Le politiquement correct qui prévaut dans le courant médiatique dominant n’a laissé que peu d’espace d’expression (voire aucun) aux partisans de l’État islamique (EI), auquel l’Occident a déclaré la guerre en août 2014.
La rédaction du Courrier du Maghreb et de l’Orient a toujours estimé qu’il était non seulement utile et nécessaire à l’information de ses lecteurs, mais également déontologiquement impératif de donner la parole aux Salafistes adeptes du djihad armé et supporteurs de l’EI. Notre reporter Pierre Piccinin da Prata avait à l’époque rencontré des partisans de la cause djihadiste, à Paris et à Bruxelles, ainsi qu’un imam d’obédience salafiste, lesquels avaient eu l’opportunité d’exprimer leur point de vue sur les événements et d’exposer librement leurs motivations.
À l’heure où les derniers bastions du Califat ont été reconquis en Syrie et en Irak, le CMO a donc choisi de diffuser l’interview d’un combattant de l’État islamique, contacté par notre envoyé spécial et rencontré dans la bourgade d’Hawi al-Hawa, dans la région de Raqqa.
Parti d’Europe pour la Syrie à la fin de l’année 2012, Ismail a d’abord combattu dans les rangs de Jabhet al-Nosra (la branche syrienne d’al-Qaeda), avant de rejoindre l’État islamique au printemps 2014.
Cet entretien, réalisé en août 2017, a été rendu possible grâce à la coopération de proches du djihadiste, lesquels ont régulièrement communiqué avec ce dernier. Pour des raisons évidentes de protection des sources, les noms des personnes impliquées ne sont pas révélés dans l’interview ; les détails et les lieux relatifs à la préparation de cet entretien ne seront pas non plus mentionnés.
La rédaction tient à préciser que son envoyé spécial n’a pas pénétré le territoire encore sous le contrôle de l’EI. L’extrême porosité de la ligne de front a en revanche permis à Ismail de le rejoindre à Hawi al-Hawa, zone déjà libérée par les Forces démocratiques syriennes (FDS – majoritairement kurdes).
Les première et deuxième parties de cet entretien exceptionnel ont été publiées dans les éditions de juillet-août et septembre-octobre 2017 du Courrier du Maghreb et de l’Orient.
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Pierre PICCININ da PRATA – Maintenant que tu as expliqué l’approche que vous, les combattants de l’État islamique, vous avez de l’Islam, je voudrais te poser quelques questions sur ce que, en fin de compte, tout le monde ignore : comment vit-on dans le Califat ? Mais, tout d’abord, quelle fonction exerces-tu exactement dans l’armée de l’EI ? Quelles sont tes tâches quotidiennes ?
Ismail – J’ai principalement été affecté à l’entraînement des nouveaux arrivants. Avant de les envoyer combattre les ennemis de l’Islam, nous donnons une formation très poussée à nos frères qui nous rejoignent pour le djihad.
Mon rôle, c’était de leur apprendre à se familiariser avec les armes, d’utiliser et d’entretenir correctement une kalachnikov, par exemple. Puis, aussi, de les habituer à ce qu’ils allaient trouver lors des combats, ce à quoi ils allaient être exposés, comme les tirs, le bruit des explosions… On s’entraîne avec des tirs réels ; on répète l’entraînement, encore et encore, jusqu’à ce que tout cela ne constitue finalement plus qu’une sorte de routine… Bien sûr, j’ai aussi combattu, sur le front. J’ai combattu à Kobanê, et dans d’autres lieux… Il n’y a pas de planqué, dans nos rangs : tout le monde participe à l’effort, tout le monde combat.
PPdP – Autre petite question préalable : les étrangers sont-ils nombreux dans vos rangs ? Quelle proportion d’Européens par rapport aux autochtones ?
Ismail – Il n’y a pas « d’étrangers »… Nous sommes tous des citoyens de l’État islamique. Nous faisons tous partir de l’Oumma… La communauté des croyants.
Mais je comprends ce que tu veux dire, et je te réponds franchement : quand j’entends ce que prétendent les médias occidentaux ou russes, j’ai l’impression qu’ils veulent faire croire que tous les combattants de l’État islamique sont des « fanatiques » venus d’Europe ou d’Amérique, ou de Tchétchénie… C’est complètement faux. La majorité de nos combattants sont des Arabes : des Syriens, des Irakiens, issus des populations locales qui nous soutiennent… Des personnes venues du Maghreb… Je ne sais pas exactement quelle proportion de combattants venus d’Europe ou des États-Unis sont ici avec nous, mais c’est clairement moins de 10%.
PPdP – Toi-même, comment as-tu été recruté, pour faire le djihad en Syrie ?
Ismail – Recruté ? Je n’ai pas été « recruté ». J’ai choisi de partir, seul, sans même que personne ne me le suggère. C’était mon devoir de Musulman : le Coran est explicite, il n’y a pas à tergiverser ; c’est évident. Cette histoire de « recrutement », c’est encore de la propagande occidentale contre l’État islamique. Oui, bien sûr… Il y a des filières pour faciliter les démarches de ceux qui veulent nous rejoindre, pour le djihad, pour l’Islam. Mais on ne lave pas le cerveau des gens, on ne les piège pas : ceux qui sont ici, c’est parce qu’ils savent que c’est leur devoir de Musulmans, et ils sont ici volontairement. Et s’ils veulent repartir, on ne les en empêche pas, ils sont libres ; ça, c’est encore des mensonges de la propagande occidentale. D’ailleurs, certains repartent en Europe ou dans leur famille au Maghreb, puis ils reviennent ici pour reprendre le combat.
Dans mon cas, j’ai beaucoup prié, réfléchi… Quand j’ai été décidé, ça a été facile… On savait tous, à la mosquée, à qui il fallait s’adresser. Pour avoir les contacts… J’ai pu rencontrer un frère, on a parlé quelques fois ensemble, et très vite il m’a dit où je devais aller et qui appeler une fois sur place…
PPdP – Lorsque tu as pris cette décision, tu en as parlé à des proches ? Des amis ? Tes parents ? Comment ont-il réagi ?
Ismail – Je m’en suis ouvert uniquement à deux amis ; deux personnes de confiance qui pouvaient me comprendre et savaient de quoi il retournait. Je veux dire qu’ils connaissent l’Islam, l’Islam véritable, et savent que le Coran ordonne aux Musulmans de combattre pour le défendre. Ce sont deux amis qui n’allaient pas me trahir.
Ils ont essayé de me dissuader, parce qu’ils ne sont pas très impliqués par rapport à l’Islam. Ils sont Musulmans tous les deux, mais… Ils n’y croient pas vraiment… On a beaucoup discuté ; on a relu les versets du Coran qui ordonnent le djihad… Ils ont bien dû admettre que j’étais dans le droit chemin de l’Islam, mais, eux, ils n’ont pas eu la foi nécessaire pour le suivre. Alors, ils m’ont laissé partir.
Mes parents, en revanche… Non, je ne leur en ai pas parlé. Ils auraient tout fait pour m’empêcher de partir… Ils sont musulmans, mais peu pratiquants… Comme beaucoup de Musulmans en Europe, qui ne croient plus vraiment en Dieu et évitent de trop réfléchir à leur religion… Par crainte de se rendre compte que leur comportement est contraire à l’Islam.
Après mon départ, je les ai appelés… Ils n’ont pas tout de suite compris ce que je faisais… Mais on est resté en contact. Je leur ai expliqué que ce qui se passait ici n’avait pas grand-chose à voir avec ce que la presse et les gens disent en Occident, et que nous ne sommes pas des « monstres ». Ils ont compris…
PPdP – Et ils sont donc désormais d’accord avec ta démarche ?
Ismail – Je ne dis pas qu’ils m’encouragent… Non… Et bien sûr, ma mère, ma mère surtout, elle est inquiète pour moi… Comme, je suppose, le sont toutes les mères qui savent leur fils à la guerre… Mais elle a compris. Mon père aussi. Ils savent que je me conforme au Coran, à notre religion, et ils n’écoutent plus les dévoyés qui se cachent derrière le mensonge généralisé pour nous traiter de « monstres » et de « fous ».
Mon père est venu me voir, une seule fois… Ce n’est pas facile de passer la frontière turque ; c’était assez simple au début, mais plus maintenant… Il a pu se rendre compte de la manière dont nous vivons ici : on n’égorge pas les gens comme on le dit à la télévision française, on ne mange pas les bébés et on ne viole pas les femmes ; notre vie est simple et pieuse, et finalement elle est tout à fait normale. Il a vu que la population nous soutient, nous apprécie, qu’on ne terrorise pas les gens, qu’on vit normalement ici ; mais c’est logique, en fait, puisque la plupart de nos combattants sont issus des villes et des villages de Syrie et d’Irak, et ils vivent ici avec leur famille, leurs parents, leurs cousins… Bref… Il a réalisé ce que c’est, en vérité, l’État islamique : un État normal, où les gens vivent en paix, et en respectant les règles de l’Islam.
Mon père m’a dit : « Je comprends. Pourquoi un pays où vivent des Musulmans ne pourrait-il pas appliquer le Coran et la Charia ? En France, ils appliquent bien leur ‘laïcité’… »
Oui, ils ont compris… Notre cause est juste. Mais ils ont peur pour moi, car le monde entier, aujourd’hui, s’est dressé contre l’Islam, y compris tous les faux Musulmans.
Ici, nous sommes libres de vivre notre foi ; ici, c’est chez nous. En Europe, on ne peut pas vivre en véritables Musulmans. C’est tout simplement impossible.
PPdP – Peux-tu me donner quelques détails sur la manière dont tu as réussi à rejoindre la Syrie ?
Ismail – Il n’y a pas de secret… J’ai pris l’avion pour Istanbul, tout à fait normalement, comme le font chaque année des milliers de touristes… J’avais pris un aller-retour, comme on me l’avait conseillé, pour ne pas risquer d’attirer l’attention… Puis, j’ai pris les transports en commun, jusqu’à un village à la frontière turque. Des frères m’y attendaient et on est parti ensemble pour la Syrie. Les Turcs nous ont laissé passer ; aucun souci.
PPdP – Pour quelle raison as-tu décidé de quitter Jabhet al-Nosra et de rejoindre l’État islamique ?
Ismail – C’était dans la logique des choses. Quand un calife s’est dressé, qui a appelé tous les combattants du djihad à s’unir et tous les Musulmans à se lever pour l’Islam… Comment serais-je resté avec ceux qui prônent la division ?
Et puis… Jabhet al-Nosra a bien agit, mais son objectif est incomplet. Il n’est pas cohérent avec le Coran. Le seul but à atteindre, c’est la restauration du Califat. Jabhet al-Nosra n’avait pas cet objectif-là.
L’appel du Calife Ibrahim… C’était notre chance. La chance des Musulmans. Celle de l’Islam. J’espère que nous ne l’avons pas manquée. Je suis sûr que Dieu nous donnera la victoire… Un jour ou l’autre… J’espère que ceux qui sont restés assis à regarder le Califat se faire attaquer ne le regretteront pas amèrement… Vraiment, je l’espère pour eux.
Je n’ai rien à ajouter.
PPdP – Comment se passe ta vie, au quotidien ? Tu t’es marié ? Tu mènes une vie de famille ?
Ismail – Je vais peut-être te décevoir, car je n’ai rien de très original à te donner… Comme je te l’ai déjà dit, la vie est normale. Elle l’était jusqu’il y a peu… Enfin… En dehors du front, bien sûr… Même assez banale, et beaucoup, beaucoup plus calme qu’en Europe.
Je suppose que, dans la tête des gens, en Europe, il y pas mal de fantasmes qui se côtoient, et certainement beaucoup d’images qui se bousculent… Des fantasmes et des images induites par vos médias de masse, qui mentent…
Mais, ici, c’est comme partout ailleurs. Les gens ont leur métier, ils travaillent pour vivre. Les enfants vont à l’école… Je suis marié, oui… Et ma femme va au marché… Nous y allons souvent ensemble ; c’est notre sortie quotidienne, notre distraction… On y encontre nos amis, on discute de tout et de rien… C’est une vie beaucoup plus sociable et conviviale qu’en Europe où tout le monde reste enfermé dans sa voiture, son bureau, sa maison… Nous habitons Raqqa, nous y avons acheté un petit appartement, que ma femme a bien décoré. Elle est syrienne… Et nous y vivions avec nos deux enfants. J’ai une fille de trois ans et un garçon ; il a eu trois mois hier… J’ai une voiture, une Ford ; et nous allons de préférence faire nos achats dans un village voisin, les prix sont plus intéressants… Voilà. Rien d’extraordinaire.
Mais bien sûr, toute notre vie, ici, est tournée vers Dieu. Quand je ne suis pas sur le front, je respecte les cinq prières quotidiennes ; je vais à la mosquée de mon quartier quand le muezzin appelle. On pourrait croire que c’est une contrainte, mais non… Pour celui qui porte Allah dans son cœur, pour celui qui aime l’Islam, c’est un bonheur rafraîchissant de chaque jour.
Quand je vais à la mosquée, avec mes frères, je suis heureux. Quand je respecte la loi, je suis heureux. Quand je me bats pour défendre tout cela, je suis heureux.
On se réunit avec nos voisins et nos amis pour toutes les fêtes religieuses. C’est chaque fois une grande joie. C’est ça, l’État islamique : la vie dans le sein de l’Islam. Entre Musulmans. C’est ça que l’Occident athée essaie de détruire.
Les choses ont bien sûr changé, depuis que les Occidentaux sont venus nous bombarder avec leurs avions de guerre. Ils tuent nos femmes et nos enfants ; ils détruisent nos maisons. Ils tuent beaucoup de civils. Pourquoi font-ils cela aujourd’hui ? Quand c’était Assad et son abominable dictature qui régnaient ici, les Occidentaux ne bombardaient pas.
PPdP – À propos des « images » que l’on a en tête en rapport avec l’État islamique, il y a quand même quelques scènes atroces, et les exécutions d’otages… De journalistes notamment… Je pense en particulier à James Foley, ce jeune photographe freelance que vous avez égorgé. Je le connaissais… C’était un brave type… Qu’avait-il fait contre le Califat pour finir comme ça ? Tu cautionnes cela ?
Ismail – C’est dur, la guerre… Je regrette pour ton ami… Vos avions tuent des milliers de civils syriens et irakiens. Tu as vu ce qu’ils ont fait à Mossoul ? Ils ont rasé la ville, dans l’indifférence générale de vos médias, de vos journalistes, de vos politiciens, de vos opinons publiques… Et tu viens me parler d’un seul homme que nous avons égorgé ?!
Oui, ça apparaît cruel et monstrueux.
Mais c’était une opération stratégique : terroriser nos ennemis. Ça a marché, contre les Kurdes par exemple : ils ont vu les vidéos de nos attaques sur Youtube et les photos des quelques ennemis égorgés. Du coup, quand on attaquait leurs positions, ils détalaient comme des lapins… Les grands héros ! Ils disaient qu’ils trompaient la mort ! On a vu ça ! On a pris Mossoul avec moins de mille hommes seulement armés de kalachnikovs, contre 60.000 soldats chiites et 10.000 Peshmergas ! Ils se sont tous enfuis en nous abandonnant tout leur matériel, toutes leurs armes. Si le monde entier ne nous avait pas attaqués, parce que les athées d’Occident ont eu peur de nous… On aurait libéré toutes les terres d’Islam !
Voilà comment d’un petit mal, est né un grand bien.
PPdP – Et le pilote jordanien que vous avez brûlé vivant dans une cage de fer ?
Ismail – Encore une fois, il ne s’est agi que d’un seul homme… Contre les milliers de civils que vous avez tués à Mossoul et que vous êtes en train de tuer à Raqqa. Contre tous ceux que ce pilote a lui-même tués et brûlés avec le feu de ses bombes !
C’était pour envoyer un message : attention ! Si on prend un de vos soldats impies, voilà ce qui lui arrivera ! Et ça a marché ! Aucun gouvernement occidental n’a osé envoyer son armée ici.
Et aussi… Cet homme se disait musulman, et il combattait l’Islam en s’étant associé aux ennemis athées occidentaux. Il méritait ce châtiment. Dans le passé, le Calife bien guidé Abou Bakr le Juste a appliqué ce châtiment aux apostats.
Ce pilote a tué des Musulmans. Il s’est comporté comme les porcs alaouites, les Chiites, qui ont violé les femmes dans les villages sunnites qu’ils ont attaqués ! Il a été puni !
PPdP – Vous, vous avez violé des « esclaves » yézidies…
Ismail – Nous n’avons « violé » aucune femme. Mais il est vrai que l’Islam permet l’esclavage.
Moi, je n’ai de rapports qu’avec mon épouse, et je ne possède pas d’esclave. Quelques-uns de mes frères en possèdent. Au début, ça me dérangeait. Mais c’est parce que j’avais l’esprit trop encombré par les valeurs des Occidentaux athées.
Le Coran dit que les femmes musulmanes épousées doivent être respectées, mais il permet au mari de jouir des esclaves qu’il possède [ndlr : Coran, 33, 52]. Il ne s’agit donc pas de viol. Un Musulman a le droit de posséder des esclaves et d’avoir des rapports sexuels avec elles, même s’il est marié [ndlr : Coran, 5, 43]. Et pendant la guerre, il a le droit de capturer chez l’ennemi des esclaves femelles pour son plaisir [ndlr : Coran, 4, 24].
Tu es choqué ?!
C’est la loi de Dieu ! Et il n’y a aucun mal à s’y conformer.
Si tu penses le contraire, c’est que tu ne crois pas en Dieu. Celui qui s’oppose à cela s’oppose à la loi divine et au saint Coran, et à la parole rapportée par le Prophète Mohamed (la paix et la bénédiction soient sur lui).
PPdP – Les massacres de Chrétiens…
Ismail – On n’a pas massacré les Chrétiens ! Ça, c’est une invention de vos journalistes, et qui a fait le tour du monde. On n’a attaqué les Chrétiens que lorsqu’ils nous ont combattus. Mais les Chrétiens sont restés libres. Le Coran les protège. Ils sont les « Gens du Livre », et s’ils paient le petit impôt de la soumission, on les protège et ils peuvent continuer à vivre normalement dans l’État islamique.
La preuve du mensonge de vos médias, c’est que beaucoup de Chrétiens vivent dans l’État islamique aujourd’hui encore. Beaucoup se sont enfuis, au début, parce qu’ils ont cru tout ce que les médias occidentaux disaient. Mais, après, leurs parents qui étaient restés dans l’État islamique les ont appelés pour leur dire qu’ils pouvaient revenir ; et beaucoup sont revenus, ils ont rouvert leurs commerces, et la vie a repris comme avant.
PPdP – Sur ce point, je confirme que c’est exact. Je ne t’ai posé la question que dans le dessein de te permettre de clarifier les choses.
Concernant les attentats commis en Europe et ailleurs en Occident, par la cellule de Paris-Bruxelles ou encore par ces sympathisants de l’EI qui s’improvisent combattants du Califat… Est-ce permis par l’islam de tuer ainsi des innocents, au hasard ?
Ismail – Quel hasard ? Quels innocents ?
Jamais les combattants du Califat n’ont frappé un pays avant que son gouvernement ne nous ait d’abord attaqués.
Mais je pourrais encore une fois te répondre en te demandant combien d’innocents l’Occident a tués, en Irak par exemple, ou en Afghanistan ou en Libye. Si tu fais le compte, le nombre apparaîtra énormément plus élevé que les quelques dizaines de morts que nos frappes ont faites en Europe.
Mais ce n’est pas la question ; et ce serait admettre que nous commettons les mêmes crimes que vous, ce qui n’est pas le cas.
Le fait, c’est que nous ne tuons pas d’innocent. L’Islam l’interdit.
Vos pays, ce sont des démocraties. Les personnes qui sont mortes dans nos répliques à vos bombardements, ce sont des citoyens qui décident de ce que font vos gouvernements. Dans une démocratie, les citoyens votent et choisissent le gouvernement. Aucun citoyen n’est donc innocent de ce que fait son pays.
Vous nous attaquez, et vous vous étonnez et vous pleurnichez parce qu’on vous frappe en retour ? Nous sommes des êtres humains, comme vous ! Et nous nous défendons ! Les agresseurs, c’est vous !
PPdP – C’est très théorique… Les gouvernements, une fois élus, agissent souvent indépendamment de la volonté des peuples.
Ismail – Si vous n’êtes pas d’accord avec votre gouvernement lorsqu’il tue des innocents en masse, pourquoi votre peuple n’envahit-il pas les rues des villes en exigeant la démission des responsables ? Ils utilisent l’argent de vos impôts et agissent en votre nom. Pourquoi exigez-vous des Musulmans qu’ils manifestent contre l’État islamique en élevant au-dessus de leur tête des panneaux « pas en mon nom », alors que vous acceptez que votre gouvernement tue mon peuple en votre nom ? Vous n’êtes pas innocents !
On n’a vu aucune manifestation contre le massacre de la population de Mossoul par vos F-16 et vos Rafales ! Non ! Vous n’êtes pas innocents !
PPdP – Que répondez-vous à ceux qui vous disent que ces attaques ont tué aussi des Musulmans ?
Ismail – Nous ne tuons pas de Musulmans. Les Musulmans ne vont pas au Bataclan écouter de la musique impie et interdite par les Hadiths pendant que leurs frères risquent leur vie pour la foi.
Les Musulmans ne s’amusent pas sur la Promenade des Anglais à Nice pendant que leurs frères se battent pour défendre l’Islam.
Les Musulmans ne vont pas faire la fête au feu d’artifice du 14 juillet alors que la France attaque et bombarde l’État islamique.
Tu vois : il n’y avait aucun Musulman dans ces lieux que nous avons attaqués pour riposter à la guerre que nous font les mécréants.
Une personne qui se dit ou se croit musulmane et qui décide de demeurer en dehors du Califat se met elle-même en danger. Dans un premier temps, elle accepte le mode de vie des mécréants au lieu de revenir à la terre de l’Islam. C’est ce qu’on appelle la hijra, l’imigration en terre d’Islam.
C’est-à-dire qu’elle accepte de renoncer à l’intégrité de son identité de Musulman. Bien sûr, elle peut s’affirmer musulmane, mais cette perspnne ne peut pas pleinement vivre en harmonie avec sa religion ; en France, les autorités tolèrent l’Islam tant qu’il ne déborde pas le format dans lequel il a été limité.
Si un Musulman veut s’accomplir en respectant parfaitement les préceptes de l’Islam dans toutes leurs exactitudes et obligations, il se heurtera à la loi. Mais, surtout, ces gens qui se disent musulmans n’accomplissent pas leur devoir de Musulman ; ils ne défendent pas le Califat qui est attaqué par les ennemis de l’Islam. Et ils se cachent derrière des paroles creuses et ineptes : « l’Islam interdit de tuer des gens » ; « ces terroristes ne sont pas des Musulmans » ; « ils ne connaissent pas le Coran » ; « ils se font sauter parce qu’ils ont la haine des gens » ; etc. S’ils ouvraient une fois dans leur vie le Coran, ils se rendraient compte de ce à quel point ils sont ignorants et grotesques.
PPdP – Et… Pourquoi tes frères se font-ils sauter ?
Ismail – Parce que nous n’avons ni porte-avions, ni F-16, ni Rafales pour riposter à vos attaques.
Mais nous avons des héros, qui ont une foi parfaite. Ils se sacrifient pour l’Islam. Ils vont eux-mêmes porter les bombes dans vos villes, avec leurs bras et leurs jambes, pendant que vous, vous tuez nos enfants en jetant vos missiles de très haut depuis le ciel, sans prendre de risque.
Priez, dès lors, pour que nous n’ayons jamais les mêmes armes que vous ! Le jour où nous aurons ces armes, nous ferons ce que vous avez fait à Mossoul et à Raqqa ; et Paris et Bruxelles seront rasées. Et Londres, et Washington. Comme vous l’avez fait à Mossoul !
Nous avons le droit d’exister, dans notre pays, avec nos propres lois, celles du Coran, la Charia, la Sunna. Nous sommes ici chez nous ; nous combattons al-Assad, un corps étranger à cette contrée, et ceux qui le supportent, directement, les Russes et les Chiites d’Iran, et ceux qui l’aident, indirectement, les stalinistes kurdes.
PPdP – Et Maintenant ? L’État islamique est vaincu, il va disparaître. Mossoul est déjà reconquis par les Irakiens et Raqqa tombera dans quelques semaines. Qu’allez-vous devenir ?
Ismail – Le Califat n’est pas vaincu. L’ennemi a repris des villes et du sable. Mais tout continue, avec le soutien de la population. Les gens, ici, ont vécu libres, dans l’État islamique. Un retour en arrière ne sera pas facile à imposer…
Ce n’est qu’une bataille de perdue et l’État islamique demeure : c’est l’Oumma ; et la guerre contre les mécréants qui nous assaillent et nous attaquent reprendra ailleurs, en Lybie, au Sahel… Certes, certains sont découragés par les derniers événements. Mais d’autres demeurent sûrs de leur foi.
Nous faisons une guerre qui est vraiment sainte, aux nantis, aux corrompus ; c’est aussi une révolution ! C’est la guerre contre les pêcheurs et les mécréants ! Si nous nous battons, c’est parce qu’il y a une raison à cela… Ce n’est pas par plaisir.
Se battre, c’est difficile, c’est dur, c’est épuisant… Mais il faut se battre pour rétablir les lois de Dieu, données par la parole au Prophète Mohamed (la paix et la bénédiction soient sur lui).
Les prétendus « Musulmans », de par le monde, sont devenus oublieux des lois données par le Prophète (la paix et la bénédiction). Ceux qui se prétendent « musulmans » ne respectent plus ses lois ; ils n’obéissent plus aux lois de Dieu.
Nous avons eu des pertes… Les Martyrs… C’est une grande fierté mais aussi une immense souffrance pour leur famille. Vous, vous croyez qu’ici on se réjouit quand un homme meurt. Mais, non… Sa femme et ses enfants le pleurent, ses amis aussi. Nous saignons, comme vous. Mais, ici, nous sommes chez nous, et les ennemis, ceux qui tuent et attaquent, c’est vous.
Vous ne pourrez pas gagner.