L’épisode yéménite du « Printemps arabe » de 2011, pas plus qu’ailleurs (à l’exception de la Tunisie), n’a été cette « révolution populaire » inventée par les médias de masse à Paris, Londres et Berlin, qui ont cru y déceler l’émergence d’une société civile, imaginée à travers des prismes sociopolitiques occidentaux inadéquatement mobilisés pour appréhender autant de contextes différents qu’il y avait d’États « arabes » en situation de troubles ; ni non plus n’a mené à la démocratie.
Au Yémen, la « démocratisation » saluée par tous les médias occidentaux à l’occasion des élections présidentielles de février 2012 (auxquelles ne se présentait pourtant qu’un seul candidat) n’a pas eu lieu.
La « révolution » yéménite de 2011, qui vécut moins d’une semaine et se cantonna au campement dressé par quelques poignées d’étudiants devant l’université de Sanaa, immédiatement instrumentalisée par ceux qui se disputaient le pouvoir, a tourné à la « guerre des chefs ».
Un imbroglio qui a agacé la monarchie saoudienne, inquiète du désordre qui éclatait à sa frontière, dans cette région de la Péninsule considérée depuis longtemps par Riyad comme un quasi-protectorat. Le trône d’Arabie mit ainsi bon ordre en imposant son candidat, unique, à des élections « démocratiques ».
C’était compter sans l’importante minorité d’obédience chiite qui, au Yémen, n’allait pas accepter cette nouvelle donne sunnite : les Houthistes.
Presque sept années se sont écoulées, et la guerre civile yéménite se poursuit, désormais partie intégrante de la guerre par procuration que se livrent en Péninsule arabique les deux puissances régionales rivales : l’Iran et l’Arabie Saoudite.
Une guerre extrêmement meurtrière, dont les effets sont amplifiés par la famine et des épidémies qui se succèdent ; une guerre que l’on dit souvent « oubliée », non pas, selon certains, parce qu’elle ne susciterait aucun intérêt, mais car il serait extrêmement difficile pour les journalistes d’entrer au Yémen et d’accéder aux zones où ont lieu les combats…
Mais peut-être les raisons de cet « oubli » médiatique sont-elles à chercher ailleurs ; et pourquoi pas dans l’implication de plusieurs gouvernements et multinationales occidentaux qui ont choisi leur camp, celui de la monarchie saoudienne ?
Nos reporters et spécialistes –qui n’ont eu aucun mal à se rendre sur le terrain- se sont penchés sur cette guerre pas si oubliée que cela ; pas, en tout cas, de ceux qui, à Riyad, Paris, Washington et Tel-Aviv, mais aussi à Téhéran, tirent les ficelles d’une tragédie locale qui a déjà coûté la vie à des milliers d’hommes et de femmes, citoyens insignifiants d’un des États les plus pauvres de la planète Terre.
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