En janvier 2012, des rebelles touaregs et arabes (le MNLA – Mouvement national de Libération de l’Azawad) s’insurgeaient dans le nord du Mali (l’Azawad), appuyés par des mercenaires touaregs de retour de Libye, où ils servaient le régime de Mouammar Kadhafi, renversé dans la foulée du « Printemps arabe », et par des mouvements islamistes sahariens.
Un an après l’intervention française (l’Opération Serval), la communauté arabe du Mali est de plus en plus inquiète pour son avenir dans le nord du pays, où son espace de vie, l’Azawad, est devenu l’objet de nombreux enjeux dont elle semble exclue.
Les représentants de la communauté arabe avaient pourtant tenté de proposer des solutions à la crise, et ce dès le début du soulèvement.
En vain…
L’Alliance de la Communauté Arabe du Mali (AL-CARAMA) : ses objectifs et ses orientations
La minorité arabe du Mali, consciente de la nécessité de trouver un compromis avec les autres composantes ethniques du pays, a tenté, depuis le début des troubles, de sauver le « vivre ensemble » et de promouvoir la cohabitation pacifique avec les « pays du champ » [ndlr : par opposition à la condition d’éleveurs et marchands, partagée par Arabes et Touaregs].
L’occupation des principales villes du nord du Mali par différents groupes armés et la déclaration unilatérale de l’indépendance de l’Azawad par le MNLA ont eu pour conséquence l’exil massif des populations arabes, qui ont tenté d’échapper au conflit.
Cette occupation a engendré de nombreuses frustrations dans la communauté arabe, mais aussi dans d’autres communautés, parce que, en réalité, l’Azawad est un espace partagé par plusieurs communautés : les Sonrhaïs, les Bellahs, les Touaregs, les Arabes, les Peuhls…
Dans le même temps, la crise institutionnelle que l’impuissance du gouvernement a générée et dont le point d’orgue a été le coup d’État du 22 mars 2012, a révélé la faiblesse de l’État malien.
Ces événements ont eu pour conséquence, dramatique, de raviver les incompréhensions et les suspicions entre les principales communautés du nord, entre elles mais aussi avec celles du sud.
La conjoncture laissait présager une forme de guerre civile, comme le traduisaient les discours des officiels, qui préféraient l’expression « nos frères du nord », à celle de « concitoyens », symptôme d’un État divisé et d’un gouvernement qui avait perdu tous ses repères républicains.
En réponse à cette situation, des cadres et notables de la communauté arabe du Mali se sont retrouvés en Mauritanie, à la frontière du Mali, où se concentrait une grande partie des Arabes maliens exilés de force et réfugiés dans des camps de fortune. Leur objectif était d’organiser la communauté arabe pour qu’elle prenne activement part à la résolution de la crise du Nord-Mali.
C’est dans ce contexte que s’est tenu un congrès extraordinaire, du 3 au 5 juin 2012, à Nebkett Lahwach (République islamique de Mauritanie), qui a abouti à la naissance de AL-CARAMA (l’Alliance de la Communauté arabe du Mali).
Le congrès en a appelé à la république malienne, pour qu’elle défende les valeurs qui la fondent : l’égalité des citoyens en tant que droit et devoir.
AL-CARAMA s’est en effet fixé comme objectifs de veiller à la défense et à la préservation des droits et devoirs légitimes ainsi que des intérêts spécifiques et stratégiques de la Communauté arabe du Mali, dans un Mali laïc, un et indivisible. L’Alliance s’est résolue à contribuer à la restauration et à la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali, ainsi qu’à la paix, la sécurité et le développement.
Mais la Communauté arabe a rappelé qu’ « en aucune manière, elle ne pourra renoncer à son terroir traditionnel, son espace de vie séculaire, qui est une partie intégrante du Mali. »
Dans le même temps, en affirmant avec beaucoup de sincérité son attachement à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, elle a rappelé aussi son attachement indéfectible à la cohabitation pacifique entre toutes les communautés nationales et son engagement à contribuer à la bonne gouvernance au Mali, à tous les niveaux de pouvoir, pour créer les conditions d’une paix durable dans toute la zone sahélo-saharienne.
La Communauté arabe du Mali a ainsi fait le vœu que le nord du Mali ne soit plus une source d’instabilité et d’insécurité pour les Maliens, les pays voisins et la Communauté internationale.
Elle avait par ailleurs demandé la création d’une Commission « Vérité et Réconciliation ».
Deux ans après le congrès de juin 2012, le territoire a été libéré (à l’exception de Kidal), à la faveur de l’Opération Serval et des appuis de la Communauté internationale ; la signature de l’accord d’Ouagadougou, le 18 juin 2013, a permis la tenue des élections présidentielles et législatives ; le Mali est retourné à une vie constitutionnelle normale ; se sont tenus des assises sur le Nord-Mali, des États généraux sur la décentralisation et des Forum pour la paix et le développement dans les régions de Gao et Tombouctou ; et la nouvelle Assemblée nationale a voté la loi ratifiant l’ordonnance portant création de la Commission « Vérité, Justice et Réconciliation ».
Et pourtant, la majorité des Arabes du Mali sont toujours réfugiés dans les pays voisins… Les quelques retours volontaires de refugiés se sont accompagnés, dans bien de cas, d’exactions et d’emprisonnements arbitraires… La reprise de leurs activités économiques, de commerce notamment, est demeurée très timide, car les forces de l’ordre ne leur garantissent aucune sécurité…
En réalité, la conduite des processus de négociation et de réconciliation est différemment appréciée par les divers acteurs. La Communauté arabe du Mali déplore un déficit de qualité de sa représentation et de sa participation dans le processus et s’inquiète de ne pas voir prises en compte ses préoccupations majeures. Au nombre de ses préoccupations, la crainte de voir faire la part belle aux mouvements armés (de quelque obédience qu’ils fussent), celle de voir perdurer l’impunité et celle que soient passées sous silence toutes les défaillances de l’État.
Ainsi, la Communauté arabe du Mali considère que « la seule force armée fondée à protéger les populations de toutes les communautés du Mali, sans discrimination aucune, est et doit demeurer la force publique, c’est-à-dire les forces de défense et de sécurité du Mali » et donc « toute reconnaissance y compris tacite de mouvements armés comme représentant de populations est une violation de ce serment républicain ».
C’est pour ces raisons que la Communauté arabe du Mali restera très attentive à la composition ethnique de l’armée malienne, à l’accès à l’EMIA (École militaire interarmes) et à toutes les formations en cours dans le cadre de l’assistance de la Communauté internationale. De même, elle attend beaucoup des nouvelles dispositions sécuritaires qui seront prises à l’occasion du renforcement de la décentralisation pour mieux impliquer les populations, les élus locaux et les autorités traditionnelles.
Le Mali ne sortira du marasme et des crises répétées que si les véritables raisons des échecs de tous les accords passés sont prises en compte.
Pour sa part, la Communauté arabe ne renonce pas à prendre sa place dans la société civile pour réclamer de façon pacifique et démocratique ses droits de citoyens et y exercer ses devoirs.
Elle veut y exprimer sa légitime aspiration à une meilleure gouvernance pour bâtir son avenir, chez elle, sur le territoire du Mali.
2 Comments
c’est quoi ca arabe du Mali ? depuis quand cela existe ? ARABOPHONE vous voulez dire
Mon cher Guemroud, les Arabes du Mali existent depuis belle lurette va y au centre Ahmed Baba de Tombouctou tu sauras, ou bien lis le livre sur le voyage et decouverte de l’explorateur Allemand Heindrich Barth ou il parle de la communauté Arabe- Berabich , les Arabes du Mali sont des hommes braves. C’est communauté comme des Bamabara, Touaregue, Songhoi, Dogon , Peul, Bosso, Senoufo, Sarakoley etc…