Dans le contexte particulier de la Palestine, marqué par l’occupation et l’enfermement, comment les universités palestiniennes connues pour leur rôle patriotique arrivent-elles à surmonter cette situation et essayent-elles d’avoir un rôle plus scientifique grâce à l’ouverture et à la coopération, avec les universités européennes en particulier ?
Le contexte actuel en Palestine, l’importance de l’éducation
Le contexte actuel en Palestine (la Cisjordanie et la bande de Gaza) est très difficile. Il est marqué par la poursuite de l’occupation israélienne de nos territoires palestiniens : le mur, les colonies et les checkpoints en Cisjordanie, le blocus, la fermeture de frontières et les différentes agressions dans la bande de Gaza, sans oublier les difficultés économiques. Mais le sentiment le plus grave est l’absence de perspectives pour l’avenir, notamment chez les jeunes.
Dans ce contexte, la société palestinienne se montre intéressée par l’éducation. Cet intérêt s’explique par le fait que l’éducation est le seul moyen d’assurer un avenir meilleur et d’améliorer le niveau de vie. Les Palestiniens ont toujours donné une grande importance à l’enseignement qui est essentiel pour construire toute société forte et indépendante. Ils avaient, bien avant l’occupation israélienne un grand nombre d’intellectuels qui étaient diplômés d’universités arabes et occidentales.
De plus, les enseignants et les professeurs assurent leur responsabilité à un haut niveau en apportant leurs services et en transmettent leurs savoirs à des centaines de milliers d’élèves et d’étudiants palestiniens dans les écoles et les universités.
Le système éducatif palestinien cherche continuellement, de part son développement, à atteindre le plus haut niveau international, ceci peut se voir au travers des différents plans qui ont été menés pour intégrer de nombreux enseignants et professeurs formés localement ou internationalement, ainsi que par la conduite d’importants échanges avec des organisations et des universités internationales.
L’éducation pour les Palestiniens est un enjeu, une valeur sacrée. L’éducation tient une place importante dans une démarche d’affirmation et de revendication d’une identité collective nationale, l’éducation est ainsi un signe d’espoir pour l’avenir.
L’éducation comme forme de résistance
Avec cette importance accordée à l’éducation par les Palestiniens, avec le taux de scolarisation très élevé qui dépasse 94 % – selon les estimations de l’UNESCO en 2014 – et, en dépit de toutes les difficultés, l’éducation est devenue une forme de résistance par la non-violence en Palestine.
Quelques exemples…
Malgré les frais d’inscription très élevés dans les universités – de 500 à 700 € par an –, les familles encouragent leurs enfants à s’inscrire même si ces familles savent que leurs enfants risquent de se trouver au chômage après quatre ou cinq ans passés à l’université, mais c’est un signe d’espoir pour l’avenir (le taux du chômage dépasse 60 %).
Les mères palestiniennes cherchent, avant tout, les manuels scolaires de leurs enfants dans les ruines de leurs maisons détruites par les bombardements israéliens.
Les mères palestiniennes se lèvent vers 3 h du matin pour préparer le cartable scolaire et accompagnent leurs enfants à traverser le mur et les checkpoints très nombreux en Cisjordanie.
La priorité dans les projets de construction et de reconstruction est accordée aux écoles et aux universités.
Le rôle des universités palestiniennes… L’histoire des universités palestiniennes
Les universités sont très anciennes. Elles ont en majorité été créées dans les années 1980 pendant l’occupation israélienne, et en 1990 avec le début du processus de paix et le retour de l’autorité palestinienne. Au début, ces universités souffraient beaucoup des mesures israéliennes qui les fermaient pour de longues périodes pendant l’année scolaire. Les cours se poursuivaient donc dans les maisons, les centres culturels et éducatifs, les associations, les mosquées et les lieux publics.
Ces universités, créées dans de nombreuses villes palestiniennes, même sous occupation, étaient un grand défi et représentaient le symbole de l’importance accordée à l’éducation par toute la société palestinienne.
Trois types d’universités existent en Palestine
Les universités générales, qui dominent en Palestine : neuf en tout, trois dans la bande Gaza et six en Cisjordanie. Le financement provient soit des frais d’inscription, soit de l’Europe. Elles sont sous le contrôle du Haut conseil de l’enseignement supérieur, un organisme indépendant.
Les universités publiques : trois dans la bande de Gaza et deux en Cisjordanie. Elles sont rattachées au ministère de l’Enseignement supérieur et les salaires sont versés par l’autorité palestinienne.
Les universités privées : deux en Cisjordanie et deux dans la bande de Gaza. Elles ne sont pas très répandues. Elles cherchent les bénéfices avec des investissements privés.
Le nombre des universités en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne cesse d’augmenter : 16 grandes universités, dix en Cisjordanie et six dans la bande de Gaza, avec 15 000 étudiants dans chaque université.
Actuellement, et à partir de l’année universitaire 2014-2015, ces universités abritent plus de 250 000 étudiants, soit 9 % de la population totale, presque 7 700 professeurs y travaillent. Malgré toutes les difficultés financières et autres liées à l’occupation, de plus en plus de campus et de centres ouvrent et proposent une formation dans presque tous les domaines.
Le ministère palestinien de l’Enseignement supérieur est chargé de superviser ces universités sans intervenir dans leur fonctionnement interne, il donne son autorisation pour l’ouverture de spécialités ainsi que sur l’égalisation des diplômes délivrés. En général, toutes les universités palestiniennes bénéficient de l’autonomie juridique et financière.
L’université est l’institution la plus importante dans la société, c’est un espace de production, de renouvellement et d’approfondissement des connaissances. C’est un lieu d’ouverture à autrui, c’est un lieu où les enseignants et les étudiants peuvent faire de la politique, défendre des idées et s’investir dans des activités sociales et culturelles. De fait, elle joue un rôle dans la vie quotidienne politique, économique, sociale et culturelle.
Dans un certain sens, les universités représentent le futur de l’éducation palestinienne ; elle est aussi un lieu de mémoire pour la Palestine, un lieu de démocratie entre les syndicats étudiants.
En dehors de leurs missions professionnelles et éducatives comme centres de formation, les universités palestiniennes ont un rôle patriotique. Il s’agit de participer à l’attachement des jeunes à leur terre pour qu’ils ne partent pas à l’étranger, en ouvrant de plus en plus de spécialités et des formations dans presque tous les domaines (scientifiques, techniques et littéraires) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Les particularités des universités palestiniennes
Le développement de l’enseignement à distance : une nécessité pour défier les difficultés d’accès aux universités en raison des barrages israéliens (l’université Al-Quds de formation continue qui possède des filiales dans toutes les villes palestiniennes).
Lors des colloques dans les pays arabes et en Europe, les collègues universitaires, notamment ceux de Gaza, se rencontrent à l’étranger et non en Palestine.
Seule une université palestinienne, celle de Naplouse, offre une formation doctorale dans le domaine de la chimie exclusivement.
Le système appliqué est proche du système européen avec le modèle LMD (licence, master, doctorat) et le processus de Bologne, un système en pleine réforme.
L’université ne ferme jamais ses portes, elle est ouverte toute l’année, deux semestres, avec un semestre d’été intensif et pas de vacances en général.
Toutes les universités palestiniennes sont équipées de matériel pour organiser des visioconférences.
Elles ont plus de projets de coopération avec les universités européennes que les universités arabes.
Cependant, comme dans les autres pays de la région, il existe d’importants décalages entre les profils universitaires et les besoins du marché du travail. Près de 75 % des inscriptions concernent les sciences humaines et, principalement, les sciences de l’éducation. Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur reste élevé, même s’il est plus bas que pour les non-diplômés (à titre d’exemple, il est de 34 % pour les femmes diplômées).
La coopération universitaire avec l’Europe… Pourquoi l’Europe ?
L’aspect géographique et le partage du contour méditerranéen ; la position plus au moins objective de ces pays européens concernant le conflit israélo-palestinien ; le soutien de l’Europe au développement du système éducatif palestinien ; l’Europe est le premier bailleur de fonds à l’autorité palestinienne.
Dans ce cadre, beaucoup de réformes ont touché le système universitaire palestinien [adoption du LMD et harmonisation des diplômes supérieurs]. C’est une grande étape d’ouverture vers le monde extérieur qui va permettre aux étudiants palestiniens de poursuivre leurs études en master et en doctorat dans les universités étrangères européennes, avec une reconnaissance mutuelle de leurs diplômes.
On constate des dizaines de projets entre les universités palestiniennes et les universités européennes, avec des jumelages, des conventions, des accords de coopération et des projets de recherche.
Quelques exemples de projets de coopération universitaire avec l’Europe…
Les bourses aux étudiants palestiniens en master et en doctorat par les gouvernements européens (ministères des Affaires étrangères) via leurs consulats à Jérusalem, sont accordées soit directement (bourses générales), soit en coopération avec les universités palestiniennes.
Les projets de recherche entre les universités européennes et palestiniennes.
Les projets européens généraux comme les programmes Peace, Tempus Rufo, Al-Maqdisi, Erasmus : le programme Peace (initié en 1991 sous l’égide de l’UNESCO, avec le soutien de la Commission européenne) : il s’agit d’un réseau d’universités européennes (65 dont 18 françaises) désirant unir leurs efforts pour aider les universités palestiniennes à maintenir et à développer leurs capacités de formation et de recherche, notamment par le biais de bourses (11 étudiants palestiniens concernés par ce programme) ; le projet Tempus Rufo [mis en place en 2005 et coordonné par le CNAM (Conservatoire national des arts et métiers)], avec la participation de l’université des Sciences et techniques de Lille, l’université Libre de Bruxelles et des universités palestiniennes (Al Quds, Al Quds Open, An Najah et Birzeit) : il a pour objet la mise en place d’un réseau interuniversitaire en Palestine pour le développement de compétences individuelles et collectives dans le domaine de la formation ouverte et à distance, en lien avec les réseaux européens ; le programme Al-Maqdsi vise à développer les échanges scientifiques et technologiques d’excellence entre les laboratoires de recherche des communautés scientifiques françaises et palestiniennes.
Le projet d’enseignement à distance élaboré par l’université Toulouse-Le Mirail, en coopération avec l’université Al-Quds Open, financé par la région Midi-Pyrénées.
Il faut souligner ici le rôle important du Consulat de France à Jérusalem. La France est le pays qui accorde le plus de bourses, stages, séjours linguistiques, séjours scientifiques, projets de recherche aux universités palestiniennes – programme Al-Maqdsi – et de nombreux accords de coopération et de convention sont en cours entre 15 universités françaises et 12 universités palestiniennes.
D’autres outils de coopération française existent tels que les cotutelles de thèses qui ont pour but de contribuer à la construction de l’Espace européen de la recherche.
Une haute commission mixte franco-palestinienne de l’enseignement supérieur a été crée en 1998 pour assurer la coordination de tous les projets communs dans le domaine universitaire et scientifique.
Il est important de signaler aussi que l’enseignement du français est présent dans sept universités palestiniennes et que cinq d’entre elles ont ouvert un département de français avec le concours du Consulat général de France à Jérusalem. Parmi ces universités, trois sont devenues membres de l’AUF (Agence universitaire de la francophonie), bureau du Moyen-Orient : l’université Najah de Naplouse, l’université Berzeit de Ramallah et l’université Al-Aqsa de Gaza.
Mais nous constatons que le nombre d’étudiants et de chercheurs palestiniens dans les universités européennes n’est pas encore très développé.
Le cas de l’université Al-Aqsa de Gaza et son département de français
L’université Al-Aqsa de Gaza est une université pédagogique. Elle forme les futurs professeurs dans presque toutes les matières scientifiques, littéraires et techniques. Elle a été fondée en 1955 sous la forme d’un institut des maîtres, après quoi, elle s’est transformée en faculté d’éducation en 1991, et en 2002, elle a pris le nom d’université Al-Aqsa.
Actuellement, plus de 24 000 étudiants et étudiantes fréquentent cette université, encadrée par plus de 750 professeurs? L’université Al-Aqsa a été la première université palestinienne qui a ouvert un département de français en 2000, en coopération avec le Consulat général de France à Jérusalem.
Le projet franco-palestinien d’introduire le français dans le cursus universitaire en Palestine, a commencé en 1996 avec la formation des professeurs palestiniens de français et la création du DUPF (Diplôme Universitaire de Professeur de Français). Cette formation en deux ans a été remplacée en 2000 par une licence de français en quatre ans afin de répondre aux demandes d’écoles pilotes qui ont besoin de professeurs de français pour assurer l’enseignement de cette matière en plein essor dans ces établissements d’excellence.
Le ministère palestinien de l’Enseignement supérieur et le consulat général de France à Jérusalem ont décidé de créer une licence de français à l’université Al-Aqsa de Gaza. Cette licence sera la première en Palestine qui répondra aux besoins en professeurs, des établissements palestiniens et des centres culturels français dans l’optique, surtout du ministère de l’Education d’introduire le français comme deuxième langue étrangère dans plus de cinquante établissements publics en Cisjordanie et à Gaza.
Le projet de coopération franco-palestinien pour la mise en place une licence de français définit les missions de chaque partie:
Le consulat général de France à Jérusalem détermine, en concertation avec une université française, (l’université de Franche-Comté), les orientations pédagogiques du programme de licence. Il participe au recrutement des enseignants pour la partie du programme en français et à l’organisation des stages en Palestine et en France.
L’université Al-Aqsa perçoit les droits d’inscription des étudiants selon les modalités qui lui sont propres. Elle assure l’intégralité de la partie du programme dispensée en arabe.
Le ministère de l’Enseignement supérieur palestinien assure la tutelle académique de la formation. Il définit, en concertation avec le ministère palestinien de l’Education nationale et le consulat général de France à Jérusalem, les orientations, les besoins et les objectifs du programme.
En coopération avec le consulat général de France à Jérusalem, l’université Al-Aqsa de Gaza a mis en place la licence de français à partir de décembre 2000.
Dans ce cadre, un Département de français a été ouvert en même temps que la nomination de deux chefs de ce Département: un responsable français qui représente le consulat général de France et un responsable palestinien qui représente l’université Al-Aqsa.
L’enseignement du français à l’université Al-Aqsa est un modèle de réussite de la coopération franco-palestinienne dans le domaine éducatif et culturel, puisque d’autres universités palestiniennes envisagent de bénéficier de cette riche expérience et d’introduire l’enseignement du français dans leurs programmes universitaires.
L’enseignement du français à l’université Al-Aqsa est en plein essor, et cela pour trois raisons principales : la première est la politique d’ouverture de l’université Al-Aqsa aux langues étrangères, et en particulier le français, dans ses programmes universitaires. Le français est un atout pour cette université pédagogique qui forme de futurs enseignants, et qui consolide ses relations extérieures avec la France et la Francophonie. La deuxième est la volonté française, représentée par le consulat de France à Jérusalem, de développer la Francophonie en Palestine en formant de futurs cadres palestiniens francophones, en commençant par les professeurs de français qui eux-mêmes vont assurer la formation d’une future génération palestinienne ouverte sur le monde francophone. Et la troisième raison est politique : il s’agit de renforcer les relations entre la Palestine et la France, voire l’Europe, en commençant par les relations éducatives et culturelles.
Toutes ces raisons expliquent que l’université Al-Aqsa, la seule université publique en Palestine par l’ouverture de ce département de français confirme la volonté politique des autorités palestiniennes d’encourager l’apprentissage de cette langue au milieu universitaire et au niveau supérieur.
Le département de français de l’université Al -Aqsa
L’enseignement du français à l’université Al-Aqsa fait partie des programmes ambitieux de cette université de pointe. Il reflète son désir de s’ouvrir d’une part aux langues et cultures étrangères et d’autre part, de renforcer les relations entre la France et la Palestine dans les domaines culturels et pédagogiques.
Le département de français de l’université Al-Aqsa a été officiellement inauguré à la rentrée universitaire 2000-2001 en coopération avec le consulat général de France à Jérusalem. L’idée de la création d’un département de français est née suite à la décision commune entre le ministère palestinien de l’Enseignement supérieur et le consulat français de mettre en place une licence de français.
Le département dépend de la faculté d’éducation des sciences humaines et a été cogéré, à ses débuts, par deux responsables : un responsable représentant l’université Al-Aqsa (un professeur de français palestinien) et un responsable français qui représente le consulat de France. Cependant la cogestion du département de français a pris fin en juin 2005, et la responsabilité totale de ce département revient actuellement à l’université Al-Aqsa.
Le département de français assure l’élaboration et l’évaluation du programme de licence de français. Il est responsable devant le consulat et le ministère palestinien de la réussite et du bon déroulement de la licence de français dont l’objectif est de former des professeurs palestiniens qui vont être en mesure d’enseigner le français dans les écoles publiques et privées qui ont commencé à enseigner le français dans leur programme.
40 étudiants ont obtenu leur licence de français en juin 2004 et ils constituent la toute première promotion.
Actuellement, il y a environ 77 étudiants inscrits au département de français. Nous remarquons à propos des étudiants inscrits en français que 85% sont des jeunes filles.
Les enseignants qui assurent la formation au département (la rentrée 2014-2015) se composent de 3 professeurs titulaires et 2 assistants, il est souvent fait appel à des vacataires pour satisfaire les besoins.
Il faut souligner ici, les efforts considérables du consulat français déployés dans le domaine de l’orientation, du suivi et de la formation continue des professeurs palestiniens de français. Il faut mentionner aussi que chaque année, il y a une forte demande d’inscription au département de français. Celui-ci, sur test des postulants, ne pourra en retenir qu’une vingtaine, par souci de donner un enseignement de bonne qualité. La qualité demeure la préoccupation prioritaire du département.
En effet le département de français de l’université Al-Aqsa est très soucieux de mettre sur le terrain des enseignants de grande compétence, en dépit de l’enfermement Gaza, du blocus de la bande de Gaza, qui empêche tout contact avec le monde extérieur. Dix ans après l’ouverture, le département de français à l’université Al-Aqsa, compte plusieurs réalisations à son actif : neuf promotions ont un B.A de français, la première en juin 2005, comptait 40 diplômés ; la deuxième en 2006, 52 ; la troisième en 2007, 70 ; la quatrième en 2008, 18, le cinquième en 2009, 21, la sixième en 2010, 19, la septième en 2011, 20, la huitième 16 et la neuvième 15. L’université Al-Aqsa est la première université palestinienne à offrir une licence dans le domaine de l’enseignement de français. Actuellement, nous pouvons dire qu’il y a plusieurs universités palestiniennes qui enseignent le français : l’université Al-Najah à Naplouse qui a ouvert un département de français en 2001, l’université Al Azhar à Gaza et l’université Beir Zeit à Ramallah qui offrent un programme de B.A anglais- français.
Envoi de dizaines d’étudiants de l’université pour des stages linguistiques d’un mois en France dans des instituts et des centres linguistiques et pédagogiques spécialisés dans l’enseignement de FLE, financés par le consulat général à Jérusalem.
Envoi de diplômés en France et dans des pays francophones pour continuer leurs études supérieures dans l’enseignement du français.
La plupart des professeurs du département de français sont Palestiniens, mais au début tous les professeurs étaient français. Il revient à l’université de s’intéresser au développement de l’encadrement palestinien, et de renforcer ses compétences en le faisant participer à des stages, des études, des recherches et des conférences organisés dans plusieurs pays francophones.
Renforcement des relations externes du département de français et de l’université par les jumelages avec des universités françaises et francophones, des échanges de visites et une participation au nom de l’université à des conférences et des rencontres dans des universités françaises et francophones.
Le département de français de l’université Al-Aqsa s’est également développé en s’intéressant à renforcer davantage les activités extra-universitaires en français : ateliers entre les étudiants, écriture de poèmes et d’articles en français et leur publication sur des sites Internet francophones avec l’objectif de faire parvenir la voix de l’étudiant palestinien au monde extérieur, visite des écoles d’excellence à Gaza, accueil de personnalités francophones à l’université, organisation de fêtes lors de la journée de la Francophonie et à l’occasion d’autres célébrations palestiniennes dans l’université, il y a aussi l’échange de points de vue via Internet avec des étudiants francophones, suivi de l’organisation de concours de poésie, et l’encouragement de la lecture en français.
Enfin, la participation de délégations d’étudiants du département à des conférences comme par exemple la conférence des universités francophones qui a eu lieu à l’université du Caire en 2005, la rencontre au Centre Mondial de la paix à Verdun en 2006, et le voyage de plusieurs étudiants en France pour suivre des stages linguistiques et pédagogiques.
La création du club francophone pour la première fois dans toutes les universités palestiniennes qui enseignent des langues est une initiative bénéfique : ce club a beaucoup aidé à améliorer les capacités linguistiques des étudiants par des activités culturelles organisées à l’intérieur et à l’extérieur de l’université, et de plus, le club a depuis sa création aidé à renforcer les liens entre les étudiants et les professeurs et entre les étudiants eux mêmes.
Les activités au département de français
Ces activités se résument à l’ouverture d’un centre de ressources francophones au sein même du département, la signature de conventions pour des jumelages avec des universités françaises mais aussi francophones et en particulier la convention signée avec l’université de Paris 8 en 2008 dans le domaine de français langue étrangère. Cette convention qui montre la volonté de l’université française d’aider notre département en particulier et notre université en général à développer un partenariat solide avec le monde universitaire francophone ; l’envoi d’étudiants en France pour des stages linguistiques et autres rencontres soit en coopération avec le consulat de France, soit avec les des associations et organisations francophones. Sans oublier la participation à des conférences en Palestine et à l’étranger, la création d’un club francophone, l’organisation de dizaines d’activités extra-universitaires pour les étudiants du Département.
Le défi actuel des universités palestiniennes
Dans ce contexte très particulier, les universités palestiniennes essayent de s’adapter et proposent un enseignement de qualité aux étudiants, en dépit de toutes les difficultés à surmonter.
Les difficultés actuelles rencontrées dans les universités palestiniennes…
Le manque de ressources financières ; le manque de matériel et de livres ; les difficultés liées aux mesures de l’occupation (circulation, colonies, checkpoints, blocus, fermeture des frontières, attaques israéliennes contre les universités…) ; l’absence de vrais laboratoires de recherche ; l’absence du statut de chercheur ; les ambiguïtés quant au rôle de l’université (certaines ont plus un rôle patriotique que pédagogique et professionnel) ; le manque de coordination entre les différentes universités dans la même région (conséquence : réédition de spécialités et préférence pour la quantité plus que pour la qualité) ; le nombre considérable de diplômés sans relation avec le marché du travail ; les différents statuts des universités et le manque de cohérence dans leurs programmes académiques ; le manque de contacts avec le monde extérieur.
Les universitaires palestiniens ont compris que, pour sortir de l’isolement provoqué par l’occupation et pour poursuivre une mission scientifique et patriotique, il faut mettre en place des réformes, une ouverture, une coopération, des jumelages… et aussi développer la recherche, échanger des expériences avec les universités internationales par l’accueil d’étudiants, mais surtout proposer des initiatives pour l’avenir.
Par exemple…
Le département de français et le Centre de la paix de l’université Al-Aqsa de Gaza, qui sont des exemples de la coopération entre les universités de Gaza et le monde extérieur, francophone en particulier, mettent en œuvre des projets et des activités pour sortir de l’isolement et défier le blocus.
Le Centre de la paix de l’université Al-Aqsa de Gaza est un exemple du développement de la francophonie en Palestine. Il témoigne du rôle joué par la francophonie au service de la paix. Ce centre pour la démocratie, la non-violence, les droits de l’Homme et de la paix a été créé en février 2006 pour développer les principes et les valeurs de respect, d’échange au sein de l’université Al- Aqsa de Gaza.
Ce Centre montre la volonté du département de français de développer des relations de partenariat avec le monde extérieur, surtout avec l’Europe. Il souligne l’importance de la langue française comme langue d’ouverture sur le monde extérieur. Il prend place au sein d’un programme plus vaste, associant des organisations européennes et palestiniennes œuvrant pour la paix, en particulier au Proche-Orient. Ces organisations, par leurs actions d’information, de sensibilisation et d’éducation, contribuent à la construction d’un monde plus solidaire et au développement équilibré et durable.
L’objectif général de ce centre est l’instauration d’une culture de la paix destinée à sensibiliser et à former les nouvelles générations de jeunes palestiniens afin de les ouvrir aux principes de la paix, de la démocratie et des droits humains.
Les Perspectives…
Il est nécessaire que les universités palestiniennes adaptent leurs formations au marché du travail, qu’elles s’ouvrent au monde, qu’elles développent des centres et des laboratoires de recherche, qu’elles mettent en place des partenariats avec des universités étrangères, qu’elles sortent du modèle patriotique pour aller vers un modèle professionnel afin de s’adapter aux changements permanents de la mondialisation.
Conclusion
Les universités palestiniennes résistent et existent. Elles s’ouvrent de plus en plus sur le monde extérieur en pleine mutation, elles confirment leur rôle de proposer un enseignement de qualité à un public jeune qui a soif de savoir et de savoir faire, mais surtout qui a besoin de sortir de son enfermement via les nouvelles technologies et la mobilité. Les universités participent à maintenir l’espoir chez les jeunes.
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