L’émissaire de l’ONU en Lybie s’accroche désespérément à l’idée qu’une sortie de crise est possible, alors que d’autres ont déjà tiré un trait sur l’État libyen, qui aurait depuis des mois déjà rejoint la Somalie sur la liste des « failed states ».
À deux reprises, lors de rencontres avec la délégation du parlement de Tripoli –rappelons que la Libye compte aujourd’hui deux gouvernements, sis à Tripoli et à Tobrouk, et deux parlements- et celle de la ville d’Al–Zawiyah (située au nord-ouest de la capitale et proche de la frontière tunisienne, et qui abrite un important terminal pétrolier, enjeu des combats entre les milices rivales), le représentant spécial et chef de la mission d’appui des Nations unies en Libye, Bernardino León, s’est refusé de qualifier les rebelles libyens de « miliciens terroristes ».
Encore faudrait-il savoir desquels, parmi les « rebelles libyens », il était alors question ; et ce que León considère comme élément « terroriste »…
Nommé à ce poste le 14 août 2014, Bernardino León demeure convaincu que la mise en œuvre de l’accord « de paix et de réconciliation », signé le 11 juillet à Skhirat au Maroc, amènera les milices qui se sont partagé le pays à mettre fin à l’état de chaos dans lequel la Libye est plongée depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011. L’émissaire onusien espère que les miliciens des clans rejoindront l’armée et les forces de sécurité qui respectent les principes de la démocratie ou retourneront tout simplement à la vie civile… « Les rebelles sont engagés dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, autant qu’ils veulent empêcher le retour de la dictature. »
L’accord de Skhirat contient des dispositions précises qui prévoient la restructuration des institutions de sécurité sous l’autorité du pouvoir exécutif libyen reconnu par la Communauté internationale (à savoir le gouvernement de Tobrouk/Al-Beïda) ; les « milices » de Tripoli devraient ainsi retirer leur soutien au « gouvernement » qu’elles ont promu et qui siège dans la capitale et intégrer les forces de sécurité ou l’armée fidèles au « gouvernement légal », issu des élections de 2014 –non reconnues par les milices islamistes « modérées » de Tripoli. L’accord –auquel le gouvernement de tripoli n’a pas participé et qu’il n’a pas ratifié- dessine également les mécanismes de prise de décision jusqu’à l’adoption d’une nouvelle constitution…
Le vœu pieux de l’émissaire onusien se passe de tout commentaire : « Il y a une nécessité urgente pour que les militaires, les officiers de police et les miliciens rebelles se mettent d’accord sur la mise en application des dispositifs de sécurité provisoires et les renfoncent, par la voie du dialogue et la création d’un environnement sûr et sécurisé à Tripoli, Benghazi et sur l’ensemble du territoire, pour qu’un gouvernement d’union nationale puisse exercer ses fonctions sans violence ou menace. »
Cependant, l’homme rêve tout éveillé : les milices du mouvement Fajr Libya (« Aube de la Libye »), qui soutiennent le Congrès national général (CNG), le parlement de Tripoli, et le gouvernement qui en est issu, ont rejeté l’accord de sortie de crise sous sa forme actuelle, un accord que leurs leaders dénoncent comme un diktat en tout favorable au gouvernement de l’est (Tobrouk/Al-Beïda).
L’émissaire de l’ONU a donc appelé le parlement de Tripoli à assumer ses responsabilités et à cesser cette tergiversation politique, sans quoi il doit s’attendre à faire face à des sanctions sévères…
Hilarité sur les bancs du CNG dans l’(ex)-capitale libyenne…
Ainsi, la crise politique se poursuit en Libye, de même que la guerre… civile…
Sur le terrain, les milices de Fajr Libya et celles du gouvernement… « légal »… sont confrontées à des défis croissants, avec notamment la prise de contrôle de la ville de Syrte par l’État islamique, qui marche dorénavant sur Misrata, située à l’est de Tripoli, et sur Ajdabiya, à l’ouest de Benghazi (où sont implantés les terminaux du « croissant pétrolier »).
Par ailleurs, des affrontements ont lieu, de temps en temps, à Tripoli et dans d’autres villes du pays, entre les miliciens « non-terroristes » de Fajr Libya et des éléments « non-terroristes » de l’armée des tribus fidèles au général Khalifa Haftar, aujourd’hui rentré dans le rang. Mais, cela…
C’est une autre histoire.
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