DEBATE / TUNISIE – Une «réconciliation» qui passe mal…

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Six ans après la révolution, un projet de loi sur la « réconciliation » économique et financière surgit au cœur du débat public tunisien.

Ce projet de loi a pour but d’assurer l’amnistie aux fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption durant le régime de Ben Ali.

Le chef de cabinet du président de la république, Slim Azzabi, l’admet : le but est l’amnistie pour les fonctionnaires publics non impliqués directement et condamnés, mais aussi l’amnistie pour les personnes impliquées directement et indirectement dans des affaires de corruption et l’amnistie pour les crimes de change de devises au détriment de l’État, des affaires financières juteuses.

Neuf mille personnes, dont quatre mille fonctionnaires de l’État, pourraient bénéficier de cette « loi de réconciliation » qui, une fois votée, aura sans doute pour conséquence l’abandon de toutes les affaires de corruption en cours et les jugements prononcés auparavant.

Le collectif Manich Msamah (Je ne pardonne pas) avait appelé tous les représentants de la société civile et des partis politiques de l’opposition à effectuer une marche de protestation sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis le 13 mai dernier. Environ 2.000 personnes s’étaient mobilisées.

L’arrestation récente de plusieurs prévenus et le jugement qui vient de condamner Imed Trabelsi (neveu de Leïla Trabelsi, l’épouse de Ben Ali) à 108 ans de prison n’effacent pas l’impression qui imprègne l’opinion publique, qui considère de plus en plus que cette loi menacera énormément le travail de la justice tunisienne et, plus particulièrement, neutralisera largement les activités de l’Instance Vérité et Dignité et de la justice transitionnelle.

Malgré les énormes efforts de la société civile pour  parvenir à une réelle démocratisation du pays, la Tunisie peinerait-elle à se débarrasser des vieux fantômes de l’ancien régime ?

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Anass El Azhar Idrissi

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