MAGHREB – Guerre contre l’homophobie

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Choquante « chasse à l’homo » au Maroc ; lois iniques en Tunisie ; omerta en Algérie… Cependant, s’il est un marqueur de l’évolution démocratique au Maghreb, tout en étant dans le même temps un aspect majeur des dynamiques psycho-sociétales qui y ont cours, ce serait certainement la cause anti-homophobie, eu égard au symbolisme qui s’y attache à divers niveaux.

La figure emblématique de « l’homosensuel »

En effet, la figure de l’homosensuel (le terme que je retiens pour l’homosexuel, trop connoté « sexe pour le sexe » et de pure création occidentale ne cadrant pas avec le sexe total arabe) y est désormais la figure emblématique du différent absolu.

Accepter aujourd’hui un tel adepte du sexe différent et minoritaire, c’est forcément admettre le différent absolu et faire montre d’esprit de tolérance consubstantiel à la démocratie. C’est donc ouvrir la voie de la façon la plus sûre au vivre-ensemble paisible, condition sine qua non de toute vie démocratique.

De plus « l’homosensualité » possède une triple charge révolutionnaire, aussi forte qu’efficace au sens sociologique, permettant de contrer le supposé conservatisme social, qui n’est que de façade, généré par le milieu de contraintes légales et morales.

Elle chahute d’abord ces contraintes et le poids d’un certain asservissement religieux intégriste en les niant à la base, remettant en cause leur légitimité morale. Elle fait ensuite une lecture correcte de l’Islam, prouvant que cette religion n’est nullement homophobe comme le soutient une doxa erronée et même faussaire. Enfin, elle conteste la lecture essentialiste de la religion, réintroduisant et renouvelant une exégèse nécessaire se basant sur les visées de la Loi morale.

Depuis le « Printemps arabe », la férule étatique et ses lois liberticides sont plus que jamais contestées ; la chape de plomb religieuse en prend forcément un coup et les supposées convenances sociales sont ipso facto chahutées, sinon réellement, du moins virtuellement. On voit ainsi naître un véritable sacré virtuel contestataire, se voulant légitimiste.

Les politiques et les religieux sont désormais aux abois au Maghreb, réagissant d’une manière violente, ce qui revient d’une certaine manière à scier la branche légale qui assure leur mainmise sur la société, les lois scélérates attentatoires aux libertés et aux droits privatifs, désormais contraires aux nouvelles constitutions en Tunisie et au Maghreb.

Des lois obsolètes remises en cause

Les lois homophobes du Maghreb, se présentant à tort comme d’inspiration islamique, ne manifestent que la résilience du colonialisme, entendant émasculer les élans de la jeunesse à vivre librement ou moins indignement. Ce faisant, elles les amènent inévitablement à épuiser leur surplus d’énergie vitale sur les champs postmodernes de l’aventure. Ainsi, les rangs des combattants en Syrie et en Irak (à tort appelés « jihadistes » ; le seul vrai jihad étant l’effort sur soi) sont forts pourvus en Maghrébins, Tunisiens surtout.

En Tunisie, l’article 230 du Code pénal prévoit une peine de 3 ans d’emprisonnement pour les personnes jugées « coupables » de pratiques homosexuelles. Au Maroc, l’homosexualité est aussi un délit : l’article 489 du Code pénal condamne les homosexuels à des peines de prison allant de 6 mois à 3 ans ou à des amendes allant de 120 à 1.200 dirhams. Cet article stipule : « Est puni de l’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 200 à 1.000 dirhams, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. » En Algérie, c’est aussi bien l’article 333 du Code pénal sanctionnant « l’outrage public à la pudeur » que l’article 338 mentionnant spécifiquement l’homosexualité qui sont mobilisés. L’article 338 spécifie : « Tout coupable d’un acte d’homosexualité est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 2.000 DA. »

Face à un tel arsenal répressif, comment les jeunes portés de par leur nature même vers tout type de sexe sinon peuvent-ils vivre autrement que clandestinement leur condition sexuelle, le sexe arabe étant holiste ou total, ne se satisfaisant pas des catégorisations occidentales ? Aussi, s’ils ne partent pas à l’aventure, leur sagesse naturelle et l’instinct de conservation les font s’évertuer à jouer la comédie d’un comportement tout en hypocrisie imposé par une vision paranoïaque au nom de Dieu, vérifiant à la fois ce que disaient le sociologue et le poète, imposant la sociologie inspirée que nous entreprenons ici.

En effet, Ibn Khaldoun a précisé la nécessité du recours à la religion pour limiter la liberté voulue absolue chez l’Arabe ; et Baudelaire disait bien que « Dieu est le plus grand des paranoïaques », puisque, étymologiquement, être paranoïaque c’est penser par en haut, ou à partir du haut.

Une société civile de plus en plus active

On voit se multiplier des manifestations difficiles à réprimer sans trop de dégâts, comme les festivals de tendresse et de bisous publics, récemment en Algérie, par exemple. Des campagnes commencent aussi à fleurir parlant ouvertement du sexe différent, comme au Maroc dernièrement. En Tunisie, on n’hésite plus à aborder un sujet tabou il y avait peu.

Cela est l’occasion ou la conséquence de drames, causes et effets de la pression sociale ; et que ne fait au final que renforcer l’exigence sociale, se transformant même en accélérateurs du changement.

Outre les affaires concernant les touristes, surtout au Maroc, on voit ainsi se multiplier au Maghreb les procès anti-homophobie aiguisant l’activisme d’une société civile plus que jamais remuante eu égard à l’inertie des milieux officiels.

On citera juste ici le récent jugement marocain de deux jeunes coupables d’un geste mineur de tendresse et les deux dernières décisions iniques en Tunisie se basant sur le moyenâgeux test anal. Le jugement au Maroc a suscité une indignation salutaire.

En Tunisie, la première des décisions, toujours pendantes, a condamné un étudiant, sur la base d’un test anal, à un an de prison ferme, ramené à trois mois en appel après une forte mobilisation de la société civile. Un pourvoi en cassation est envisagé. Le second, rendu symboliquement le dix décembre 2015, journée internationale de célébration des Droits de l’Homme, a condamné six jeunes autres étudiants sur la même base et aussi pour détention de séquences vidéos coquines sur leurs propres installations informatiques, donc strictement privées.

Cette dernière décision, trop grave par sa sévérité excessive, est de nature à marquer un tournant dans la répression anti-homophobie devant aboutir fatalement à une abrogation de la loi scélérate qui en est à l’origine. Non seulement elle s’est distinguée par le prononcé de la peine maximale en la matière prévue, mais elle l’a aggravé par le recours à la mesure de sûreté tombée en désuétude de l’éloignement de la ville d’origine des jeunes pendant cinq ans. Il est à noter qu’il s’agissait de la ville sainte de Kairouan, d’où la symbolique forte de ce jugement.

Bien loin de démontrer la force des milieux traditionnels assez répandus au sein de la magistrature et du barreau, ce dernier jugement manifeste plutôt une crispation synonyme de faiblesse accrue se traduisant par une sorte de tentative désespérée de fuite en avant de la part des milieux intégristes afin de tenter de contrer une évolution inéluctable.

La pression est effectivement de plus en plus forte, en Tunisie comme au Maroc, sur les chefs islamistes non seulement de la part de la société civile, mais venant également de leurs soutiens occidentaux, les sommant quasiment d’oser abolir du droit positif une telle atteinte gravissime aux droits humains dans le cadre d’une révision d’ensemble des obsolescences juridiques plus que jamais d’actualité, notamment en Tunisie et au Maroc.

En Tunisie, Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahdha –l’homme n’est certes pas au pouvoir, mais il en constitue la seule vraie force politique agissante- s’est même vu obligé de déclarer publiquement, mais à l’étranger, être favorable à l’abolition de la base légale de l’homophobie. Des indiscrétions diplomatiques assurent qu’il se serait même engagé auprès du lobby homosexuel américain à voter une loi abolitionniste si jamais elle venait à être proposée au parlement. Or, un texte informel existe et a été communiqué aux députés et aux autorités : « Projet de loi d’abolition de l’homophobie en Tunisie – Texte informel de la société civile, susceptible d’obtenir un vote favorable islamiste s’il était proposé au parlement : Attendu que l’homophobie est contraire aux droits de l’Homme et au vivre-ensemble paisible, à la base de la démocratie ; Attendu que l’orientation sexuelle relève de la vie privée que respectent et l’État de droit tunisien et l’islam ; Attendu que l’article 230 du Code pénal viole la religion musulmane qui n’est pas homophobe étant respectueuse de la vie privée de ses fidèles qu’elle protège ; l’Assemblée des Représentants du Peuple décide : article unique – la vie privée étant respectée et protégée en Tunisie, l’article 230 est aboli. »

Cependant, il est à relever que les associations, demeurant prisonnières d’un schéma d’action par trop formaté à l’occidentale, ne se sont pas encore saisies d’une telle opportunité pour gagner la partie. Manifestent un attachement excessif à la sécularité, elles refusent encore de se baser, comme le fait le texte proposé, sur le fait incontournable que l’Islam n’est pas homophobe.

Or, cela est inévitable afin que leurs justes revendications soient entendues par les masses qui manifestent pour l’instant un superbe désintérêt pour leur cause humaniste parce qu’elles l’assimilent à des courants islamophobes et à des mœurs étrangères aux traditions du pays.

Dans des sociétés maghrébines composites, attachées à leurs traditions ancestrales traduisant bien plus de la spiritualité qu’une religiosité qui n’est que le fait de la minorité activiste islamiste, aucune avancée sur le plan de telles questions sensibles ne saurait advenir sans un travail préalable d’herméneutique religieuse. Ce qui a été fait, mais n’est pas assez exploité par des militants souvent ouvertement islamophobes.

Le devenir des dynamiques psycho-sociétales

Les dynamiques psycho-sociétales en cours au Maghreb, particulièrement en Tunisie depuis la sortie de la dictature, sont portées à incandescence par une faim de droits et de libertés accompagnant la fin du paradigme saturé de l’ancien monde.

Certes, elles sont encore globalement régressives, étant encore conditionnées par le long passé de répression et d’inhibition. Elles ne se propagent pas moins à toute vitesse, la mobilisation de chaque groupe soucieux de ses intérêts se faisant dans la peur de perdre les acquis et la nécessité de les défendre contre autrui perçu comme prédateur.

Ce qui est positif dans ces dynamiques, c’est la pluralité effective, même si elle est antagoniste, qu’elles traduisent, leur régressivité et même négativité pouvant se solder en ce travail du négatif dont parle Hegel du fait qu’elles ont pour cause un heurt entre sensibilités opposées, désormais assumées et revendiquées, et qui sont fatalement à dépasser.

L’importance de ces dynamiques n’est nullement négligeable, même si elles forment un actuel chaos qui n’est que de ceux préfigurant toute véritable nouveauté. Cela est évident dans ce que ces dynamiques peuvent représenter au niveau des différents groupes sociaux aujourd’hui antagonistes, notamment dans ceux qui sont les plus actifs et les plus réactifs —la jeunesse, tunisienne surtout — et en son sein, l’élément féminin.

Les uns et les autres se voient encore négativement en attendant que se fasse le travail du négatif précité, une œuvre au noir salutaire. Par conséquent, ils ne sont encore que des perturbateurs, soit des transgresseurs d’un ordre à préserver pour les uns pour le transformer en une forme idéalisée étant malgré tout scélérat en son essence ; lequel ordre est à abolir justement du fait de sa scélératesse par les autres.

D’où un déplacement possible et souhaitable du conflit vers la nature de la pureté du nouvel ordre qui pourrait être un sacré profane. En la matière, la cause de l’abolition est idéale, surtout depuis la démonstration que l’Islam n’est nullement homophobe.

L’écoute au plus près du pays permet de réaliser à quel degré y est grande une angoisse collective informulée — ou incorrectement formulée — eu égard à des systèmes de défense angoissés, entretenus par la peur qui les génère, et qui sont aussi bien psychologiques que sociaux, aussi bien internes au pays qu’internationales.

Indubitablement, la situation géostratégique du Maghreb constitue à cet égard à la fois sa faiblesse et sa force, lui assurant la protection des puissances partenaires soucieuses de préserver leurs intérêts, aussi bien acquis qu’à venir dans le cadre d’un nouveau marché. Dans le même temps, elle aiguise la convoitise des voisins ou des partenaires en termes d’hégémonie et/ou rejet du mode de vie de son peuple et de vision originale de leurs traditions du fait d’une proximité historique et géographique avec l’Occident érigé en ennemi.

En Tunisie, la déception au bout de cinq ans de changement mitigé est à la mesure des attentes, l’humiliation étant d’autant plus grande que l’exigence de dignité était vivace. Il en va de même au Maroc et en Algérie, où les acquis tunisiens, somme toute minimes, y sont maximisés au vu du délabrement de la condition sociale dans ces pays.

Il reste que, si la nature de cette dignité diffère entre les groupes à l’intérieur d’un même pays, comme d’un pays à l’autre, elle ne se condense pas moins de manière positive ou négative sur une question identitaire : ce qu’est le Tunisien, le Marocain ou l’Algérien. La question ontologique au cœur des dynamiques psychosociologiques actuelles est bien la suivante : qu’est-ce qu’être Maghrébin ?

Dans l’immédiat, on appréhende paroxystiquement la réponse, soit par une affirmation laudative excessive, articulée sur un complexe d’élection religieuse, soit par une dépréciation aussi excessive par rapport à la mentalité et aux valeurs d’Occident. Dans les deux cas, on fait état d’une menace à l’intégrité, la question identitaire étant vécue en termes de mort ou risque de mort psychique et physique, emportant renaissance aussi.

D’où la guerre, larvée ou déclarée, engagée entre les différents camps dans le but de se préserver ou de renaître : camp des laïcistes d’un côté et camp des religieux de l’autre ; camp des soufis et camp des salafistes ; camp des Arabes et camp des Amazighs.

Si cela débouche pour l’instant sur une lutte acharnée où l’on engage volontiers parts constructives et destructives en et de soi, c’est que la bataille est jugée encore définitive, sans merci, une affaire de vie ou de mort. Cela est d’autant plus vrai que les politiques y mettent le poids décisif de leur pouvoir pour le préserver ainsi que leurs privilèges et immunités.

Aussi une modération en termes de propos de raison, le recours à une raison qui soit sensible tenant compte de la psychologie et de la sociologie populaire. Cela suppose un protocole psycho-sociétal en mesure d’aider à sublimer des différences qui ne sont qu’apparentes, attisées par des intérêts de pouvoir et l’entente classique entre la lecture intégriste de la religion et le capitalisme le plus sauvage.

Il est possible et impératif même -et le rôle occidental est ici à ne pas négliger- que les différents protagonistes maghrébins se retrouvent autour de principes communs d’un vivre-ensemble paisible qui soit un « être ensemble » loin des slogans, enraciné dans la tradition populaire, mais ouvert à l’altérité ; un enracinement qui est dynamique.

Ce qui suppose que l’on tienne compte d’un imaginaire populaire maghrébin libertaire et d’un inconscient collectif jouissif, mais se faisant de manière informelle, à l’abri des regards du fait de l’environnement susmentionné des contraintes légales et morales.

Or, cela est difficile sinon impossible en un espace commun de vie, bien réduit, devenu qui plus est suffocant, générant angoisses et peurs communes; car le mal est le même, seule sa perception étant différente. Aussi importe-t-il de moduler le protocole de soins selon les affections, la réponse étant la même quant au fond, juste différente quant à la forme.

En termes sociétaux, c’est de dialogue et encore plus de dialogie qu’il s’agit d’instaurer entre les différents groupes aujourd’hui antagonistes encore où « Je » deviendrait vraiment un autre, lequel prendra même une lettre initiale majuscule, muant de l’ennemi en l’ami, quitte à être concurrent. Et cela ne saurait ne pas concerner l’Occidental, ce voisin d’en face dans l’immeuble planétaire, qui ne saurait plus rester retranché dans des frontières fermées aux humains, ouvertes aux marchandises.

C’est bien d’un apprentissage de l’altérité qu’il s’agira donc, l’autre —y compris le différent absolu — étant accepté et honoré, que sa différence soit religieuse ou idéologique, dans son mode de vie ou ses idées. Comme de bien entendu, cela engage tout l’être, et au-delà son environnement, l’espace réduit maghrébin étant situé dans un système plus large dont il dépend étroitement, l’espace méditerranéen.

Aussi, aucune avancée en termes du vivre-ensemble au Maghreb ne saurait s’y faire durablement et utilement si elle ne s’articule pas sur la dimension européenne qui est déjà implantée au Maghreb du fait des présides de Ceuta et Melilla. Ce qui nécessite bien un radical changement des rapports internationaux actuels entre les pays maghrébins et leurs partenaires obligés européens.

Il est plus qu’évident que la Tunisie et le Maroc, dont la dépendance à l’égard de l’Europe est structurelle, se doivent de transformer un tel état devenu hautement toxique en le valorisant par une dépendance qui soit une adhésion à l’Union européenne ; cela doit pouvoir se manifester immédiatement par le libre mouvement des ressortissants moyennant l’outil sûr, au vu des réquisits sécuritaires, qu’est le visa biométrique de circulation.

C’est l’unique façon pour aider à ce que soient sublimées les blessures actuelles et passées, souvenir de la prison pour les islamistes et brimades du fait des lois scélérates pour une jeunesse déboussolée et de plus en plus gagnée par le fou désir de survivre en tentant l’aventure, sur les champs de guerre notamment, faisant de l’Occident un bouc émissaire de son mal de vivre.

En Tunisie, un atout de taille existe : c’est le quartet du dialogue social, qui, fort du prix Nobel récemment reçu, pourrait aider à une telle évolution. La société civile tunisienne lui a même fait récemment une adresse pour agir en vue de l’abolition de l’homophobie et la dépénalisation de la consommation du cannabis selon les recommandations onusiennes. Or, tout ce qui se passe en Tunisie est désormais de nature virale, se diffractant dans tout le Maghreb, au Maroc en premier lieu.

Ces deux questions, en apparence, ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan des transformations imposées par les dynamiques psycho-sociétales ; ce sont elles pourtant que l’analyse de la psychologie maghrébine profonde, sa mythanalyse, impose en premier au vu des retombées qu’elles ne peuvent que générer et de nature à éliminer les freins figeant l’inconscient collectif dans une attitude anhistorique.

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About Author

Farhat Othman

Ancien diplomate - Juriste et Politologue - Chercheur en Sociologie (Tunis)

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