LIBYE – Aujourd’hui ressemble-t-il à hier ?

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Il y a quelques jours, Tripoli a célébré le troisième anniversaire de l’opération « Sirène de l’Aube » : appuyés par la marine et les avions militaires de l’OTAN, les rebelles « libéraient » Tripoli des « griffes de Kadhafi » et parvenaient à vaincre ses derniers fidèles. Mais, trois ans après la libération de Tripoli, aujourd’hui ressemblerait-il à hier ?

À l’aube du 20 août 2011, les rebelles, qui ont reçu de grandes quantités d’armes et de munitions, en outre appuyés par des bâtiments de guerre qui croisent en mer, au large des côtes de la capitale libyenne, entrent dans Tripoli et se confrontent aux forces de Kadhafi en de violents combats, dans plusieurs secteurs de la ville.

Les frappes des forces de l’OTAN sont coordonnées avec l’avancée des milices qui progressent depuis les bourgades de Zawiya, Surman et Sabratha, situées à l’ouest de la capitale, et de Tarhunah et Aziziya, au sud. De nombreux bâtiments, casernes et résidences des partisans de Kadhafi sont visés par les bombardements ; et des panaches de fumée s’élèvent un peu partout au-dessus de Tripoli.

Aujourd’hui, trois ans plus tard, la situation n’est pas différente : les roquettes tombent au hasard sur plusieurs quartiers de la ville ; le bruit des explosions retentit partout et la fumée cache le ciel. Le tableau est le même : ici, un bombardement a frappé une centrale électrique, provoquant des coupures d’électricité et plongeant toute la région dans l’obscurité ; à Janzur, des obus de mortier sont tombés sur une usine pharmaceutique, causant de lourdes pertes humaines et provoquant la propagation de gaz suffocants dans une grande partie de la ville…

La crise

Après des mois d’impasse d’un chaos politique qui s’est cristallisé dans une querelle ouverte entre les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays et le Congrès national (le parlement), Tripoli, depuis juillet, est devenue le théâtre d’affrontements réguliers entre les troupes gouvernementales restées fidèles au premier ministre Abdallah al-Thani, des factions révolutionnaires locales, dont les bandes armées des villes voisines de Zintan et de Misrata (qui avaient joué un rôle important dans la chute de Mouammar Kadhafi), et de puissantes brigades islamistes qui ont proclamé leur propre gouvernement. Tandis que, dans l’est du pays, autour de Benghazi, l’ancien major général Khalifa Hafter, qui a fédéré derrière lui une partie de l’armée régulière, poursuit de manière autonome son « Opération Dignité » contre les mouvements djihadistes qui ont proliféré dans cette région également ; il est soutenu, à Tripoli, par les milices de Zintan.

Les médiations internationales ont échoué à promouvoir un cessez-le-feu entre les belligérants : la mission des Nations unies, qui a quitté le pays, n’a pas réussi à éteindre l’incendie grandissant et les combats se sont étendus à la région portuaire de Tripoli vitale pour la ville, alors que l’aéroport est fermé, sous le feu de l’artillerie lourde des différentes factions armées qui essaient d’en prendre le contrôle et en ont gravement endommagé les infrastructures.

Ces derniers mois se sont soldés par un lourd bilan : des centaines de morts et de blessés ; des dizaines de milliers de civils qui ont fui les hostilités, déplacés à l’intérieur du pays ou à l’étranger, en Tunisie notamment ; et, sur le plan économique, la plupart des industries sont à l’arrêt.

Pendant ce temps, les représentations diplomatiques occidentales évacuent leur personnel les unes après les autres. Dernières en date, les ambassades britannique et française ont quitté Tripoli. Les diplomates français ont été évacués par la marine française ; les diplomates s’étaient rassemblés sur un quai du port, avant d’embarquer sur des vedettes qui les ont emmenés au large, où attendaient des bâtiments de guerre. L’opération s’est déroulée sous la protection d’un hélicoptère de combat. Le convoi qui a évacué l’ambassadeur du Royaume-Uni a quant à lui essuyé des tirs…

La Chine et l’Égypte poursuivent également le rapatriement de leurs ressortissants.

Les ennemis d’aujourd’hui sont les amis d’hier

Il y a trois ans, les rebelles avaient réussi à s’emparer de Tripoli et de la résidence fortifiée de Kadhafi, Bab al-Aziziya, certes avec le concours de l’OTAN, qui leur a ouvert la route à plusieurs reprises, mais également par leurs sacrifices et leur unité.

Car c’est peut-être cela aussi, le secret de la réussite de la « Révolution de Février » en Libye, l’union des révolutionnaires des différentes régions et la coordination que les différentes factions de la rébellion avaient réussi à construire, y compris entre Zintan et Misrata, le but unique étant de vaincre l’ennemi commun. Et il semblait impensable que, un jour, ces combattants de la liberté allaient devenir ennemis les uns des autres.

Mais les rebelles libyens ont été les victimes de politiciens amateurs qui ont montré leur ignorance de la vie politique démocratique et leur incapacité à mener le pays vers la démocratie, après quatre décennies et plus de dictature où partis politiques et élections n’avaient pas cours.

Ainsi, la plupart des partis politiques qui ont été fondé en Libye après la chute du régime de Kadhafi l’ont été sur le principe de la loyauté, soit à la tribu, soit à une personnalité, soit à une faction armée. Certains leaders politiques ont même utilisé l’argent publique pour surarmer leurs partisans et augmenter leur nombre en attirant à eux les miliciens des autres brigades.

Ainsi, bien que la Communauté internationale ait salué le processus électoral qui a été promu avec succès après la révolution, la réalité sociopolitique du pays a rattrapé la Libye : les doigts teintés d’encre qui témoignaient de cette nouvelle expérience démocratique ont vite été remplacés, dans les faits, par les disputes et les querelles.

Les décisions prises par le gouvernement n’ont jamais franchi les portes du palais, un gouvernement en outre affaibli par ses rapports conflictuels avec le parlement : sur le terrain, l’État n’a pas pu s’imposer et, dans la plupart des cas, son absence a laissé la place à d’autres pouvoirs, locaux et traditionnels, coutumiers, bien plus solidement ancrés dans la réalité du pays profond que le serait un gouvernement national.

Peut-être, la meilleure preuve de cette réalité, c’est que la Libye n’a pas été en mesure, au cours de ces trois années et malgré l’aide internationale, de reconstruire des organes institutionnel élémentaires qui auraient montré qu’il existait en Libye une identité nationale traduisible en termes de pouvoirs législatif, judiciaire et l’exécutif effectifs et concrets. Cette construction s’est révélée impossible, sinon sur ​​le papier, et le pays est resté sous le contrôle de la force des armes et des appartenances tribales.

La Libye n’existe pas, malgré tous les slogans qu’on a fait retentir aux oreilles des masses ; c’est avéré aujourd’hui : la Libye, ce sont des États dans l’État, des États dont les frontières se chevauchent et qui ouvrent leur territoire à la contrebande et au terrorisme.

Un vaste chaos destructeur

Les manifestants qui ont déclenché de la révolution du 17 février 2011 rêvaient de liberté et espéraient dans la construction d’un État ​​de droit, qui, une fois Kadhafi renversé, aurait promu la justice, l’éducation et le progrès dans tous les domaines. Mais ces rêves ont été anéantis ; pire : désormais et comme jamais auparavant, les Libyens réclament la sécurité, de quoi se nourrir, du pain, et, ressource fondamentale qui fait aujourd’hui souvent défaut, l’eau.

Le gouvernement ne contrôle plus rien ; il ordonne face au désert, dans l’isolement de son palais, tandis que la guerre civile achève de ruiner les infrastructures du pays, même les plus essentielles.

La situation sanitaire est de plus en plus préoccupante ; des pans entiers de la population sont au bord de la catastrophe humanitaire. L’importation des biens de première nécessité a été interrompue. L’économie est paralysée. Et l’évacuation de centaines de milliers de travailleurs étrangers a vidé la Libye de sa main d’œuvre qualifiée.

Les tribus ne peuvent pas parvenir à un cessez-le-feu et à une pacification du pays, car leurs chefs n’ont aucune préoccupation d’ordre nationale ou démocratique ; leurs rivalités ne font, tout au contraire, qu’accroître le sentiment de haine des unes pour les autres, et le meurtre entraîne la vengeance qui entraîne d’autres vengeances qui rongent l’âme des Libyens.

Ce chaos destructeur se révèle en outre très propice au développement d’un autre fléau : des groupes islamistes radicaux profitent de l’absence de contrôle par l’État d’un territoire en grande partie dévasté pour s’immiscer et s’implanter dans l’immense désert libyen…

Tripoli est aujourd’hui livrée à la fureur et à la peur.

Ceux qui, il y a trois ans, s’étaient révoltés contre la tyrannie, sont aujourd’hui emmenés vers un lendemain incertain par ceux qui se sont approprié le sang des héros de la révolution et ont soumis la Libye à des intérêts personnels et à des ambitions locales, au détriment de l’avenir de la nation.

C’est ce qu’il est advenu, en Libye, du sang des 50.000 morts de la révolution, des sacrifices des blessés, du nombre inconnu des disparus et de la misère de centaines de milliers d’exilés.

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في ذكرى تحرير طرابلس: هل يشبه الأمس اليوم؟

رجاء غرسة الجلاصي

أحيت طرابلس منذ أيام، الذكرى الثالثة لـ”عملية فجرعروسالبحر”، و التي نجح فيها ثوار ليبيا من تحرير طرابلس من براثن القذافي، و دحر فلوله الى غير رجعة و مطاردة ما تبقى من ذيوله.

فجر 20 أغسطس 2011 قام الثوار بإنزالبحريعلىسواحلالعاصمةلإيصالكمياتمنالسلاحوالذخائرإلىثوارالداخلفيها،وهُنابدأثوارطرابلسبالدخولفياشتباكاتعَنيفةمعَقواتالقذافيفيمناطقمُختلفةداخلالمدينة.

و تزامن مع ذلك زحفقواتالثوارالقادمةمنالجبلالتيبلغتالمدنالمُحيطةبهامثلالزاويةوصرمانوصبراتةغربَالعاصمةوترهونةجنوبها،وسُرعانمابلغالثوارجنوبالعاصمةمدينةالعزيزيةالتيلاتبعدعنهاسوى 30 كيلومتراًإلىالجنوب.

و تمكن الثوار مجتمعين من تحرير قاعدةمعيتيقةالجويةومناطقتاجوراءوفشلوموبنعاشور، و تحرير عدد من معتقلي حرب فبراير في سجون القذافي، و دفعوا لقاء ذلك 123 شهيدا في تاجوراء لوحدها.

و اليوم، لا يختلف وضع عروس البحر طرابلس كثيرا عنه في 2011، حيث سقطت صواريخ عشوائية في عدة مناطق أسقطت 3 جرحى، وسمعت أصوات الانفجارات، و تصاعدت أعمدة الدخان. وأصاب القصف العشوائي محطة كهرباء بمنطقةالكريمية فتسبب في قطع التيار وإدخال المنطقة في الظلام.

و في جنزور، سقطت قذائف على مخازن للأدوية، تسببت في خسائر فادحة و انتشار روائح خانقة في المدينة السياحية و مناطق اخرى.

الأزمة

و بعد أشهر من اختناق الوضع السياسي في البلاد تبلورت في حرب مستمرة بين الحكومات المتعاقبة و المؤتمر الوطني العام منذ انتخابه، شهدتمدينةطرابلسمنذ شهر جويلية اشتباكاتمتقطعةبينقواتالدروعوغرفةثوارطرابلسمنجهةو ألوية القعقاع و الصواعقالمحسوبة على الزنتان و الداعمة لعملية “الكرامة” في الشرق بقيادة اللواء المتقاعد خليفة حفتر.

و لم تفلح جهود محلية نادت بوقف اطلاق النار بين المتقاتلين، ولا النداءات الدولية و لا بعثة الأمم المتحدة، في اخماد الفتيل الذي جاء على منفذ طرابلس الحيوي، مطار طرابلس، و عشرات القتلى و المصابين، و عشرات الالاف من المدنيين المهجّرين في الداخل و الخارج.

صديق الأمس عدو اليوم

في مثل هذا اليوم عام 2011، كان يوما داميا جرّ البلاد الى الانتصار على القذافي، الذي تمسّكن بالعاصمة طرابلس، رغم أن قوات حلف الناتو دكّت مضجعه مرات عديدة، و كاد 14 ضابطا من الأحرار ينجحوا في تصفيته في عقر داره، لولا كشفه و إعدامهم جميعا رميا بالرصاص في باب العزيزية.

و لعل سرّ نجاح الثوار ذلك اليوم في اسقاط طرابلس، منعطف الحسم في ثورة فبراير، هو اتحاد الثوار من مختلف المناطق، و تنسيق غير مسبق بين ثوار الزنتان، و مصراته ، و الشرق و طرابلس، ايمانا منه بوحدة الهدف و العدو.

ما كان ليخطر على بال أحد يومها و لا الأيام التي سبقتها و لا التي تلتها أن يتنابز الليبيون بالألقاء، و يصبح بعضهم أعداء بعض.

لقد كان ثوار ليبيا جميعهم ضحايا هواة السياسية من أحزاب مختلفة، هرعوا منذ التحرير و حتى قبله الى تكوين أحزاب في ضوء حالة من الجهل بالحياة السياسية و الديمقراطية، بعد أربعة عقود أو أكثر من التهميش الحزبي و السياسي.

دولة من خيال

لقد ارتكزت جلّ هذه الأحزاب على مبدإ الولاء، إما للقبيلة، أو للجهة، أو للكتيبة أيام الجبهات. حتى ان بعض رؤساء الأحزاب استغلوا تمويلهم لبعض الكتائب للسلاح لكسب و لاء الثوار و استدراجهم.

و رغم إشادة دولية بنجاح التجارب الانتخابية في ليبيا، الا ان الواقع لا يعدو أن يكون شغف بتجربة جديدة، اصابع ملونة بالحبر أوحت بالانخراط في تجربة ديمقراطية و بناء الدولة الديمقراطية.

و على الأرض، صراع الكراسي، و قرارات اتخذت قصران و تبادل التهم بين الحكومة و المؤتمر. أنتجت دولة “فاشلة أحيانا، و لكنها غائبة في أغلب الأحيان. و لعل خير دليل على ذلك أن ليبيا لم تتمكن خلال هذه السنوات، رغم الدعم الدولي، من بناء أجهزتها الرئيسية التي تثبت هويتها كدولة و هي السلطة التشريعية، و القضائية و التنفيذية على الأرض. و لم تتمكن الا من أنها تظل دولة على ورق في ظل سيطرة السلاح و الولاءات.

و لم تفلح ليبيا، رغم شعارات صدحت بها حناجر الجماهير في الميادين “نبو شرطة” نبّو جيش”.

و أصبحت ليبيا بمثابة دول داخل الدولة، تداخلت حدودها، و أصبحت أرضها مستباحة للتهريب و الإرهاب.

فوضى تدميرية

مع اندلاع ثورة 17 فبراير، حلم الليبيون بالحرية، و تدعّم حلهم في بناءدولةالعدلوالعلموالنظاموالتقدمفيجميعالمجالات، بعد سقوط القذافي. لكن هذه الأحلام تبدّدت و حادت عن مسارها، فأصبحوا يطلبون الأمن و الخبز و الماء.

لقد أصبحت عروس البحر قصرا في عزلة، مع تدمير أهم منشاتها الحيوية و اسطولها الجوي. و صار الوضع الانساني و الصحي فيها على حافة الانهيار، مع انقطاع المواد الأساسية و شلل الاقتصاد، و اجلاء مئات الالف من العمال الأجانب.

و قد يتوصل الحل القبلي “قبائل الزنتان” و “ورفلة” و “العبيدات” و “المعداني” و غيرها من القبائل ذات الوزن، في انفراج أزمة طرابلس على الأقل بالضغط على أبنائهم للإنسحاب منها، أو التوصل الى هدنة بوقف اطلاق النار الى ان يتم الحل الجذري لهذا الإشكال.

إلا أن ما يجري من نزعة تدميرية يذكّر بميزاجية القذافي، و يبعث للقلق بشأن مستقبل ليبيا المدنية و الديمقراطية.

و ما الأنباء المتواترة عن الاصابات العشوائية، أو الضحايا و غيرها الا غيض من فيض، من الدمار الذي يلحق بطرابلس و ليبيا عموما.

فما يحدث من صراع يمثل بيئة صالحة لتغلغل الضغينة و الثأر في أنفس الليبيين، و مناخا مناسبا لعمل الجماعات الإرهابية في الصحراء المترامية الأطراف، و تعطيل لتنمية البشرية و العلمية لليبيين.

بالاضافة الى ذلك، ستكلف الأحداث خزينة الدولة الليبية الكثير بسبب تعطيل الحركة التجارية، و الانتاج النفطي، و توقف المشاريع و ما سيترتب عنه من تعويضات للشركات الأجنبية.

و في سياق متصل، ساهمت وسائل الإعلام الليبية التي ظلت تعمل عشوائيا، دون قانون منظم، في تغذية الصراع و تأليف الأطراف المتصارعة، بمباركة أطراف سياسية و هبات من المال السياسي.

لقد بدّد يوم 20 أوت 2011 صمت طرابلس و خوفها، و ساهم في أن تلحق بركب مدن ثارت على الطغيان، إلا أنهاليوم، يقودها الى غد مجهول، استباحت فيه دماء الأشقاء، و غلّبت فيه المصالح الشخصية و الولاءات على مصلحة الوطن و الوفاء لدماء 50 الف بين قتيل و جريح، و عدد اخر من المفقودين و المهجّرين.

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Raja Gharsa Jlassi

Journaliste (Tunis/Tripoli – TUNISIE/LIBYE)

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