La situation administrative et sécuritaire dans les Territoires palestiniens, équilibre précaire mais qui dure, est le résultat d’une dynamique historique impliquant l’État d’Israël, les colons juifs, la population palestinienne arabe, les autorités palestiniennes officielles et des puissances étrangères, notamment les États-Unis.
En 1967, à la suite de la guerre des Six-Jours, Israël conquiert et occupe la bande de Gaza, le Sinaï, le Golan et la Cisjordanie.
La première vague de colonies de peuplement juives est destinée à assurer la sécurité d’Israël à ses nouvelles frontières. Il s’agit du plan « Allon », qui prévoit, d’une part, des implantations le long de la frontière jordanienne, dans des zones peu peuplées, et, d’autre part, des colonies proches de la Ligne verte (ligne d’armistice de 1950) et, surtout, situées sur les flancs de Jérusalem, dont Israël a annexé la partie est.
À partir de la guerre du Kippour (1973), et surtout après 1977, le développement d’un sionisme non plus nationaliste mais religieux entraîne la création de nouvelles implantations sur tout le territoire palestinien, y compris sur les terres densément peuplées d’Arabes. Le parti Goush Emounim (Bloc de la Foi) est ainsi à l’origine des implantations, en 1975, d’ Ofra, au nord de Ramallah, et de Kfar Kaddoum, près de Naplouse.
Encouragées par les gouvernements de droite (parti du Likoud) et non stoppées (bien que partiellement freinées) par les gouvernements travaillistes, les colonies n’ont jamais cessé de se développer, se chiffrant désormais à près de 300.000 colons en Cisjordanie, et 185.000 à Jérusalem-Est.
Les tensions liées à l’occupation et à la colonisation ont mené au soulèvement palestinien, la première Intifada (la « Guerre des pierres », en 1987), qui a été suivi par les Accords d’Oslo (1993) et Oslo II (1995).
Ces accords ont abouti à l’affirmation d’une « Autorité palestinienne » qui exerce un contrôle partiel sur la population palestinienne, en répartissant les Territoires entre trois zones : la première (A) est entièrement contrôlée par l’Autorité palestinienne et constituée des zones urbaines principales ; une deuxième (B), dont l’administration est assurée par l’Autorité palestinienne, mais dont la sécurité est gérée conjointement avec les Israéliens ; et la zone C, entièrement contrôlée par Israël (or, la zone C représente près de 70% du territoire de la Cisjordanie).
En 2000 et 2001, les plans de partage plus ambitieux négociés à Camp David II et Taba sont rejetés par les Palestiniens ; le déclenchement, en 2000, de la seconde Intifada conduit alors au gel du processus de paix d’Oslo.
En 2004, le premier ministre (Likoud) Ariel Sharon décide unilatéralement l’évacuation des colonies de Gaza et 8.000 colons sont déplacés, afin notamment d’augmenter l’emprise israélienne sur la Cisjordanie. Il décrète par ailleurs la construction d’un mur de séparation, dont l’objectif officiel est de réduire les attaques terroristes contre Israël et les colonies, lequel matérialise la frontière d’un État d’Israël en expansion.
Le processus de paix et d’autonomisation des Palestiniens n’a depuis lors plus évolué, tandis que le développement des colonies juives se poursuit sous la conduite des gouvernements israéliens successifs, l’Autorité palestinienne refusant de reprendre les pourparlers tant que cette politique expansionniste est en vigueur.
Ces colonies sont réparties sur tout le territoire palestinien, mais connaissent des fortunes diverses. Les plus développées sont situées le long de la Ligne verte, telle la colonie de Modi’in Illit, la plus importante, avec plus de 65.000 habitants. De même, les colonies situées tout autour de Jérusalem, pour enclaver la ville mythique, ainsi que les quartiers juifs de Jérusalem-Est ont vu leur population augmenter fortement. Ailleurs, et peut-être à l’exception de la colonie d’Ariel, protégée partiellement par un mur, les colonies n’ont connu qu’un développement modeste, notamment celles du plan Allon, en Cisjordanie, qui ne comptent chacune que quelques centaines d’habitants au mieux. La difficulté de créer une activité économique dans ces lieux hostiles, de même que l’incertitude matérialisée par l’absence d’un mur de protection, a sans doute contribué à cet état de fait.
Le contrôle par Israël du territoire par les colonies est doublé par un contrôle des routes qui relient les colonies entre elles, ainsi que des axes principaux. Ces routes sont généralement situées en zone C et sont ponctuées de check-points militaires ; elles slaloment entre les zones contrôlées par l’Autorité palestinienne et les isolent les unes des autres, augmentant la difficulté pour les populations palestiniennes de circuler d’un territoire à l’autre.
Malgré ces difficultés, il convient de remarquer que la Cisjordanie, à l’inverse de Gaza, a connu ces dernières années un calme relatif et a vu son économie se développer substantiellement.
La situation administrative et sécuritaire actuelle dans les Territoires palestiniens, issue des Accords d’Oslo, constitue un équilibre précaire, dans lequel Israël tente de conserver ses objectifs sécuritaires tout en refusant d’abandonner sa vision d’un grand-Israël, mais relâche en même temps son emprise sur les Palestiniens pour permettre à ces derniers de subvenir à leurs besoins vitaux et de développer leur économie. Toutefois, la position de sous-citoyenneté dans laquelle se trouve la population palestinienne porte en elle les germes de futurs conflits, si une solution négociée ne voie enfin le jour.
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An english translation:
The administrative and security situation in the Palestinian Territories, a precarious balance that that continues to hold, is the result of a historical dynamic involving the State of Israel, the Jewish settlers, Palestinian Arab population, the official Palestinian authorities, and foreign powers, including the United States.
In 1967, following the Six Day War, Israel conquered and occupied the Gaza Strip, the Sinai, the Golan Heights, and the West Bank.
The first wave of Jewish settlements was intended to ensure Israel’s security in its new borders. This was the “Allon” plan, which provided for the settlements along the Jordanian border, in sparsely populated areas, as well as the settlements near the Green Line, (line ‘1950 armistice) especially those located on the slopes of Jerusalem, the eastern part of which Israel had annexed.
From the Yom Kippur War (1973), and especially after 1977, the development of a Zionism that was no more nationalistic than religious, resulted in the creation of new settlements throughout the Palestinian territory, including in the densely populated Arab lands. The party Gush Emunim (Bloc of the Faith) was at the forefront of the settlement movement in 1975, opening up Jewish settlement in Ofra, north of Ramallah, and Kfar Kaddoum near Nablus.
Encouraged by right-wing governments (Likud party) and not stopped (although partially braked) by Labour governments, the settlements have continued to grow now totaling nearly 300,000 settlers in the West Bank and 185,000 in East Jerusalem.
Tensions related to the occupation and colonization led to the Palestinian uprising, known as the first Intifada (the “stones of War” in 1987), which was followed by the Oslo Accords (1993) and Oslo II (1995 ).
These agreements have resulted in the affirmation of a “Palestinian Authority” that exerts partial control over the Palestinian population, and divided the territories into three zones: the first (A), which is fully controlled by the Palestinian Authority and incorporated areas major urban; a second (B), which is administered by the Palestinian Authority, but whose security is managed jointly with the Israelis; and Area C, which is entirely controlled by Israel (gold, Area C represents nearly 70% of West Bank territory).
In 2000 and 2001, the most ambitious sharing plans negotiated at Camp David II and Taba were rejected by the Palestinians; and the outbreak in 2000 of the second Intifada then led to the freezing of the Oslo peace process.
In 2004, Prime Minister (Likud) Ariel Sharon unilaterally decided to evacuate the Gaza settlements and consequently 8,000 settlers were displaced, a move designed to increase the Israeli hold on the West Bank. He also decreed the construction of a wall of separation, the official goal of which was to reduce the terrorist attacks against Israel and the settlements. The wall now forms the borderline of an expanding state of Israel.
While the peace process and empowerment of the Palestinians has failed to move forward since then, the development of Jewish settlements continues under the leadership of successive Israeli governments. Currently, the Palestinian Authority has refused to resume talks while this expansionist policy is in force.
These colonies are spread throughout the Palestinian territory, but have encountered mixed fortunes. The most developed settlements are located along the Green Line, such Modi’in Illit, which is the largest, with more than 65,000 residents. Similarly, the settlements located around Jerusalem, aimed to enclose the religious city, and Jewish neighborhoods in East Jerusalem both saw their population increase sharply. Elsewhere, with perhaps with the exception of the Ariel settlement, which is partially protected by a wall, the settlements have seen only modest development, including those of the Allon Plan, in the West Bank, which each have a few hundred people at the most. The difficulties of supporting economic activity in these hostile places, likewise the uncertainty related to the absence of a protective wall, have without a doubt contributed to this situation.
Israeli control of the territory by the colonies is strengthened by the control of the roads linking settlements to each other and to other main roads. These roads are usually located in Area C and are punctuated by military checkpoints; they slalom between areas controlled by the Palestinian Authority and isolate them from each other, making it difficult for the Palestinian people to move from one territory to another.
Despite these difficulties, it should be noted that the West Bank, unlike Gaza, has in recent years maintained relative calm and seen its economy grow substantially.
The current administrative and security situation in the Palestinian territories after the Oslo Accords is a precarious balance in which Israel tries to maintain its security objectives while refusing to abandon its vision of a large-Israel. At the same time it has also released its grip on the Palestinians to allow them to meet their basic needs and to develop their economies. However, the position of the Palestinian population as sub-citizens will be the root of future conflict if a negotiated solution ever sees the light of day.