PALESTINE – Premier anniversaire du soulèvement populaire

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À l’approche du 2 octobre, la Palestine commémore le premier anniversaire du déclenchement du soulèvement populaire dans les territoires palestiniens, notamment en Cisjordanie occupée et dans la ville de Jérusalem.

Un an, et les jeunes palestiniens poursuivent leurs actions pacifiques et spontanées contre les soldats et les colons israéliens.

Une révolte des jeunes, de plus en plus déterminés contre les soldats occupants et contre les colons agresseurs. Ces jeunes, qui affrontent les forces de l’occupation avec des pierres et leurs poitrines nues et qui quelques fois attaquent soldats et colons sur les check-points, voient leur avenir oblitéré par la colonisation et des mesures israéliennes contre toute une population civile.

Ces jeunes de la génération d’Oslo, souvent désespérés après 23 ans de processus de paix sans résultats concrets, manifestent leur colère contre l’oppression israélienne, contre l’humiliation et contre l’injustice. Ils envoient un message clair au monde entier, exprimant que les accords d’Oslo sont morts, désormais.

Malgré les représailles sanglantes de la part des soldats qui répondent par des balles réelles, et qui tuent les civils palestiniens de sang froid, et malgré les provocations des colons, les jeunes répondent par des manifestations. Et –est-ce qu’on peut le dire ainsi, sans fioriture ?- les attentats de ces jeunes ne vont pas au-delà de l’attaque au couteau.

On laisse parler les chiffres ?

En un an, le bilan est très lourd au niveau des pertes humaines côté palestinien : plus de 250 morts ; parmi eux, 200 ont moins de 23 ans, et 25 jeunes filles. Plus de 15.000 blessés et 7.000 incarcérés, dont 2.000 enfants de moins de 16 ans et 50 femmes.

Les autorités israéliennes gardent toujours les cadavres de 18 jeunes Palestiniens tués par l’armée israélienne, et refusent de les rendre à leurs familles pour les enterrer, en violation de toutes les conventions internationales.

Côté israélien, on compte 40 morts et 600 blessés ; tous sont des soldats et des colons qui se trouvent d’une façon illégale dans des territoires palestiniens reconnus occupés.

Le gouvernement israélien et sa composante d’extrême droite feraient mieux de comprendre les vraies raisons de ce soulèvement populaire mené par de jeunes palestiniens désespérés. Ce gouvernement, encouragé par les puissances internationales et par l’absence d’une position arabe ferme, poursuit ses attaques et ses agressions au quotidien contre les civils palestiniens.

Un soulèvement qui se développe notamment en Cisjordanie, mais moins dans la bande de Gaza ; pour la simple raison que, dans la bande de Gaza, il n’ y a plus de soldats ni de colons à l’intérieur des villes et de villages de cette région sous blocus, même si la présence militaire israélienne est quasi quotidienne sur les frontières, dans le ciel et sur mer.

Un aspect très important, qui distingue ce soulèvement, c’est l’absence d’un soutien officiel et politique à ces actions, que ce soit de la part de l’Autorité palestinienne, qui est très impliquée dans des négociations de paix avec l’occupant, n’ayant jamais apporté ni liberté ni amélioration pour les Palestiniens, ou que ce soit par les partis politiques et les factions militaires qui voient dans ce soulèvement des actions d’un genre nouveau qui ne s’accordent pas avec leurs principe et échappent à leur contrôle.

Israël profite de la division en Palestine et des événements dans les pays arabes. Les Palestiniens sont divisés et n’arrivent pas à adopter une forme unique de résistance contre l’occupation, et les pays arabes sont très occupés par les événements qui ravangent leur pays, comme en Syrie, au Yémen, en Libye, en Iraq et sous la dictature en Égypte.

Une autre particularité de ce soulèvement, c’est la participation de jeunes filles dans les manifestations ; mais aussi dans la guerre des pierres, et même dans les attaques de soldats avec des armes blanches.  Cela montre une détermination nouvelle ; absentes de la deuxième Intifada, elles participent désormais activement, soit directement soit en soutenant les jeunes révoltés.

Les jeunes participants à ce soulèvement sont en train de développer une nouvelle forme de résistance, qui procède d’une spontanéité des actions menées contre les soldats et les colons, et la continuité.

Depuis un an, la situation est toujours explosive dans les territoires palestiniens, et toutes les mesures israéliennes de sécurité n’ont pas réussi à arrêter ou à infléchir ce soulèvement qui s’installe dans la durée, malgré le manque de soutien et l’absence d’une vraie organisation et d’encadrement.

Malgré les répliques sanglantes de l’armée de l’occupation israélienne, malgré le bilan lourd de la répression, et en dépit du silence complice de ce monde, les Palestiniens sont de plus en plus décidés ; ils vont poursuivre leur soulèvement populaire, il n’y a pas de retour en arrière, la lutte des Palestiniens pour leur liberté se poursuit.

Le Hamas et le Fatah se regardent interloqués ; ils ne contrôlent plus la résistance. La nouvelle génération, désillusionnée, désespérée, seule face à son destin, semble avoir engagé le dernier round du combat…

Le dernier acte d’une histoire vieille de plus d’un siècle, qui a commencé avec la Déclaration Balfour et qui s’achèvera soit par le retrait de l’occupant, soit par l’anéantissement.

 

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Ziad Medoukh

Directeur du Département de langue française à l'Université Al-Aqsa de Gaza (Territoires Autonomes Palestiniens)

1 Comment

  1. Mr. Medoukh,

    Un argument que je lis de plus en plus souvent sur ce soulèvement (et spécialement, sur la manque de suivi), c’est que la société palestienne et plus atomisée que jamais. Le “chacun pour soi”, le manque de solidarité et le manque de mouvement collectif est en train de dériver dans ce genre d’actes sporadiques, désespérés et inefficaces. La cause palestiniene se dégonfle à cause de ça. Avez-vous cette sensation?

    Sincèrement,

    Mario

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