Ce n’est pas le cas palestinien qui est exceptionnel, mais bien celui de l’État juif, tel que le concevaient Theodor Herzl et ses compagnons sionistes.
Après les derniers massacres de Gaza, en effet, la question, c’est l’impunité dont jouit depuis des décennies l’occupation illégale de territoires par une armée que ses dirigeants n’hésitent plus à envoyer brimer un peuple soumis par la force, dont les champs et les villages ont été confisqués ; quitte même, désormais, pour démontrer et proclamer cette impunité, à ouvrir le feu au hasard sur des manifestants sans armes, parmi lesquels se trouvaient de jeunes enfants, comme ce fut le cas en ce printemps, à Gaza.
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À l’été 2014, l’aviation israélienne à bombardé les centres urbains de Gaza en violation plus qu’évidente des conventions internationales sur la guerre et le traitement des populations civiles en zones de conflit, avec le bilan effroyable de plus de 2.000 personnes tuées (principalement de jeunes enfants et des femmes). Or, les faits n’ont pas été sanctionnés, aucune mesures n’a été prises par le Conseil de Sécurité de l’ONU, et Washington, si prompt aujourd’hui à « frapper » la Syrie lorsque le gouvernement y est « soupçonné » d’avoir provoqué la mort de quelques dizaines d’individus par des attaques aux gaz, n’a pas lancé un seul missile Tomawak sur les centres militaires israéliens en exigeant la fin du massacre.
Depuis cet été 2014, le régime israélien de Benjamin Netanyahou s’est senti pousser des ailes en matière de d’anéantissement des Palestiniens et de leurs derniers espoirs d’obtenir un jour la restitution d’une partie de leur territoire nationale et la reconnaissance de leur souveraineté.
Ainsi, les attaques et exactions israéliennes se sont succédées à un rythme de plus en plus soutenu, jusqu’à ce printemps 2018, lorsque les soldats israéliens, postés à la frontières avec la bande de Gaza, ont reçu l’ordre de tirer à vue sur les manifestants qui, de l’autre côté de la frontière, commémoraient les 70 ans de la Nakba (la « catastrophe » ; l’exil de centaines de milliers de Palestiniens, expulsés de leurs villages par les milices sionistes en 1948, déjà avant même la proclamation de l’État d’Israël, comme dans le cas emblématique de la bourgade de Deir-Yassin). Précisément, les soldats israéliens ont ciblé les manifestants au hasard et les tiraient comme des lapins, sans que ces derniers ne présentassent pourtant aucune menace pour la sécurité de l’État d’Israël.
Même dans ce cas encore plus choquant (même si moins meurtrier, au total du bilan) que les campagnes de bombardement sur les villes palestiniennes, il n’y a eu aucune sanction, aucune réaction concrète de la « communauté internationale » ; tout au contraire, comme pour féliciter Israël d’accomplir ces exactions et ces violations du droit, les États-Unis d’Amérique ont offert Jérusalem au gouvernement de Benjamin Netanyahou en y transférant leur ambassade de Tel-Aviv.
Les Palestiniens de Gaza attendaient pourtant un changement dans l’attitude de cette « communauté internationale officielle » qui a toujours cautionné les crimes israéliens par sa passivité et par son indifférence.
On se souviendra de la Libye –que l’intervention fût justifiée ou non ; cette question n’est pas ce dont il s’agit ici- où plusieurs États occidentaux sont intervenus par des bombardements massifs après une résolution onusienne qui répondait à la répression par le régime de Mouammar Kadhfi d’une manifestation à Bengazi…
En ce qui concerne Gaza, mises à part quelques rares réactions courageuses de quelques pays, comme l’Afrique du Sud qui a rappelé son ambassadeur, la Turquie qui a ordonné l’expulsion de l’ambassadeur israélien ou encore l’Irlande qui a convoqué l’ambassadeur d’Israël pour exiger des explications, le monde n’a pas bougé. Les pourparlers des instances internationales ont été timides, avec cette réunion d’urgence du Conseil de Sécurité, qui a échoué à dénoncer les crimes israéliens à Gaza à cause du veto américain. Et la décision du Conseil de l’ONU pour les Droits de l’Homme de finalement dépêcher une commission d’enquête internationale a été refusée immédiatement et unilatéralement par le gouvernement israélien.
Le massacre de civils de Gaza, en particulier le lundi 14 mai 2018, qui ont fait 65 morts et 2900 blessés, s’ajoutent à une liste noire de crimes israéliens contre le peuple palestinien depuis plus de 70 ans.
Un nouveau massacre perpétré par l’armée israélienne contre les civils de Gaza qui manifestaient pacifiquement dans une initiative populaire non-violente pour réclamer le droit au retour, exigeant la levée du blocus israélien imposé à une population civile de 1,8 million d’individus depuis plus de 12 ans.
Ce nouveau carnage ne rappelle pas seulement les événements tragiques des dernières offensives militaires israéliennes contre la bande de Gaza (en 2009, 2012 et 2014) ; mais aussi les massacres commis contre les Palestiniens depuis 1948 à Deir-Yassin, à Jérusalem, à Hébron, à Jennie…
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Depuis 70 ans, le nettoyage ethnique progressif, l’expulsion programmée des Palestiniens chassés de territoires où ils ont été remplacés par une population « ethniquement pure », juive, se poursuit tranquillement, sans intervention militaire internationale.
Rien, jusque là où Israël pourra avancer dans la violation du droit et l’indécence de ses opérations militaires contre des civils… rien, semble-t-il, ne suscitera d’intervention.
Ainsi, en 2018, il faut bien se rendre à l’évidence : Israël est un État exceptionnel !