MONDE ARABE – Réfugiés, le naufrage des relations euro-méditerranéennes

0

La Méditerranée a toujours été un espace de convoitise, de guerre, mais également de civilisation, d’innovation et d’avenir. Mer fermée mais d’ouverture, elle se replie jour après jour pour devenir une frontière infranchissable entre ses rives nord et sud.

14914814_1487976247884545_1656541161_nBerceau de l’humanité, la Méditerranée semble devenir aujourd’hui un cimetière marin, mais également le cimetière des relations avec l’Europe. Le contexte géopolitique fracassant dans lequel est plongée la Méditerranée depuis quatre ans renvoie dos à dos Union européenne et Monde arabe sur la véritable dynamique et stratégie de dialogue et de coopération à adopter. Et ce afin d’envisager un futur pacifié sur cet espace de circulation historique unique au monde entre le Nord et le Sud, entre l’Europe et le Monde arabo-musulman.

L’image du petit Aylan Kurdi, 3 ans, mort sur les côtes turques, a fait le tour du monde et est devenu le symbole de ces millions de réfugiés qui ont fui les guerres en Syrie en Irak, mais aussi de ces milliers de Subsahariens qui tentent chaque année l’Eldorado depuis le Maghreb vers Gibraltar ou Lampedusa. 3.000 sont morts noyés en 2015 et près de 430.000 réfugiés sont arrivés en Europe durant cette seule même année. Soit 1% de la population européenne.

Sans oublier qu’à l’avenir ces flux risquent bien de se poursuivre avec de nouvelles catégories de réfugiés : les réfugiés climatiques. Ils sont aujourd’hui environ 70 millions de par le monde à vivre au quotidien cette situation sans issue. Ils étaient seulement 40 millions il y a 20 ans.

La question des réfugiés syriens en Europe, en particulier, se révèle ainsi comme le dernier parangon du naufrage des relations Euromed.

La Méditerranée, carrefour primordial d’influences et de tensions

Tout se mélange dans les médias : réfugiés, migrants, immigrés, émigrés, déplacés.

Ces images quotidiennes inondent les médias et les conditions et raisons du départ de ces êtres humains sont oubliées au profit de la peur de l’invasion qui saisit les Occidentaux.

Moyen de gagner de l’argent pour les uns, absence de véritable politique européenne constructive, coercition et renforcement des frontières, blocage des migrants aux frontières de Schengen : chacun tire de cette immigration malheureuse son propre intérêt et relègue derrière un mur la misère de tous ces pays dans lesquels l’Occident est intervenu, mal intervenu.

Depuis lors, de nouvelles frontières et de nouveaux murs surgissent : en Hongrie notamment, en Autriche, mais aussi en Serbie ou en Turquie et en Grèce. Les îles de Lesbos, Kos et Leros, au large de la Turquie, restent, à l’instar de Lampedusa, les principales portes d’entrées de l’Europe par voie maritime. Les « marées humaines » ont commencé leur chemin vers le vieux continent. Les extrémistes européens se prennent pour Noé sur son arche qu’il faut sauver du déluge. Les premières victimes restent les mêmes : ces hommes, ces femmes, ces enfants, apparentés parfois à des animaux, qui n’ont rien demandé, certainement pas de voir leur pays détruit, leur espoir de construire leur avenir réduit à néant, l’idée de vivre en paix chez eux, et qui quittent tout pour vivre un futur totalement incertain. Or, ces gens dans leur pays, qui ont eu pour beaucoup les « moyens » de partir, étaient souvent avocats, médecins, entrepreneurs, ingénieurs…

Mais, pour les Européens, ils ne sont plus qu’un problème et leur présence préempte un peu plus l’avenir de relations apaisées entre le l’Europe et le Moyen-Orient : « Nous n’avons pas fui parce que nous n’avons pas d’argent, nous avons fui à cause de l’insécurité », témoigne un réfugié en Grèce.

Une responsabilité globale de l’Humanité

Si les erreurs politiques diverses des acteurs nationaux comme transnationaux a malheureusement conduit petit à petit à transformer la Méditerranée en un espace frontalier et de fermeture plutôt que d’échange, à privilégier les intérêts locaux sur l’intérêt régional, à entretenir la crainte et la peur plutôt que l’échange et la confiance, à nourrir les haines par des guerres suicidaires et irresponsables, à soutenir des positions et des camps politiques au détriment d’autres, le futur proche devrait s’attacher à permettre dans un cadre institutionnel ou en dehors de refonder de manière solide, constructive, durable et naturelle les relations euro-méditerranéennes et euromaghrébines comme l’Histoire en a par le passé largement été le témoin.

La montée de la mobilisation d’une partie des peuples en Europe, depuis août 2015, pour forcer les États à accueillir davantage de réfugiés pour lesquels nous avons notre part de responsabilité a porté ses fruits.

Le refus de nombreux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – avec la franchise du Qatar qui reconnaît qu’il a « assez d’esclaves » – interroge les pays occidentaux.

Les réfugiés font bien évidemment le choix de l’Europe pour ne pas se retrouver sous la coupe de nouveaux régimes dictatoriaux qui ne leur accorderont aucun droit de citoyens. Ils espèrent beaucoup de l’Europe. Trop.

Une région euro-méditerranéenne faite et défaite par la circulation des hommes

Seuls les discours populistes peuvent encore tenir l’argument d’une pureté des nations ou des peuples.

L’Europe est de sang mêlé comme le sont l’Afrique et le Moyen-Orient.

L’islam a conquis ses territoires d’aujourd’hui comme l’Europe s’est faite par la migration de ses dirigeants et d’une partie de ses peuples. C’est à ce prix que les pays se sont construits en intégrant des territoires ou des populations. Les Français de souche n’existent pas plus que les purs sangs arabes – pour frôler l’imagerie animalière. Nous vivons sur un continent d’Empires et de grandes puissances européennes qui se sont toujours alloué une mission civilisatrice et ont été par la force défendre les valeurs « européennes », lors des Croisades, par exemple, pour reprendre le tombeau du Christ aux Musulmans, ou en Amérique latine pour étendre le royaume du Christ. Cela s’est souvent fait aux dépens des populations : une acculturation par le sang, la soumission, voire la disparition pour les récalcitrants.

Dans la période contemporaine, l’Europe ravagée par la Première Guerre mondiale était à reconstruire. Elle a engagé un long processus d’immigration économique, venue du sud du continent (Italie, Espagne, Portugal). On parlait à l’époque d’une immigration provisoire, mais elle devint définitive. Ce fut le cas après la Seconde Guerre mondiale et les indépendances des pays du Maghreb, avec l’immigration nord-africaine.

En Belgique, un accord fut même passé avec le Maroc en 1964 pour une immigration temporaire qui alimenterait les mines belges. Aujourd’hui, la population d’origine immigrée joue un rôle majeur dans l’économie là-bas comme en France.

Il est probablement irréaliste de vouloir freiner cette immigration dynamique ou du moins la percevoir uniquement comme un danger au moment où la pyramide des âges se tasse vers le bas. L’Europe est vieillissante et la démographie en péril, moins en France qu’en Allemagne. On sait que les populations subsahariennes et d’origine arabe rajeunissent la population et luttent contre la fatalité de la pyramide européenne.

Jacques Attali, dans une interview au Soir de Bruxelles, le 14 septembre 2015, expliquait que cette vague de réfugiés syriens, afghans, irakiens, etc., constituait une chance inouïe pour l’Europe en termes économiques. Pendant que les discours alarmistes, extrémistes et xénophobes n’y voient là que dépenses et coûts faramineux.

Doubles mouvements de migration économique et politique

Du côté des pays arabes, l’immigration a aussi joué un rôle déterminant dans le développement de certains pays et y contribue aussi encore.

Aujourd’hui, si la Jordanie et le Liban, avec l’Égypte et la Turquie, sont les champions en la matière dans la région, les pays du Conseil de Coopération du Golfe choisissent leur immigration qui provient de l’Océan indien et de l’Asie à des fins économiques – par exemple, 80 % de la population du Qatar est immigrée. C’est une population malléable et peu revendicative, contrairement aux réfugiés politiques qui arriveraient des pays dévastés comme l’Irak ou la Syrie avec un désir de démocratie et de respect des Droits de l’Homme. Ils n’ont dès lors aucun plan d’accueil pour les Syriens.

Plus de la moitié de la population de la Jordanie est palestinienne, à commencer par la Reine Rania, l’épouse du roi Abdallah II. Le royaume hachémite a accueilli près de 400.000 Palestiniens en 1948 (ils sont deux millions aujourd’hui), puis des dizaines de milliers d’Irakiens au moment de la seconde guerre du Golfe de 1991, puis 500.000 Irakiens depuis la guerre déclenchée en Irak en 2003 ; elle paie un tribut énorme dans l’accueil des flots de réfugiés syriens depuis 2011, avec pas moins de 630.000 individus sur son sol. Aujourd’hui, le pays est au bord de la crise économique et n’est pas à l’abri d’une déstabilisation politique. La crise dure depuis dix ans. Il ne faut pas oublier que le Liban a plongé dans la guerre civile en 1975-1976, justement à cause du déséquilibre politique chrétiens-musulmans modifié par l’afflux des Palestiniens et la conscientisation politique de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) avec son chef historique Yasser Arafat.

Si l’Europe craint souvent d’être une terre « envahie » par les migrants et les réfugiés, il ne faut pas oublier que les pays du Moyen-Orient sont actuellement la première « éponge » des conflits régionaux, à commencer donc par la Turquie, la Jordanie et le Liban.

Mais ils ne sont pas les seuls : la Syrie elle-même avait dû accueillir après le déclenchement de la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein en 2003 près de 450.000 de ses voisins. Ils étaient déjà 70.000 avant ce conflit. L’Irak d’aujourd’hui accueille près de 200.000 Syriens.

Comme quoi chaque pays peut être tour à tour hôte puis pourvoyeur, malheureusement, de masses de réfugiés. L’Europe semble l’avoir oublié la Seconde Guerre mondiale…

Mais on ne saurait faire porter l’ensemble de la responsabilité des mouvements massifs d’immigrés sur l’Europe : les décennies d’autoritarisme dans le monde arabo-musulman jouent aussi leur rôle. Il serait injuste de ne pas condamner les dirigeants arabes d’une grande partie des pays de la zone Mena (Middle-East & North Africa), qui, par leur manque de vision, leur corruption, leur spoliation organisée des richesses nationales et des peuples, ont tué tout espoir pour la jeunesse de s’y épanouir durablement.

En réalité, l’économie a constitué le principal terreau des « révoltes arabes ». On se souvient de l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, en Tunisie, privé par la police de son stand de vente à la sauvette. Il y a dans le monde arabo-musulman des millions de Mohamed Bouazizi.

Le vaste mouvement révolutionnaire qui suivit en Tunisie, puis en Égypte, en Libye et à un degré moindre au Maroc, revendiquait avant tout de meilleures conditions de vie et plus de travail pour la jeunesse. Il est ensuite seulement devenu un grand mouvement de contestation politique contre les dictateurs.

Si les immigrés qui gagnent aujourd’hui l’Europe fuient des conflits sanglants de la Syrie à la Libye, de l’Irak à l’Afghanistan, en passant plus récemment par le Yémen, ils fuient aussi par la même occasion, opportunité unique, des conditions économiques et sociales dramatiques. Mais jamais ils ne quittent leur pays de gaieté de cœur, contrairement à ce que certains discours extrêmes en Europe véhiculent.

Le désenchantement des relations institutionnalisées entre l’Europe et le Monde arabe : la rupture de confiance de Barcelone à l’UPM

Les défis politiques sont multiples en Méditerranée depuis des siècles et ils ont été décuplés depuis quatre ans et le début des « révoltes arabes ».

La réaction européenne ne fut pas à la hauteur et elle peine encore à trouver un discours cohérent. La guerre de dix ans en Irak, la guerre en Syrie, en Afghanistan, en Ukraine, au Soudan, au Congo, en Centrafrique, l’instabilité dans la péninsule arabique et les révolutions avortées ont amené leur lot de drames et d’impasses politiques pour des millions d’êtres humains. C’est trop pour l’Europe qui ne saurait « accueillir toute la misère du monde », pour paraphraser l’ancien premier ministre français Michel Rocard en 1989, tout en ajoutant à l’époque pour la France, et on l’oublia un peu vite : « Mais elle peut prendre sa part de cette misère. » Le débat ressurgit en France à nouveau au sujet de ses propos : pour d’anciens ministres comme Bernard Kouchner, ou actuels comme Michel Sapin, la phrase prononcée par Rocard servait plutôt à justifier une limitation ferme de l’immigration et à éviter tout appel d’air.

On marchandise les corps comme ceux des Yézidis dans l’État islamique, réduits au statut d’esclaves sexuels pour quelques dizaines de dollars ; on massacre les opposants et rebelles en Syrie bacharienne pour tenter de sauver le régime ; on interdit les factions politiques un temps au pouvoir issu de la démocratie comme en Égypte pour y réinstaller un pouvoir fort quatre ans à peine après la « révolution ».

La Méditerranée va mal.

Comme un miroir, l’Europe aussi. Les révoltes économiques qui ont déclenché les « révoltes arabes » ont eu lieu quasiment au même moment que les révoltes pour le pouvoir d’achat dans les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal. Signe d’un destin commun pour tous les voisins de la Méditerranée ?

Mais au-delà des graves crises économiques internes des pays arabes, les révolutions ont fait ressurgir des tensions politiques historiques internes souvent étouffées sous l’autoritarisme. Ce qui fait la différence avec les pays du sud de l’Europe. Elles renvoient les soutiens politiques historiques des pays européens à nombre de régimes forts renversés. L’Union pour la Méditerranée (UPM) de Nicolas Sarkozy était aussi celle de Hosni Moubarak.

Les tentatives d’institutionnalisation des relations euro-méditerranéennes depuis le processus de Barcelone n’ont pas permis de parvenir à une harmonisation politique de la région et les révoltes récentes ont achevé ce processus du fait du manque de soutien intelligent de la part des Occidentaux.

La politique de l’arrosage financier ne peut suffire à compenser un manque de vision claire des relations euro-arabes qui conduisent à des drames majeurs et risquent de marquer durablement l’humanité. Il y a certes quelques exemples de succès en termes de révolution comme en Tunisie et de démocratisation, mais l’hétérogénéité des régimes politiques à l’heure actuelle, situés à des stades différents de leur transition politique, ont conduit à un enlisement du processus de réforme et à l’accentuation de l’obsession sécuritaire de la rive nord de la Méditerranée au détriment des pays du sud.

La peur et la méfiance l’ont emporté sur le dialogue et la compréhension, faisant un peu plus encore de la mare nostrum, depuis vingt ans, une frontière imperméable plutôt qu’un espace de circulation humaine comme le préconisait le processus de Barcelone depuis 1995 et l’UPM en 2008.

Une incompréhension historique entre « Nord » et « Sud » plus profonde

L’Europe s’est construite depuis le XVIIIe siècle et notamment une campagne d’Égypte marquée par une vision très romantique de l’Orient.

Les pouvoirs, les armées, puis les artistes ont œuvré pour une incompréhension future de ce que sont les deux rives opposées de la Méditerranée.

Plus tard, avec la construction européenne, les blocages politiques et institutionnels ne vont pas favoriser une fluidification des relations euro-méditerranéennes ; ils vont même renforcer une vision Nord-Sud problématique de domination et de supériorité. Le mouvement est double : fascination/répulsion, attirance/rejet, création de la dépendance/soumission, néo-colonialisme financier/acceptation.

Il faut, avant de s’orienter vers le nord et l’Europe, que la zone sud de la Méditerranée se concentre sur ses propres difficultés à résoudre en priorité avant de verser dans cet éternel réflexe pavlovien européen. Les programmes européens de financement de la zone MENA sont nombreux, mais les relations dites Nord-Sud ne peuvent se résumer à un puits sans fond de financements. Il faut bâtir de la confiance et de l’amitié et ne pas rejeter certains pays ou peuples au prétexte caché que l’islam fait peur.

Il est encore plus inacceptable que ce déversement de capitaux se fasse pour mieux enfermer le Sud dans une relation de dépendance, mais également dans un caisson d’étanchéité loin de la surface de l’Europe.

Face à un vieux continent qui renforce ses positions en matière sécuritaire et migratoire et un Monde arabe en proie aux mêmes questionnements endogènes, le Sud doit bâtir une véritable stratégie interne globale avant tout en matière de politique, d’économie, un nouveau modèle de société incluant les fruits récents des révolutions et la nouvelle place de la société civile.

Seul un rééquilibrage de cette perception peut permettre une redynamisation « désintéressée » et « win-win » du partenariat Euromed, afin que l’Europe sorte de ses craintes et que le Sud retrouve une certaine estime de lui-même.

La tragédie des réfugiés, dernier parangon de l’échec du dialogue en Méditerranée

Les événements tragiques des réfugiés, des « haragas » maghrébins qui tentent de rejoindre l’Espagne, des morts subsahariens des dernières années, qui meurent à proximité des côtes italiennes, sont l’apogée de cette incompréhension et de cette déshumanisation des liens politiques, culturels, économiques, sociaux et humains des relations entre Nord et Sud.

Parce que cette relation depuis des décennies fonctionne sur deux mythes : le Sud est un danger et le Nord est un Eldorado.

La question migratoire est devenue aujourd’hui le symptôme numéro un de ces guerres inconscientes et d’une politique suicidaire pour l’héritage de la civilisation méditerranéenne. Il est temps pour l’Europe et le monde, face au drame humain que vivent des millions d’hommes du Sud pour gagner cette illusion du Nord, de redéfinir et fonder la politique euro-arabe méditerranéenne du XXIe siècle : que la Méditerranée redevienne un espace de vie et de circulation, et non un cimetière marin pour les rêves de millions de Subsahariens ou de victimes des guerres tragiques menées au Moyen-Orient depuis un siècle pour le contrôle de ses ressources et de sa situation géostratégique mondiale majeure.

Le petit Aylan n’est pas le premier ni le dernier. Ils sont donc 120.000 Syriens, ce qui ne paraît pas représenter un véritable danger d’invasion pour une population européenne de près de 500 millions en 2015. Ces Syriens ont été médecins, avocats, commerçants, artisans, ouvriers, qui ont tout perdu en quelques années et doivent repartir à zéro. Mais l’émotion populaire qui voit déjà des centaines de milliers d’assistés de l’État l’emporte toujours sur la logique. L’image d’un enfant mort bouleverse le monde, mais un homme est un homme et ce sont aussi des chalutiers entiers qui se déversent dans la Méditerranée. Tous n’arrivent pas sains et saufs en Europe.

Ce qui semblerait presque arranger certains extrémistes. Sans oublier que si l’on demande aux Européens d’accueillir 10 % des réfugiés syriens, ce sont la Turquie, le Liban, la Jordanie, et l’Égypte qui accueillent les 90 % d’autres, soit près de 3 millions et demi d’individus et qui le font avec des ressources limitées.

Le Monde arabe n’est pas un Eldorado pour ses « concitoyens arabes ». Pas plus d’ailleurs que l’Europe ne l’est en réalité pour les Européens depuis la crise mondiale. Avant que la mare nostrum ne devienne rouge sang, les pays arabes en général doivent avant tout promettre un avenir à leurs citoyens, accélérer leur transition démocratique, achever des processus révolutionnaires qui prendront encore beaucoup de temps, et renvoyer l’Occident à ses failles, pour traiter d’égal à égal. Un homme est un homme du Nord comme du sud. Un enfant est l’avenir de la Méditerranée, puisque près des trois quarts des habitants du Sud ont moins de 25 ans. Au Nord, c’est l’inverse.

La nature est parfaite, paraît-il, et balance toujours les choses, pourvu qu’on n’agisse pas en permanence contre nature et à contre-courant.

 

Share.

About Author

Sébastien Boussois

Politologue, Chercheur associé à l'Université de Québec à Montréal (Observatoire sur le moyen-Orient et l'Afrique du Nord) , Collaborateur scientifique de l'Institut d'Etudes Européennes (Université Libre de Bruxelles - Belgique) et du Centre Jacques Berque (Rabat - Maroc)

Leave A Reply