants islamistes, déterminés comme ils le montrent à Mossoul, sont prêts à se sacrifier pour leur califat, dont on peut se demander toutefois ce qu’il restera après la chute de sa capitale.