Ce samedi 27 septembre 2014, le très prestigieux Prix Estense du Journalisme italien a été attribué au livre Il Paese del Male (Éditions Neri Pozza – qui sortira le mois prochain en version française, sous le titre Le Pays du Mal, aux Éditions de L’Harmattan), coécrit par Domenico Quirico, grand reporter à La Stampa, et Pierre Piccinin da Prata, rédacteur en chef du Courrier du Maghreb et de l’Orient.
Tous les deux avaient été enlevés en Syrie, où ils réalisaient ensemble un reportage au sein des groupes rebelles, et étaient restés détenus 152 jours comme otages, d’avril à septembre 2013.
Domenico Quirico (La Stampa), à gauche, et Pierre Piccinin da Prata (Le Courrier du Maghreb et de l’Orient), à droite, reçoivent le prestigieux « Aquila d’Oro » du Prix du Journalisme italien Estense des mains du Président de l’Unindustria de Ferrara, Riccardo Maiarelli, et du Ministre de la Culture italien, Dario Franceschini.
« Je remercie l’Italie. », s’est exprimé Pierre Piccinin da Prata lors de la cérémonie de remise de l’Aigle d’Or Estense. « Si je suis venu ce soir, ce n’est pas pour gagner le prix. Bien sûr, le livre, ‘Le Pays du Mal’, est très beau. Il a été écrit avec le cœur. Parce que, après tout ce que nous avons vécu dans la souffrance, c’est le cœur d’abord qui a parlé. Mais il a aussi été écrit avec l’esprit. Parce que, par la suite, nous avons fait un travail d’analyse. L’analyse politique. Et nous avons fait un travail de compréhension. De compréhension humaine. Mais, si je suis venu ce soir, c’est pour remercier l’Italie. C’est l’Italie qui m’a sauvé la vie. Pour la vie, merci à l’Italie ! Et, pour cette soirée, merci à Ferrara ! »
Une déclaration plusieurs fois interrompue par de vifs applaudissements du parterre de journalistes et de personnalités du monde de la culture et de la politique.
Depuis 1964, l’Aigle d’Or du Prix Estense récompense chaque année le livre qui présente la meilleure enquête journalistique publiée en Italie. Un prix particulièrement estimé par le monde journalistique et littéraire, car il est attribué par un jury technique composés de journalistes mais, particularité du Prix Estense, aussi par un jury public majoritaire, constitué de quarante membres tirés au sort.
Cette année, pour la cinquantième édition du prix, c’est donc le Moyen-Orient qui a retenu l’attention du jury, mais aussi « l’universalité d’une histoire certes personnelle, mais qui se lie à celle de plus de vingt millions de personnes qui souffrent depuis quatre ans. » C’est là tout le bien-fondé de l’écriture vivante des deux auteurs, qui ont connu le Mal de l’intérieur : « Le droit d’écrire, le droit de la parole sur la souffrance et sur le Mal, n’existe que si l’auteur a partagé cette souffrance, a rencontré le Mal », a conclu Domenico Quirico.
Que l’on ne se trompe pas, en effet, sur le sens du titre de ce livre, Le Pays du Mal : la Syrie est le pays du Mal, c’est-à-dire, plus que partout ailleurs où sévit la guerre, celui où sévit une guerre extrême d’atrocités et de cruautés. C’est le pays de la Souffrance que décrivent Pierre Piccinin da Prata et Domenico Quirico, tout au long de ces pages, de ces 152 jours d’aventures terrifiantes que leurs geôliers vont leur faire traverser à travers toute la Syrie, les champs de bataille, les villes en ruines, les populations martyrisées.
La Rédaction du Courrier du Maghreb et de l’Orient et toute l’équipe éditoriale ne boudent pas leur plaisir, très fières de la distinction reçue par le Rédacteur en chef de notre revue, honoré par l’Italie d’une des plus prestigieuses récompenses du journalisme, pour son témoignage sur le conflit en Syrie et son exceptionnel et courageux travail de grand reporter, comme il l’a encore tout récemment démontré en Irak.