MALI – Azawad, zone de non-droit

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« L’Occident a le choix entre moi ou le chaos terroriste. » (le Colonel KADHAFI au Journal du Dimanche, le 6 mars 2011).

Depuis le coup d’État militaire survenu le 22 mars 2012 à Bamako, qui a vu le renversement de l’ancien président de la république, Amadou Toumani Touré, le Mali, déjà en proie à de graves difficultés, a entamé une descente aux enfers, particulièrement dans la région du nord.

Difficilement contrôlable du fait de son immense étendue, cette partie du pays développe une conflictualité endémique sur laquelle les différents acteurs ont peu de prise. Les facteurs déstabilisateurs sont nombreux, selon Medhi Taje : « La fragilité des États de la région, les luttes internes de pouvoir, la militarisation croissante de la zone, la forte pression démographique, un climat d’insécurité généralisé, propice aux trafics en tous genres et finalement les diverses interventions étrangères, qui visent à se positionner au sein de ce couloir stratégique et à prendre le contrôle des richesses… » À cela s’ajoute la question touarègue, issue d’une autre histoire et dont la minorité ne se sent pas partie prenante de la nation malienne, et dont certains des membres se sont rebellés à plusieurs reprises.

La crise malienne illustre avant tout la montée en puissance des terroristes sans territoire, ce qui est nouveau par rapport au terrorisme de 2001.

La faiblesse économique et militaire du Mali en fait un sujet de préoccupation face à la résurgence d’un terrorisme d’un genre nouveau incarné par l’État islamique (EI) qui menace de redessiner les frontières des États, du Maghreb au Moyen-Orient.

Les plus pessimistes jugent la catastrophe malienne irréversible et vont jusqu’à prédire l’entrée du Mali dans la catégorie des États « faillis », au même titre que la Somalie ou la Libye.

Sans préjuger de l’avenir, l’examen de la situation permet de comprendre les diverses lignes de fracture et de tension inscrites dans le temps long de l’histoire, qui continuent à produire leurs effets, et par des éléments plus récents amplifiant la vulnérabilité de cette région du nord-Mali. Une interconnexion des crises qui est au cœur de la problématique malienne.

Une région vulnérable et déshéritée

Couvrant 1.240.190 km2, le Mali est le pays le plus étendu d’Afrique de l’Ouest. Il contrôle un carrefour important du continent qui fait partie intégrante de la bande sahélienne se situant à la charnière entre la méditerranée et l’Afrique subsaharienne.

Dans cet espace de contacts et d’échanges avec le Sahara et l’Afrique du Nord depuis le Moyen-Âge, de vastes migrations ont bouleversé les équilibres démographiques et ethniques pour constituer la mosaïque actuelle. Celle-ci recoupe des fractures qui sont linguistiques, des oppositions religieuses, souvent au sein de l’Islam (les croyances et pratiques traditionnelles survécurent hors de l’Islam, tandis que des éléments animistes furent conservés dans la pratique musulmane, pénétrée par ailleurs d’influences soufies) et des distinctions de modes de vie comme le nomadisme, le semi-nomadisme ou l’agriculture sédentaire, qui sont autant de marqueurs identitaires.

En raison de la reconnaissance internationale de leurs frontières, acquise lors de leurs indépendances, les gouvernements des États qui font partie de cet espace sahélien exercent théoriquement leur souveraineté sur leurs vastes territoires. Mais ils n’ont nullement les moyens de les peupler ou d’y disposer d’un maillage territorial assez fin permettant d’y faire prévaloir la supériorité du pouvoir central. Le contrôle du territoire est inévitablement difficile.

Le nord du Mali est un vaste territoire désertique ou semi-désertique d’une grande complexité, composé de trois régions administratives : Gao, Kidal et Tombouctou. Pour atteindre les confins de ce territoire, il faut traverser un vaste paysage primitif : des marais salants que l’on met plus d’une demi-journée à franchir ; des champs de dunes qui se soulèvent et retombent telles des vagues démontées ; de gigantesques affleurements de marbre et d’obsidienne à la surface lisse, qui sortent du sable comme les créatures d’une mer disparue, mais également de nombreux plateaux entaillés et truffés de grottes ainsi que des massifs montagneux déchiquetés ou des masses gréseuses fortement érodées forment le paysage. La nature offre donc aux hors-la-loi rustiques de tout poil un terrain propice aux déplacements discrets, au camouflage et au combat de guérilla. Cet environnement présente des sites pratiquement insaisissables et impénétrables, comme la région de Timédrine (nord-ouest de l’adrar des Ifoghas) où se retrancherait un grand nombre de groupes armés opérant dans cette partie du territoire malien.

Ce relief impressionnant favorise peu la présence humaine tant les conditions de vie y sont difficiles. Une précarité qui pousse à des logiques de survie, peu regardantes sur les moyens, ce qui favorise la criminalisation d’une partie des habitants et la passivité de l’autre partie.

De nombreux facteurs  d’instabilités

La vulnérabilité du Mali résulte de l’imbrication entre de nouveaux facteurs, participant de sa structuration, et des traces d’un passé trouble, qui produisent encore leur effet et que l’on peut qualifier de facteurs anciens.

Les facteurs anciens – Aux nombres de ces facteurs anciens, on trouve la question touarègue, qui oppose l’État malien aux populations touarègues du nord du pays depuis des décennies et qui vont s’exprimer à plusieurs reprises par des rébellions qui marquent l’histoire contemporaine (Niger de 1916 à 1917 ; de 1962 à 1964 au Mali ; de 1990 à 1996 au Mali et au Niger ; 2006 au Mali ; 2007 à 2009 au Niger et au Mali ; 2012 au Mali).

Appelés communément les « hommes bleus du désert », les Touaregs constituent un peuple berbère dont la zone de peuplement s’étend sur près de 2,5 millions de km2, à cheval sur cinq pays : le Mali, le Niger, l’Algérie, la Libye et le Burkina Faso. Au Mali, la fracture nord-sud oppose les groupes touarègues et maures, parlant le tamacheq et l’arabe, aux Africains du sud du fleuve Niger, parlant le bambara (80% de la population), le soninké, le peul ou le dogon.

Les maures-touarègues, bien que minoritaires (10% à peine), ont une forte conscience d’eux-mêmes et ne s’identifient pas à l’État malien, dirigé par des subsahariens. Pour Olivier Hanne et Guillaume Larabi, « c’est l’adhésion des Mauro-Touarègues en 2012 aux groupes armés terroristes qui fit basculer dans l’islamisme tout l’Azawad, c’est-à-dire le nord du pays ».

Les Touaregs, qui réclament une autonomie pour l’Azawad, sont majoritaires dans la région de Kidal, mais pas dans celle de Gao et Tombouctou, qu’ils estiment cependant leur appartenir.

La question touarègue, qui pour l’heure reste sans réponse, est très inquiétante et pose une fois de plus l’épineuse problématique des minorités et de leur marginalisation dans une région dont la pauvreté est trop grande pour envisager la création d’un État indépendant viable.

Pauvre lui-même, l’État malien est dirigé par des sudistes, peu attachés au nord.

Le sud est ainsi défini comme le « Mali utile », tandis que le nord, rural et aride, vit dans une extrême pauvreté et les trafics. Les sudistes, conformément à leur penchant et aux attentes de la majorité des Maliens qu’ils constituent, ne donnent pas la priorité à l’aménagement du nord. La faible motivation et l’absence de moyens se conjuguent pour inciter les autorités à se détourner de la région du nord afin de concentrer leurs efforts dans la région du sud, où réside la majeure partie (90%) de la population. Ce choix pérennise l’isolement du nord et accroît encore les difficultés pour le contrôler. La pauvreté débouche également sur une corruption importante d’une partie des responsables politiques comme des cadres civils et militaires. Les profits tirés de la complicité avec les trafiquants de toutes sortes, voire avec les preneurs d’otages, incitent donc certains dirigeants et fonctionnaires à perpétuer l’absence de l’État de droit dans la région du nord. Ce qui contribue à les rendre incapable de remplir de manière effective et efficace leurs missions fondamentales et vitales.

Les conditions naturelles et économiques placent par ailleurs le Mali dans une situation de grande dépendance vis-à-vis de la Communauté internationale et de forte vulnérabilité face aux effets déstabilisateurs. De plus, la population ne présente pas la cohésion suffisante pour opposer la résistance d’une nation unie aux troubles, qu’ils émanent de l’intérieur ou de l’extérieur du pays.

Les facteurs nouveaux – La situation au Mali a mis au jour l’existence de nouveaux facteurs à l’origine de l’aggravation de l’instabilité dans cette immense zone qu’est le nord-Mali. La nouvelle poussée de l’Islam radical dans cette partie du Sahel menace le sunnisme malékite des confréries de l’Islam noir traditionnel. Elle résulte d’une poussée réformiste de tendance sunnite hanbalite, souvent néo-wahhabite pilotées par les États moteurs de l’Islam radical (Arabie Saoudite, Pakistan, Iran et Soudan) et interagissent avec les forces islamiques autochtones, les confréries, et ceci de manière propre à chaque pays.

Bien qu’interdites par les rigoristes du rite hanbalite, les confréries soufies constituent des associations religieuses proposant un chemin particulier, une méthode pour vivre un Islam intérieur, initiatique, et une certaine forme de vie mystique et de renoncement, dans l’obéissance à un maître, un « chaykh », qui fait l’objet d’une vénération de la part des disciples. Cette progression de l’Islam s’explique par le fait qu’il apporte une réponse à des problèmes sociaux. Il permet de dépasser les clivages liés à l’origine des individus vu que le poids des castes ou de l’esclavage est encore très prégnant dans toute la région.

L’Islam par ailleurs a servi de réponse aux conséquences des politiques d’ajustement structurel des années 1990 qui ont dévasté les systèmes sociaux, l’école et la santé publique en Afrique. Les populations se sont alors retournées vers les institutions de substitution financées par les monarchies du Golfe. De même, il faut savoir que la charia, dont on peut certes contester les préceptes, apporte néanmoins une réponse juridique dans les pays ou les régions confrontés à la corruption, à l’arbitraire ou l’absence de l’État.

Enfin, la situation au Mali montre, depuis 2011, combien le renversement d’un régime gendarme (la Libye), capable à la fois de radicaliser et dé-radicaliser, mobiliser et contenir des acteurs régionaux non-étatiques, peut produire des effets dévastateurs au-delà des frontières de ce seul État. L’impact de la crise libyenne que personne n’avait prévue avec la chute du colonel Kadhafi a eu un effet déstabilisateur sur la situation sécuritaire au Mali : à la faveur de l’insurrection libyenne et du printemps arabe, une grande quantité d’armes a été introduite au nord du Mali renforçant ainsi les jihadistes du Sahel et les divers trafics sahariens. Ces armes proviennent des immenses stocks accumulés pendant les quatre décennies de l’ère Kadhafi, et ceux issus du soutien de la coalition internationale venue en renfort de la rébellion durant la guerre civile, ainsi que le matériel récupéré auprès des formateurs étrangers.

Les circuits empruntés par ces armes sont divers mais, certaines constantes peuvent être dégagées. Il existe des filières clandestines comprenant d’anciens militaires de haut rang de l’armée du colonel Kadhafi, des contrebandiers, des intermédiaires ou encore d’anciens combattants de la révolution qui alimentent en armes à feu et munitions le grand banditisme et des cellules terroristes (Nord-Mali, Algérie, Tunisie et Égypte). L’immensité de la zone frontalière où les contrôles sont de toute façon difficiles a permis ainsi le transfert d’armes (légères et lourdes) à des groupes terroristes et autonomistes qui ont fait du nord du Mali leur terrain de prédilection.

Une région gangrenée par la présence des groupes armés et trafiquants en tout genre

Le nord du Mali présente la caractéristique d’être un véritable centre d’accueil pour terroristes et groupes rebelles. Le Front de Libération du Macina (FLM), AQMI, Ansar Dine, AL-Mourabitoun (fusion du MUJAO et des Signataires par le sang du terrifiant Mokhtar Belmoktar) sont à leur aise « comme des fennecs dans le désert ». Ces groupes, qui se revendiquent aujourd’hui d’Al-Qaïda ou de l’organisation État islamique (EI), mènent des actions terroristes s’étendant bien au-delà de leurs frontières respectives.

À côté d’eux, on trouve les groupes rebelles de l’Azawad, qui réclament l’autonomie du nord malien. Le grand acteur de cette dernière rébellion, c’est le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA) qui, né le 16 octobre 2011, se définit comme « une organisation politique de l’Azawad qui défend et valorise la politique pacifique pour atteindre les objectifs légitimes pour recouvrer tous les droits historiques spoliés du peuple de l’Azawad ». Le MNLA revendique une autonomie au sein du territoire malien et demande des avancées rapides, en matière d’accès à la santé, à l’eau, à l’alimentation, à l’énergie, à l’éducation, et réclame aussi « l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur tous les crimes commis par l’armée malienne de 1963 à nos jours sur les populations de l’Azawad ».

D’autres mouvements ont également vu le jour comme le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), le Front national de Libération de l’Azawad (FNLA). Certains ont été dissous, d’autres ont formé des alliances ou se sont fédérés via des organes de coordination ou des conseils afin de mieux canaliser leurs revendications.

Si un accord de paix a eu lieu le 20 juin 2015 entre le gouvernement malien, le Groupe d’Autodéfense touareg imghad et Alliés (GATIA – créé par le général Ag-Gamou et qui défend les intérêts de la tribu touarègue des Imghad de Gao) et une coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, qui rassemble les mouvements armés de l’Azawad, tel le MNLA), promettant le désarmement des combattants, leur intégration dans l’armée et une décentralisation, l’accord, sur le terrain, reste pour l’instant lettre morte, suspendu au bon vouloir des signataires.

Par ailleurs, le nord du Mali est l’une des interfaces les plus actives du monde pour les trafics illégaux. Et ils sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, médicaments, drogues, avec une fulgurante montée en puissance du trafic des migrants.

Certes, il faut noter que ces trafics existent depuis fort longtemps et ne constituent qu’un élément supplémentaire de déstabilisation sur l’échiquier sahélien. Ainsi, sous prétexte de lutter contre les mécréants et les impies, de nombreux groupes terroristes financent leur lutte par des activités illicites. Le prélèvement de la zakât, la dîme islamique sur les produits de contrebande ou de la drogue, a été jugé comme conforme aux règles du jihâd dès 2001 par le Salafiste égyptien al-Tartusî. Les drogues produites en Amérique latine  transitent dès lors par le Sahel pour pénétrer le marché européen. Et, si les groupes terroristes ont des liens avec certains barons de la drogue sahéliens, mais ne s’occupent pas du transport de la drogue, ils guident les trafiquants, sécurisent les convois et prélèvent la zakât.

Le désordre en Libye a aussi poussé sur la route de l’aventure de nombreux migrants en quête d’une vie meilleure en Europe. Une manne financière pour les filières mafieuses, les tribus et les groupes armés. Aucun migrant ne peut arriver sur les côtes de la Méditerranée sans l’appui de nombreux guides et passeurs qui prélèvent un pourcentage pour la traversée du désert ou des villes-étapes.

La dernière ressource lucrative est la prise d’otage ou l’enlèvement qui est devenu une véritable industrie dans le nord du Mali et dans le reste du Sahel. Depuis les premiers enlèvements d’Européens en février-mars 2003 jusqu’à celui d’un Italien, le 2 février 2013, à Djanet en Algérie, ce sont, d’après Olivier Hanne et Guillaume Larabi, « près de 82 otages européens qui ont été pris dans la région, dont certains ont connu plus de trois ans de captivité ». Ce « ganstéro-jihadisme » est devenu un véritable business pour les organisations criminelles et les rançons financent leurs activités.

Une situation extrême qui rend impossible le retour de l’État dans cette région.

Vers la  consolidation de l’État de non-droit dans le nord du Mali ?

La configuration géographique du Nord-Mali se prête parfaitement à l’établissement des groupes armés non-étatiques et au crime organisé qui y ont trouvé largement leur place, en s’adossant aux anciens circuits et/ou en occupant les espaces laissés vacants par l’État.

De même, les luttes internes pour le pouvoir fragilisent cet espace. Tout le long de l’arc sahélien, la géopolitique interne des États semble obéir, selon Medhi Taje, « au raisonnement opposant un centre contrôlant le pouvoir politique et les richesses du pays et des périphéries marginalisées aspirant à rompre le statu quo découlant souvent des effets de la colonisation qui a inversé les rapports de forces traditionnels ». Ces luttes internes de pouvoir fragilisent la stabilité politique, ce qui ne peut que conduire à l’enracinement de l’insécurité dans cette région.

L’échec d’une sécurité collective africaine entaché par la méfiance et les logiques de souveraineté constituent également des freins politiques et sécuritaires pour ramener la paix dans le nord du Mali. Dans cette région du Sahel, chaque pays a sa propre logique et ses ambitions nationales qui entraînent à la concurrence : logique de survie pour le Mali, logique de puissance pour l’Algérie, le Maroc et même le Tchad qui, tous, veulent remplacer la France en tant que gendarmes de l’Afrique.

La militarisation croissante de la zone sous l’effet de la circulation des armes entre les mains des groupes armés divers et de l’installation des bases militaires étrangères, notamment françaises, présente le risque d’une longue période d’incertitude et d’instabilité tant les rancœurs à l’égard de l’ex-puissance coloniale sont grandes et irréversibles.

D’un autre côté, la « géopolitique des tubes », faite de manœuvres ambiguës et de manipulations où la duplicité et les stratégies de l’ombre sont la règle, perturbe le jeu de la paix et de la stabilité dans le nord du Mali et dans le reste du Sahel.

Les développements inhérents aux bouleversements actuels ne s’arrêtent pas au seul Mali. Dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement participent à la définition des enjeux géopolitiques et géoéconomiques de la zone sahélienne. Les ressources minières de la zone provoquent une rude compétition entre les acteurs agissant dans cette région qui, « motivés par des intérêts stratégiques et à identités multiples, sont en mesure et disposent des moyens de contribuer au financement des armées ou des polices d’État, mais aussi de corrompre, de créer des leurres, de posséder une armée privée, d’armer des rébellions et des dissidences, etc. ». Des accusations sont portées contre les uns ou les autres pour des calculs d’inspiration hégémonique, qui entretiennent dans la région une atmosphère trouble. D’autant plus que la déstabilisation de la Libye a confirmé cet enjeu de la quête par les puissances étrangères de ressources énergétiques et minières, et quant à l’accès aux ressources avérées et futures du flanc sud sahélien (bassin de Taoudéni qualifié, à tort ou à raison, de futur eldorado pétrolier et minier).

Ainsi, « les puissances extérieures, sous couvert de lutter contre le terrorisme et le crime organisé, convoitent les ressources naturelles avérées et potentielles et visent, à terme, une militarisation croissante de la zone afin d’asseoir leur contrôle et d’évincer les puissances rivales ».

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En termes de réflexion prospective, vu le contexte fortement incertain qui caractérise le nord du Mali, trois types de défis affectent cette région et rendent compte des liens étroits entre sécurité, gouvernance et développement.

Pour rétablir l’État dans cette zone de non-droit, le gouvernement malien doit adopter une démarche nuancée qui prenne en compte le binôme « sécurité et développement ». Il s’agit surtout de promouvoir des stratégies politico-institutionnelles visant à redistribuer équitablement les richesses nationales aux fins de baisser les tensions politiques et de préserver la paix sociale. La concertation et la coopération à tous les niveaux entre acteurs internes et externes sont également indispensables afin de sortir de cette ornière et de reconquérir cette zone grise.

À cet effet, l’aide des partenaires extérieures peut jouer un rôle prépondérant et indispensable, si -et seulement si- elle est crédible, et qu’elle ne soit confinée, à la supplétivité stratégique et géostratégique ou au diktat des grandes puissances.

Il s’agit pour l’Afrique, selon Wullson Mvomo Ela, « de ne pas se contenter de se laisser imposer une vision, ou de s’en inspirer aveuglement, mais de prendre, pour sa sécurité, l’initiative de la recherche fondamentale et de l’action ».

 

 

 

 

 

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Rodrigue NANA NGASSAM

Politologue – Université de Douala (Cameroun) Chercheur-associé au Groupe de Recherche sur le Parlementarisme et la Démocratie en Afrique (GREPDA) et à la Société africaine de Géopolitique et d’Études stratégiques (SAGES) Chercheur au Canadian Network for Research on Terrorism, Security and Society (TSAS)

2 Comments

  1. Je pense que c’est la France qui est à l’origine du désordre au nord Mali. Qui arme les terroristes et les rebelles ? Que font les drones et les bases militaires françaises ? il y a un problème sérieux dans cette histoire.

  2. Le nord du Mali tout comme la bande sahélo-saharienne fait l’objet de convoitise de la par de la France. C’est cette France qui sème le désordre partout dans cette zone.

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