Il y a 35 ans, je me suis trouvée emprisonnée dans une cellule envahie d’insectes.
C’était la décision personnelle du dirigeant de l’Égypte de l’époque (ndlr : Anouar al-Sadat, président de l’Égypte de 1970 à 1981). Mon nom n’étant pas sur la liste des 1.500 détenus établie par la police judiciaire, on a veillé à l’y ajouter…
Je n’ai jamais pris la parole sur les tribunes comiques, ou adhéré aux partis de papier créés par le dirigeant, en vue de donner le change à l’image du régime et de bénéficier de l’aide américaine ; ce qui a contribué à enfoncer le premier clou dans le cercueil de la souveraineté politique et économique nationale, ainsi que le retour à la dépendance et à l’occupation.
J’avais écris trois articles, qui ont été considérés gênants pour le dirigeant, dans lesquels j’ai montré les contrastes choquants entre la réalité et les mots, démocratie, révolution verte, ouverture économique, science et croyance, parmi d’autres slogans vides de leur sens. Car la « révolution verte » avait détruit la végétation et la production agricole et avait obligé les agriculteurs à déserter leurs terres et à chercher d’autres moyens d’existence. L’ouverture a provoqué la fermeture des usines, et par conséquent le licenciement des travailleurs. Elle a sapé la production nationale et accru la dépendance des importations, des aides extérieures et des prêts à l’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI.
Ces politiques ont aggravé le chômage, la pauvreté et les inégalités et ont contribué aussi à creuser l’écart entre les riches et les pauvres. Alors que les hommes d’affaires ont persisté à dévorer la chair du peuple, exactement comme le tigre qui a dévoré le corps d’une fillette à al-‘Ayyat il y a quelques jours, et le monstre masculin qui a violé un petit garçon dans la ville d’al-Ma’adi.
Ce viol a entraîné pour la victime des effets psychologiques similaires à un trou noir dans son corps qui saigne jusqu’à aujourd’hui.
Quant à « l’État de science et de croyance », il n’a fait que contribuer à la propagation d’histoires, de mythes, de démons, du serpent chauve, et des souffrances de l’être humain dans sa tombe, tandis que les tigres religieux et terroristes ont envahi et même rongé le cerveau égyptien.
Ils ont brûlé les églises, semé les séditions et les divisions, violé les droits des femmes, imposé la mutilation génitale féminine et masculine. Ces gens ont encouragé les hommes également à pratiquer la polygamie, à satisfaire leurs désires sexuels même en dehors du mariage et à la possession d’esclaves sexuelles. Cet enfermement intellectuel a fait son incursion profonde dans les villes, les villages et les bourgs du pays, ainsi qu’au sein de l’État, de la famille, de l’économie, de la culture et de l’enseignement.
Un pseudo-multipartisme a mené à la création de partis politiques formels et inutiles à ce jour. Ils se sont engagés dans le cadre d’une pseudo-démocratie, sans libertés individuelles ou collectives, similaire aux dictatures les plus féroces.
La traversée réussie du canal de Suez au début de la Guerre d’Octobre, en 1973 (qu’on appelle en Occident la « Guerre du Kippour »), aurait pu libérer l’Égypte entière – et non seulement le Sinaï – de la dépendance ; mais le dirigeant a surpris le peuple en pleine fête, avec une décision individuelle choquante qui a fait apparaître un trou noir nommé « la faille » dans le corps de la victoire.
Et après la joie, nous avons ressenti une profonde tristesse, particulièrement après le cessez-le-feu et l’accord du « kilomètre 101 » avec Israël, jusqu’à l’entrée du pays dans ce « trou noir » : il s’agissait des négociations en vue de régler le conflit israélo-arabe, puis l’accord de paix qui a entraîné encore plus de guerres et plus de négociations toujours au cœur de ce trou noir.
Durant ma détention en cellule, avec les autres détenues, nous avons écouté le dirigeant menacer de nous couper le cou ; le pessimisme et la dépression régnaient à ce moment, quand tout à coup le géant de l’espoir s’est relevé au fond de nous en scandant : « Il mourra et nous sortirons de la prison ! »
Une femme voilée s’est montrée sarcastique vis-à-vis de « mon optimisme immature » ; elle s’est écriée : « Le despote va nous tuer ! ». Elle était intolérante, accusant de blasphème et d’athéisme les femmes non-voilées ; ainsi que les femmes pieuses présentes, de mal prononcer les sourates coraniques… Son attitude nerveuse a fini par agacer les autres détenues, qui ont demandé à l’administration pénitentiaire de la transférer dans une autre cellule.
Le despote a fini par mourir… Il a été assassiné le jour de la célébration de sa victoire, par les forces terroristes religieuses qu’il avait soutenu auparavant, non seulement financièrement et médiatiquement, mais également en les armant.
Le peuple égyptien est, depuis toujours, plus intelligent et plus innovateur que ses rois et ses tyrans. Car, la mentalité novatrice ne perd pas son temps à chercher, à conquérir le pouvoir. L’histoire est incapable de changer les mentalités novatrices, même si la plupart des dirigeants profitent de la créativité de leurs peuples pour exercer le contrôle et pour s’enrichir.
Le roi meurt, alors que les peuples demeurent plus forts que leurs armées vaincues et que leurs tyrans.
En l’occurrence, le peuple égyptien s’en est sorti toujours indemne malgré les invasions et les défaites causées par ses rois et ses présidents, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. C’était bien le cas après la défaite du 5 juin 1967, la révolution en 2011 contre le despotisme et la corruption, puis il y a trois ans contre la dictature du régime théocratique.
Les peuples refusent la défaite du fait de l’histoire, de la nature, de la mémoire et de la rénovation. Cette dernière se fonde sur les liens existants entre la politique, la guerre, l’économie, le sexe, la culture, l’éducation, la science, la philosophie, l’art, la religion et l’éthique.
Chaque combat a des conséquences économiques, politiques, sociales et culturelles ; seul le temps peut nous apprendre s’il s’agit d’une défaite ou d’une victoire.
À cette heure, en Égypte, la perception de l’avenir est obscure, jusqu’à ce que la lumière du passé l’éclaire.
Traduit de l’arabe par Mamduh NAYOUF
ضباب الرؤية وضوء الماضي
منذ خمسة وثلاثين عاما ، وجدت نفسي بالسجن ، علي أرض زنزانة مليئة بالحشرات القارضة ، بقرار شخصي منفرد من حاكم مصر حينئذ ، لم يكن إسمي واردا في القائمة التي تشمل ألف وخمسمائة وستين شخصا ، أعدتها المباحث العامة ليراجعها الحاكم بنفسه ، وحين رأي أنها لا تشملني ، أمسك قلمه وكتب إسمي بخط يده في نهاية القائمة ،
لم أدخل المنابر الهزلية ولا الأحزاب الورقية التي أصدر الحاكم قرارا بإنشائها ، تمهيدا لأن يقلب نظام الحكم ، ويتلقي المعونة الأمريكية : المسمار الأول في نعش الإستقلال الوطني السياسي الاقتصادي ، والعودة الي دوامة التبعية والاستعمار ،
كتبت ثلاث مقالات فقط ، أفزعت الحاكم ، نزعت فيها النقاب عن التناقضات الصارخة تحت إسم الديموقراطية ، والثورة الخضراء ، والانفتاح ، والعلم والإيمان وغيرها من الشعارات الجوفاء ، فالثورة الخضراء قضت علي الخضرة وقتلت الإنتاج الزراعي ، وهاجر الفلاحون سعيا للرزق ، وأدي الانفتاح الي إغلاق المصانع وتشريد العمال وضرب الإنتاج الوطني ، والاعتماد علي الإستيراد والمعونات الخارجية وقروض البنك الدولي وصندوق النقد ، مما أدي لتفاقم البطالة والفقر واللامساواة ، وزادت الهوة بين الأثرياء والفقراء ، وانطلق رحال الأعمال يلتهمون لحم الشعب ، بالضبط كالنمر الدي نهش جسد طفلة العياط ، منذ أيام ، والوحش الذكوري الذي إغتصب جسد طفل المعادي وأحدث به ثقبا أسود ينزف حتي اليوم ، أما دولة العلم والإيمان فقد أدت الي انتشار الخرافات والعفاريت والثعبان الأقرع وعذاب القبر ، وانطلقت النمور الدينية الإرهابية يلتهمون العقل المصري ، يحرقون الكنائس ، يزرعون الفتن والانقسامات ، يضربون حقوق النساء ، يفرضون الختان والنقاب علي الأطفال ، ويشجعون الرجال علي التعددية الجنسية واشباع النزوات داخل الزواج وخارجه ، وإمتلاك الإماء والجواري وملك اليمين ، وتوغل هذا الانغلاق الفكري في المدن والقري والنجوع ، في الدولة والأسرة ، في الاقتصاد والثقافة والتعليم ، أما التعددية الحزبية فقد أنتجت أحزابا كرتونية لم يعد لها أثر في يومنا هذا ، ونهشت أنياب الديموقراطية الحريات الفردية والجماعية أكثر مما تفعل الديكتاتوريات الشرسة ،
وكان يمكن للعبور الناجح الذي قام به الجنود المصريون في الأيام الأولي لحرب أكتوبر ، أن يحرر مصر كلها وليس فقط سيناء ، من التبعية والاحتلال ، لكن الحاكم ضرب الشعب ، في أوج الفرح ، بقرار منفرد ، أدي الي ثقب أسود في جسد النصر ، سمي “الثغرة” ، وبعد الفرحة ، غرقنا في الحزن والكمد ، علي ما يحدث في الضباب ، من وقف إطلاق النار ، الي مفاوضات الكيلو ١٠١ ، الي دخول مصر في ثقب أسود ، إسمه ” التفاوض لتسوية الصراع العربي الإسرائيلي ” ثم معاهدة السلام ، التي أدت لمزيد من الحروب والمفاوضات اللانهائية داخل الثقب الأسود ،
كنت في الزنزانة مع المحبوسات ، ومن الراديو الترانزيستور ، نتابع الحاكم يهدد بقطع أعناقنا ، ويخيم التشاؤم والإكتئاب علي الجميع ، فينتفض عملاق الأمل في أعماقي هاتفا : هو هيموت وإحنا هنخرج من السجن ،
وتتهكم إمرأة محجبة علي تفاؤلي الطفولي ، صارخة : الطاغوت هيقتلنا ، كانت متعصبة متشنجة ، تتهم السافرات بالكفر والإلحاد ، وتتهم زميلاتها الإسلاميات بعدم النطق الصحيح للقرآن ، وتشتبك يوميا في معارك عصابية ضارية ، حتي قررت جميع المسجونات مطالبة إدارة السجن بنقلها إلي عنبر آخر ،
وفي يوم إحتفاله بعيد نصره تم إغتيال الحاكم ، بسلاح القوي الدينية الإرهابية ذاتها التي دعمها بالمال والسلاح والاعلام ،
منذ التاريخ القديم ، يظل الشعب المصري أكثر ذكاءا وإبداعا من ملوكه وحكامه ، فالعقل المبدع لا يهدر وقته في السعي للحكم ، ولا يغير التاريخ إلا العقول المبدعة ، يستخدم أغلب الحكام إبداع الشعوب للتسلط والإثراء ، ثم يموت الحاكم ، وتبقي الشعوب أقوي من جيوشها المهزومة وحكامها الطغاة ، تغلب الشعب المصري علي جميع الغزوات و الهزائم التي جلبها ملوكه وحكامه بالداخل والخارج ، تغلب الشعب المصري علي هزيمة يونيو الكبري منذ تسعة وأربعين عاما ، وتغلب الشعب بثورته في يناير منذ خمسة أعوام علي حكم الاستبداد والفساد ، ثم تغلب في يونيو ، منذ ثلاثة أعوام فقط ، علي دكتاتورية الحكم الديني الإسلامي ، ترفض الشعوب الهزيمة بحكم الطبيعة والتاريخ والذاكرة والإبداع ،
يقوم الإبداع الشعبي علي الربط بين السياسة والحرب والاقتصاد والجنس والثقافة والتعليم والعلم والفلسفة والفن والدين والأخلاق ، لا تنفصل الحرب العسكرية عما يعقبها من نتائج إقتصادية سياسية إجتماعية ثقافية ، يلعب الزمن دورا في الكشف عن الهريمة أو النصر ، وتظل الرؤية ضبابية في الحاضر ، حتي يكشفها ضوء الماضي ،
