GAZA – Al-Nakba : soixante-six années d’occupation israélienne… Et vive la Palestine !

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Le Pape François a délivré un message de paix au cours de son récent voyage en Terre Sainte. Mais si cette semence d’amour n’arrive pas à germer, tout espoir d’une patrie pour les Palestiniens sombrera dans l’utopie… Il faut donc nous aider et dire non à la réalité haineuse que nous subissons ! Et alors, nous, les Palestiniens nous pourrons croire que, bientôt, le sionisme israélien fera place à la compréhension entre Juifs et Arabes. Le peuple palestinien retrouvera sa terre et il essaiera de pardonner toutes les injustices qu’il a subies.

Le peuple palestinien, c’est un peuple endurant, patient. Dieu est du côté des patients.

Comment les aveugles qui promeuvent l’alliance entre les États-Unis d’Amérique et le Mouvement sioniste en Palestine, osent-ils encore prononcer le mot « humanité », alors qu’ils défendent un État terroriste qui élimine progressivement tout un peuple depuis des décennies ?

Du 15 mai 1948 au 15 mai 2014. Soixante-six ans déjà, soixante-six ans depuis le début du drame des Palestiniens, soixante-six années de souffrance, de malheurs et de massacres pour un peuple, soixante-six ans depuis le début de la plus grande injustice imposée à un peuple sur sa terre, soixante-six ans de déportation d’un peuple pour le remplacer par un autre peuple. Mais nous disons que c’est ici, notre terre ; nous ne partirons pas.

Nous resterons attachés à cette terre sacrée de Palestine, quelles que soient les duretés de l’occupation. Nous y poursuivons notre existence, en attendant la liberté et l’indépendance, la fin de l’occupation israélienne, jusqu’à l’instauration d’une paix juste et durable.

Quelle excuse les Israéliens emploient-ils pour essayer de justifier l’occupation ? Ils affirment qu’ils sont menacés par nos enfants. Quel genre de délire psychotique est-ce là ?

Le mot « Nakba » signifie en arabe la « catastrophe ». En 1948, les milices sionistes ont expulsé 750.000 Palestiniens de leur patrie et construit l’État d’Israël sur les ruines de leurs villages. Chaque année, le 15 mai, les Palestiniens commémorent cet événement, survenu le lendemain du jour de la création d’Israël.

Soixante-six années d’exil ; et nous n’avons pas oublié… Nous n’oublions pas les otages palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Nous n’oublions pas nos martyrs. Nous attendons de rentrer chez nous.

Mais, soixante-six ans après la catastrophe, les Palestiniens s’interrogent : soixante-six ans de violations de nos droits ne suffisent-ils pas? Qu’attend encore la Communauté internationale pour imposer à Israël l’application du droit international ? Pour instaurer la justice en Palestine? Les Palestiniens n’ont-ils pas le droit de vivre, après soixante-six années de souffrance, dans un État libre et indépendant ? Toujours les mêmes questions, auxquelles on ne répond pas…

Les Palestiniens savent très bien, eux, que, depuis son implantation en Palestine, le Mouvement sioniste n’a jamais eu d’autre but que le nettoyage ethnique. « Terre conquise » et non « Terre promise » ; telle est la réalité d’une colonisation terrifiante, qui se poursuit quotidiennement, depuis soixante-six ans.

Lorsque nous parlons des crimes de l’occupation, nous parlons d’un État qui n’a toujours pas  de frontières reconnues ; d’un État qui refuse toutes les initiatives de paix. Et rien ne donne autant de forces aux Sionistes que la faiblesse de la Communauté internationale à leur égard, qui fait semblant d’être convaincue qu’Israël est une démocratie.

Où était la démocratie, le 31 mai 2010, lorsque l’armée israélienne a attaqué la Flottille de la Paix qui croisait en direction de Gaza, dans les eaux internationales, tuant neuf militants turcs à bord du navire Mavi Marmara ?

Où était la démocratie, en ce mois de mai 2014, quand les balles des soldats israéliens ont frappé en plein cœur était assez, comme Nadeem Nawara (17 ans) et Mohammad Odeh (14 ans), abattus comme des oiseaux pendant les commémorations des soixante-six années de présence israélienne en Palestine ? Ils sont sortis pour manifester ; et ils ont été ramenés à leurs parents, portés sur les épaules de la foule.

Dans son rapport hebdomadaire sur les violations israéliennes des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, pour la seule semaine du 15 au 21 mai 2014, le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) a constaté que les forces israéliennes ont tué deux enfants palestiniens et ont blessé douze civils, dont trois enfants et un journaliste, en Cisjordanie. Les militaires israéliens ont également blessé quatre civils dans les zones frontalières de la bande de Gaza : un enfant, deux ouvriers et un agriculteur.

Où est la démocratie, quand 5.000 prisonniers palestiniens demeurent en détention administrative dans les prisons israéliennes ? Où est la démocratie quand la Cour suprême israélienne justifie et autorise l’usage de la torture ? Où est la démocratie, quand des milliers de personnes sont détenues sans avoir eu connaissance du motif de leur inculpation, sous le prétexte de l’existence de « fichiers de sécurité secret » ? Où est la démocratie quand les procès ont lieu à huis-clos, devant des juridictions militaires ?

La « démocratie » israélienne a promulgué des lois racistes, qui interdisent l’enseignement, dans les écoles israéliennes, de l’histoire de la Nakba, des expulsions forcées de milliers de familles palestiniennes, dépossédées de leurs terres, de leurs maisons, de leurs biens.

Personne ne peut nier l’Holocauste, mais, en Israël, pays « démocratique », pays de « l’apartheid démocratique », on peut nier la tragédie palestinienne, un crime contre l’humanité.

Nous pensons que le boycott international, qui a montré son efficacité comme arme contre le régime d’apartheid en Afrique du sud, devrait être généralisé et élargi contre Israël. Il ne devrait pas toucher seulement les compagnies et les produits des colonies illégales, mais tous les produits israéliens, car cet État n’applique pas le droit international : l’acquisition de territoires par la guerre et leur peuplement par des colonies sont illégaux en vertu du droit international ; la construction des colonies sur des terrains appartenant à des Palestiniens est illégale ; le blocus inhumain imposé contre la population civile de Gaza est illégal ; le mur de l’apartheid érigé par Israël est illégal ; la détention de plus de 5.000 Palestiniens et la torture sont illégales ; l’installation de plus de deux cents check-points en Cisjordanie est illégale ; agresser les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie au quotidien, c’est illégal.

Tout cela, la Communauté internationale le sait.

Nous, nous ne cessons de le répéter. Nous crions dans le désert… Mais nous tenons bon.

Aujourd’hui, après sept ans de division et de factions, d’opposition entre le Hamas et la Fatah, les Palestiniens se sont à nouveau réunis. Un même peuple a de nouveau un seul gouvernement, un gouvernement d’unité nationale palestinien, reconnu par les États arabes, par plusieurs pays d’Europe et d’Amérique latine…

Mais pas par Israël… qui rejette notre nouveau gouvernement, sous prétexte que les ministres issus du Hamas sont des « terroristes », pour repousser encore les négociations et la paix. Israël en profite même pour durcir encore l’occupation par une série de sanctions : geler les fonds du gouvernement palestinien (rappelons que c’est Israël qui prélèvent taxes et impôts dans les Territoires palestiniens, et rétrocède ce qu’elle veut bien au gouvernement palestinien) ; et empêcher le déplacement des ministres palestiniens de la Bande de Gaza vers la Cisjordanie, et vice-versa.

Mais, nous, nous souhaitons beaucoup de succès à notre nouveau gouvernement. Et vive la Palestine !

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Mohammed Shamali

Enseignant (École Raffah - Gaza)

3 Comments

  1. Bonjour,

    Tout d’abord, je regrette tout comme vous ce qui se passe actuellement en Israël et à Gaza. C’est terrible et malheureusement il n’y a pas de solution facile à ce problème et je vais y revenir.

    Par rapport à votre article maintenant. Vous parlez de drame pour les palestiniens depuis 66 ans et je vous l’accorde. Mais c’est aussi un drame pour les israéliens, qui doivent surveiller leurs arrières, ont eu différentes guerres ou des attentats meurtriers, même si souvent, les bilans n’ont pas été aussi lourds que du côté arabe il ne faut certainement pas sous-estimer les pertes israéliennes.

    Pour justifier l’occupation en Gaza, c’est très simple. En 2000, Gaza était un territoire ou on pouvait circuler librement encore. Après, il y a eu des attaques incessantes qui ont fait de nombreux morts par le Hamas, une organisation qui heureusement est considérée comme terroriste dans le plupart du monde. N’importe quel état de la force d’Israël se serait défendu, du coup il y a eu l’occupation.

    Ensuite, vous parlez aussi de la guerre d’indépendance en 1948 où je vous cite “les milices sionistes ont expulsé 750.000 Palestiniens de leur patrie”. Il ne faut pas oublier que les Israéliens avaient proposé de séparer l’état mais que les palestiniens ne voulaient pas et du coup il y avait la guerre. Il y avait des prisonniers des deux côtés donc il ne faut pas écrire avec un avis trop tranché.

    Finalement, vous dites que vous souhaitez beaucoup de succès à votre gouvernement. Mais on entend partout qu’ils utilisent des civils comme protection. Je ne comprend pas..

    Je vous souhaite beaucoup de courage et de chance dans les semaines à venir à vous et votre entourage,

    Bien à vous,

    • Mercado Felipe on

      Votre commentaire est mesuré mais vous ne pouvez nier une disproportion flagrante du nombre de victimes de part et d’autre. Hier, selon les sources, on était à 130 morts du côté palestinien et zéro du côté israélien. La lutte est très inégale. De plus, Israël est à même de détruire les roquettes avant même qu’elles ne s’écrasent sur son sol. Alors pourquoi ce pays utilise une telle violence contre le peuple palestinien ?

      • Evidemment qu’il y a une disproportion flagrante, mais serait vous content si il y aurait plus de victimes du côté des israéliens? Je ne l’espère pas.. La lutte est très inégale c’est sur et peut-être que l’approche israélienne n’est pas la bonne mais la question est qu’elle est la bonne? Parce que ne rien faire n’est pas une solution non plus. Se faire bombarder tout les jours par des centaines de roquettes, même si il y a un système de défense qui intercepte 90% des roquettes avant qu’elles n’atteignent le sol israélien, cause tout de même de temps en temps des pertes du côté des israéliens, sans parler du dégât psychologique endurée par les citoyens qui doivent se réfugier en entendant les sirènes.

        Maintenant, je parle pour les israéliens, je sais que ce que les palestiniens sont en train de vivre actuellement est bien plus pénible et atroce mais je le reproche en premier lieu au Hamas, que je considère comme une organisation terroriste.

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