YÉMEN – Reportage exclusif – Un autre Iran, en Péninsule arabique? (2/3) – Ansar Allah, nouveau paradigme politique du Monde arabe

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« Ce que nous voulons, c’est la victoire des faibles sur terre et l’avènement de la justice… »

Le 4 décembre 2017, les combattants du mouvement houthiste Ansar Allah assassinent l’ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, dans des circonstances restées encore obscures. Il s’agit d’un tournant politique décisif pour le mouvement qui assoie ainsi son autorité hégémonique et peut se revendiquer du soutien d’une certaine partie du peuple yéménite, notamment des hommes des tribus.

Ansar Allah est désormais libre gouverner, sans crainte de subir les interférences de l’ancien président. En effet, depuis la mort de Saleh, le mouvement dévoile les dissensions internes de cette alliance contre nature qui semblait en apparence être vécue sans grandes tensions (la date exacte de l’alliance entre Saleh et Ansar Allah n’a jamais été divulguée ; manifestement, elle est antérieure à la guerre déclenchée le 25 mars 2015 et, en effet, les membres d’Ansar Allah admettent aujourd’hui que lorsqu’ils occupent la capitale en septembre 2014, ils sont soutenus par les forces ralliées à Saleh –et si ce dernier a voulu se présenter dans les médias comme a l’origine de l’initiative et un acteur incontournable de cette occupation, il ne s’agit là pour les partisans d’Ansar Allah, et de certains analystes politiques, que de propagande). Hassan al ‘Azzi, vice-ministre des Affaires étrangères d’Ansar Allah, affirme ainsi que Saleh n’a aucunement participé à l’effort de guerre. Il n’a apporté ni soutien militaire, ni son aide financière au mouvement houthiste. Bien au contraire, il aurait même découragé les hommes armés qui lui faisaient allégeances à rejoindre leurs forces. Pour Mohamed al Bukhaiti, un des leaders d’Ansar Allah, aucun des combattants sympathisants de Saleh ne serait tombé au combat.

Les différents scénarios politiques annonçaient un conflit sanglant entre les partisans de Saleh et ceux d’Ansar Allah, lorsque la discorde serait consommée ; et Saleh était pronostiqué vainqueur puisqu’il est commun de penser au Yémen qu’il disposait d’une certaine popularité auprès des tribus. La réalité fut tout autre. Ainsi, les partisans de Saleh se sont ou s’étaient déjà en majorité ralliés ou soumis à l’autorité d’Ansar Allah au moment de l’assassinat de l’ancien président. L’influence politique et le pouvoir supposé que Saleh avait très finement entretenu depuis de longs mois dans les médias et au travers des différentes négociations de paix ne procédaient in fine que de poudre aux yeux.

Ansar Allah paraît aujourd’hui comme un fin stratège politique, qui a mis fin à la présence d’un homme parmi les plus habiles de l’histoire moderne du Yémen.

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Au printemps 2018, les forces d’Ansar Allah s’étendent sur une large partie du Yémen, et notamment les régions tribales du nord et la côte du Tihama (sur laquelle se situe le stratégique port de Hudeida).

Sana’a (actuelle capitale du Yémen pour Ansar Allah, alors qu’Aden a été désignée comme la capitale provisoire par le gouvernement du président Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite) est considérée comme une des villes les plus stables du pays. Les check-points des différentes factions qui constellaient la ville au moment des premiers combats armés, à la fin du mois de mars 2015, sont aujourd’hui beaucoup moins nombreux ; et les hommes qui apparaissaient un peu partout arme à l’épaule ont cédé la place aux forces d’Ansar Allah. Par ailleurs, Sana’a attire à présent promoteurs et investisseurs ; et des bâtissent flambant neuf poussent comme des champignons, commanditées par de riches entrepreneurs qui ont fait fortune à la faveur du conflit.

Des stations d’essence d’une modernité jusqu’alors inconnue se construisent. Aucun produit de consommation ne manque dans les rayons des supermarchés de la capitale. Bien évidemment, ne peuvent consommer que ceux et celles qui disposent de moyens financiers suffisants. Or, les prix ont flambé depuis le début de l’année 2018 ; et les salaires des fonctionnaires ne sont plus payés depuis deux ans.

Pour pallier à l’absence totale d’électricité, un réseau de générateurs électriques privés ou des panneaux solaires individuels alimentent les habitations. L’eau publique n’est également plus distribuée depuis le début de la guerre. Les habitants sont contrains d’acheter des bidons d’eau ou, pour les plus démunis, de faire de longues queues d’attentes devant les mosquées. Nouveau phénomène et signe d’une grande pauvreté est le développement drastique du nombre de mendiantes (pourtant la mendicité est traditionnellement étrangère aux mœurs des femmes des tribus). Plus de 60% de la population yéménite vivrait sous le seuil de pauvreté (selon la Banque mondiale, en 2017 ; les Nations Unies affirment un chiffre plus élevé, de 79%).

Pour les partisans d’Ansar Allah cette guerre est incompréhensible. Qu’est-ce qui peut justifier une telle violence ? Comment comprendre cette ingérence saoudienne dans les affaires internes du Yémen et les attaques sanguinaires qui ciblent les civils, y compris les femmes et les enfants ? Une guerre sans règles et inique, contraire aux pratiques et valeurs d’Ansar Allah.

Pour mieux comprendre la position de ce mouvement, il est important d’éclairer la rhétorique sur laquelle leur discours se construit : le paradigme de la singularité. Ansar Allah s’envisage comme unique dans le champ sociétal comme politique et historique du Yémen, ambitionnant de constituer un renouveau dans ces différentes sphères. Et c’est pour ses partisans précisément cette identité singulière qui expliquerait les attaques dont ils seraient les victimes.

Un mouvement international…

Ansar Allah se conçoit lui-même comme un mouvement global qui s’adresse à tous les peuples de la planète, même si les musulmans du Monde arabe restent leurs interlocuteurs privilégiés.

Comme l’affirme Mohamed al Bukhaiti : « Nous avons un projet culturel qui est plus large que le Yémen ainsi qu’un projet politique au Yémen. » Et d’ajouter : « Notre projet culturel est un projet mondial. Notre projet, c’est la victoire des faibles sur terre et l’avènement de la justice. »

Si Hussein al Houthi, le fondateur du mouvement, a toujours rappelé le caractère international de sa lutte politique, il se limitait cependant aux frontières du Monde arabe, ce qui ne semble pas être le cas pour Mohamed al Bukhaiti (dont les longues années passées en Europe ont sûrement influencé la perception). Au Yémen, Ansar Allah a pour mission de défendre « son peuple » contre les « oppresseurs », lesquels sont identifiés à deux niveaux : soit des acteurs intérieurs, et ceux de l’extérieur.

… qui mène une lutte contre l’impérialisme

Les ennemis de l’extérieur, ce sont les États-Unis, promoteurs d’une politique impérialiste qui est prolongée par leurs alliés dans la région, à savoir Israël et l’Arabie Saoudite.

Mohamed al Bukhaiti adopte la position du fondateur d’Ansar Allah, en alléguant que le Monde arabo-musulman est au centre d’un complot fomenté par la première puissance mondiale : « Il y a une volonté de créer la division dans cette région du monde », affirme-t-il. Il prend alors l’exemple de l’Irak, pour montrer que son invasion par les États-Unis, en 2003, sous le faux prétexte que le gouvernement de Saddam Hussein fabriquait des armes chimiques, n’avait qu’une seule motivation : semer la discorde. Loin de soutenir Saddam Hussein, « un dictateur et un criminel » selon lui, il fustige l’intervention des États-Unis, inacceptable, même sous le prétexte de l’émancipation des chiites d’Irak qui vivaient sous la domination de la minorité sunnite (tout au moins cette justification fut avancée aux débuts de l’intervention). Les conséquences d’une telle intervention ont été catastrophiques. Tout d’abord, elle a fait naître des peurs au sein même des communautés sunnites et a consommé la division entre sunnites et chiites. « On divise le Monde arabe sur base des différentes religions (sunnite contre shiite), d’appartenance ethniques (arabe contre kurdes, arabe contre berbères), ou de divisions géographiques intérieures à un même pays… »

« Une politique identique a été reproduite en Afghanistan ou en Syrie », ajoute-t-il.

Soutenant Bachar al Assad depuis les premières heures du soulèvement organisé contre son régime (d’ascendance hachémite, la famille Assad a selon Ansar Allah toute légitimité pour conduire le peuple et son autorité ne peut être mise en question), Ansar Allah condamne ce qu’il considère comme le résultat d’une intervention impérialiste menée par les États-Unis à laquelle s’oppose le président syrien. Pour Mohamed al Bukhaiti, les mouvements extrémistes religieux qui combattent en Syrie se développent grâce au soutien des puissances étrangères, alors que ces groupes, sur le terrain, ne peuvent se revendiquer d’aucun soutien populaire, ni d’un projet politique ; contrairement à Bashar al Assad qui est un pouvoir légitime en place.

Le cas du Yémen ne fait pas exception à cette stratégie états-unienne qui divise les peuples pour mieux les contrôler ensuite. L’idée que la guerre au Yémen est confessionnelle est très répandue ; mais la réalité est toute autre, affirme Mohamed al Bukhaiti. Enfin, il s’arrête un instant à ce moment de l’entretien et précise que le conflit n’est encore qu’au stade d’embryon et ne cessera de s’accroître, parce qu’il est alimenté par l’étranger.

D’autres personnalités politiques de premier plan ne considèrent pas l’impérialisme des États-Unis comme l’unique dynamique animant « l’ennemi de l’extérieur ». Ainsi, pour Hassan al ‘Azzi, c’est l’Arabie Saoudite, le principal acteur à l’origine du retard économique dans lequel est plongé le Yémen. Ce pays limitrophe est également celui qui a initié la guerre dont le seul but est de « détruire les Yéménites ». Or, selon Hassan al ‘Azzi, seul un peuple libre émancipé de toute influence de l’étranger permet la réalisation d’une vie digne, et non la situation de sous-développement comme le connaît son pays aujourd’hui. En d’autres termes, l’impérialisme des États-Unis n’exclut pas la mise en place de stratégies politiques destructrices et spécifiques à chaque pays.

Quant aux ennemis de l’intérieur, ce sont au Yémen les organisations religieuses extrémistes et terroristes (comme al Qaeda et Daech).

Le  mouvement se présente comme le garant de la protection du peuple yéménite –de manière similaire à la conception qu’a de lui-même tout homme membre d’une tribu, qui considère comme son devoir de garantir la sécurité et le bien-être ceux qui vivent sur son territoire et sous sa protection. En effet, en l’absence d’un État fonctionnel, Ansar Allah affirme qu’il est seul en mesure d’assurer l’ordre public. D’ailleurs, Ansar Allah a mis en place une nouvelle autorité judicaire : un tribunal qui a pour mission de juger à nouveau les cas résolus par le système étatique et d’appliquer ou de rétablir la justice pour tous. La raison avancée, c’est que les partisans d’Ansar Allah ont été lésés par la « justice officielle ». Mais, dans la pratique, de nombreux cas sont présentés sans avoir été jugés au préalable, parce que certains considèrent que la justice du mouvement est plus rapide, plus efficace, puisque mise en application par les forces dépendantes du mouvement.

Mohamed al Bukhaiti parle en ces termes de la poursuite de Hadi par les troupes d’Ansar Allah, lorsque le président s’est échappé de sa résidence surveillée, en mars 2015 : « Il n’existait pas d’État pour protéger le peuple yéménite. Abdel Malek al Houthi (l’actuel dirigeant d’Ansar Allah) a pris la décision de protéger le peuple contre Daech et al Qaeda. » Ainsi, c’est au nom de la protection du peuple yéménite contre les extrémistes religieux qu’Ansar Allah se dirige vers Aden, en mars 2015.

À ce moment de la conversation, j’interroge mon interlocuteur à propos de la campagne de propagande, incongrue, que la radio officielle d’Ansar Allah mène à l’encontre des habitants de Taiz (un million d’habitants dans la ville et quatre million pour la région) : accusés de soutenir ou d’être membres de Daech ou d’al Qaeda, ils sont déclarés « ennemis du peuple qu’il faut éradiquer ». La radio officielle d’Ansar Allah ne cesse de haranguer les auditeurs contre cette fraction de la population yéménite, qui serait à l’origine « de la discorde et des attentas inhumains ».

« Vous ne pouvez pas honnêtement pensez qu’il existe un million de militants de Daech et d’al Qaeda à Taiz ? », lui demandai-je alors. Mohamed al Bukhaiti argue qu’il existe des dérapages dans les propos de certains membres de leur mouvement. Pourtant, il s’agit là de la voix d’Ansar Allah dont on ne peut croire que le discours est le fait d’ignorants, tout comme le matraquage médiatique systématique n’est pas l’œuvre d’un individu mais reflète une politique de communication.

En outre, Ansar Allah s’enorgueillit d’être l’unique acteur à avoir combattu avec succès al Qaeda et Daech en nettoyant certaines régions de la présence de ces groupes : « Depuis de longues années, le gouvernement de Saleh ou celui de Hadi affirment lutter contre ces mouvements ;  mais ils n’ont eu aucune victoire », précise Hassan al ‘Azzi.

Enfin, ces deux ennemis extérieurs et intérieurs sont appréhendés comme les deux facettes d’une même pièce. Ainsi, les extrémistes religieux seraient financés ou au moins soutenus politiquement par l’Arabie Saoudite ou les États-Unis. Ils ne sont que l’expression d’un phénomène unique : l’impérialisme.

Un mouvement révolutionnaire…

Face à l’impérialisme des États-Unis et de ses alliés dans la région, Ansar Allah prétend faire de la résistance, voire « la révolution ».

S’opère ici un glissement sémantique, par l’assimilation de la lutte contre l’oppression à celle d’un combat révolutionnaire. « L’appel » (da’ua) à se soulever contre l’oppresseur ou le dictateur est le principe fondateur et historique de la doctrine zaydite promue par le mouvement de Hussein al Houthi. De nombreuses critiques ont cependant été formulées autour de cet argument qui est sensé justifier le soulèvement : le zaydisme, qui a occupé le pouvoir durant plus de mille ans, a lui-même produit des autocrates, qui n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque opposition par les zaydites. Pourquoi dès lors se révolter contre Saleh en se revendiquant d’un principe qui n’a jamais été appliqué dans l’histoire de cette doctrine juridique ? Ainsi, la rhétorique révolutionnaire est récente et s’adapte au nouveau contexte politique : les militants d’Ansar Allah qualifient le soulèvement mené en 2011 et l’occupation de Sana’a de septembre 2014 de « révolutions » (la première n’ayant pas réussi, alors que la seconde est un véritable succès).

Ahmed al Shami, un dirigeant du mouvement, explique la singularité d’Ansar Allah en tant que « force révolutionnaire » : « Ansar Allah n’est pas une force révolutionnaire comme les autres. L’exemple de la révolution française est connu. La prise de la Bastille et les massacres de ceux qui ont été vaincus est connu. Ainsi, des milliers de personnes ont été assassinées au nom de la cause révolutionnaire. Nous, en rentrant à Sana’a le 14 septembre 2014, nous n’avons pas tué un seul citoyen. » L’entrée dans la capitale avait provoqué la mort de 500 combattants, mais pas de civils.

Halima Gahaf, responsable des femmes dans le bureau politique d’Ansar Allah, va au-delà et considère que cette pensée révolutionnaire est un des éléments fédérateurs autour du mouvement. Ansar Allah rassemble le peuple yéménite, selon elle, parce qu’il ne se construit pas à partir de distinctions religieuses et doctrinales (zaydite, chiite –et chaféite -, sunnite). En effet, selon cette politicienne titulaire d’un doctorat en philosophe de l’Islam, les chaféites sont également convaincus de la nécessité d’un retour aux origines et de la nécessaire lutte contre l’oppression ; et nombre d’entre eux se sont ralliés au mouvement d’Ansar Allah, ce qui brouille la grille d’analyse de ceux qui présentent le conflit yéménite comme le résultat de l’insurrection d’un mouvement confessionnel (opposant les Houthistes chiites, soutenus par l’Iran, aux sunnites du Yémen, quant à eux supportés par les Saoudiens).

… fondé sur une authenticité des valeurs…

Ahmed al Shami poursuit l’entretien : « Nous avons un projet qui n’est pas un projet de vengeance. Par ailleurs, notre combat est dirigé par une éthique et des valeurs. Lorsque nous menons le combat, c’est en respectant une éthique et des valeurs. Ceci est reconnu par tous. Notre combat contre Saleh ne signifie pas que nous menons une vengeance. Toutes les personnes travaillant actuellement dans les administrations appartiennent au parti politique de Saleh, mais elles n’ont pas été renvoyées. Ce qui nous importe, ce sont les capacités, les compétences de la personne, qu’elle soit islamiste, nassérienne, socialiste… C’est ce qu’elle peut apporter. »

C’est un fait : Ansar Allah n’a pas effectué de purge parmi les fonctionnaires (même si les têtes des ministères ont été remplacées par des hommes plus sûrs, de même que ceux qui occupaient des postes clés, ainsi que les vigils à l’entrée des bâtiments officiels). La question est cela dit de savoir si Ansar Allah disposait des ressources humaines suffisantes pour remplacer le personnel des administrations par des partisans du mouvement… Par ailleurs, si la grande majorité des militants politiques islamistes n’ont pas été ciblés par le mouvement et résident encore à Sana’a, nombre de leur dirigeants ont été arrêtés ou inquiétés.

Les membres d’Ansar Allah affirment qu’ils n’appliquent pas le droit de vengeance, une pratique tribale pourtant commune, la tribu constituant une organisation sociopolitique à laquelle ils appartiennent et dont ils se revendiquent. Il s’agit donc d’une manière de balayer l’image d’hommes sans foi ni loi qui est véhiculée par leurs détracteurs, tout comme une manière de rappeler également que le mouvement est ancré dans une longue histoire locale -en d’autres termes, il ne s’agit pas d’un simple mouvement importé d’Iran.

Par ailleurs, dans son discours Ahmed al Shami rappelle qu’au Yémen, les guerres entre tribus sont réglementées et ne peuvent aller au-delà de certaines limites. En effet, les combats armés entre tribus répondent historiquement à des codes : interdiction de cibler les femmes ou les enfants, mais aussi toute personne en situation de faiblesse, ce qui inclut en général également les hommes n’appartenant pas à une tribu. Les coups de feu ne sont permis que lors de plages horaires déterminées. Certains lieux sont protégés et ne peuvent être le théâtre d’échanges de tirs, comme les villes, qui sont des espaces d’échanges commerciaux… Ces règles ont pour objectif de limiter les pertes humaines lors des combats armés entre les tribus. Aujourd’hui, ces règles sont de l’ordre d’une pratique ancienne et révolue. Pourtant, il reste important pour les membres d’Ansar Allah de se revendiquer de ces pratiques puisqu’elles permettent de dessiner les contours d’hommes de tribus respectueux des convenances, voire des valeurs ancestrales, et parce qu’elles reflètent tout de même une réalité historique.

D’autres caractéristiques du discours politique réaffirment une certaine authenticité ou fidélité aux valeurs yéménites. Très souvent, dans les paroles des uns et des autres, sont mis en évidence la tolérance, l’honnêteté (qui sous-tend la lutte contre la corruption), le refus de l’exclusion et la valorisation des principes liés à la paix ou à la non-violence et plus généralement des « valeurs humanistes », explique Ahmed al Shami.

Voici comment Mohmed al Bukhaiti décrit la révolution de 2014 : « La révolution de 2014 a pour ambition de mettre fin à la corruption et de s’assurer la mise en application des recommandations de la Conférence du dialogue national. Lorsque l’on a pris Sana’a, on pouvait prendre le pouvoir et diriger le pays ; mais dans les termes du dialogue national, il était mentionné un principe, celui du consensus. Ainsi, lors de la mise en place d’un nouveau gouvernement, on a tenu à ce qu’il soit le produit d’un consensus politique. »

« On a gagné militairement sur le terrain. Pourtant, on ne voulait pas gouverner. Cela montrait notre ouverture ! […] Tout ce qui nous arrive aujourd’hui est le résultat de notre excès de tolérance. Par exemple, lorsque l’on prend le pouvoir (en septembre 2014), on n’a pas emprisonné Hadi. On aurait pu le faire ! Et mettre fin à son mandat pour diriger le pays. Effectivement, il a été placé en résidence surveillée, ce qui était pour nous un dispositif sécuritaire pour le protéger et garantir qu’il ne soit pas assassiné. La mort de Hadi aurait laissé un vide politique que l’on ne désirait pas. Et, comme la surveillance qu’on exerçait sur lui était légère, il a pu s’enfuir à Aden. »

Après la prise de Sana’a, Ansar Allah a effectivement constitué un comité révolutionnaire qui rassemblait des membres de différents partis politiques, tels les socialistes, les nassériens, le Congrès du Parti général (parti fondé et dirigé par Saleh).

D’autre part, à suivre le discours officiel, Ansar Allah rassemblerait des hommes et des femmes non corrompus (de nombreuses questions se posent alors, dans la capitale, pour comprendre de qu’elle manière certains sympathisants d’Ansar Allah sont à même de construire de somptueuses bâtisses très coûteuses), des personnes qui n’ont qu’une parole, qui honorent leurs engagements et qui sont ouverts au dialogue et à la négociation ; autant de caractéristiques très valorisées parmi les organisations sociopolitiques tribales.

D’ailleurs, Hassan al ‘Azzi précise que c’est au nom de ces valeurs que les sympathisants d’Ansar Allah meurent sur le champ de bataille. Il s’agit du socle autour duquel s’organise la résistance (et non l’appartenance religieuse). Mohamed al Bukhaiti ajoute à ce propos : « Notre projet est celui des valeurs. On entend souvent dire chez les chrétiens qu’ils doivent s’unir pour combattre les autres religions. Il s’agit d’une pensée que l’on retrouve également dans l’enseignement de plusieurs écoles islamiques. Pour nous, le conflit principal ne s’articule nullement autour des distinctions religieuses, soit une religion contre une autre. Nous ne percevons pas le clivage entre les êtres humains à partir de cette perspective, mais il s’articule plutôt autour de la question du vrai et du faux. »

Enfin, les membres d’Ansar Allah répètent, à juste titre, qu’ils n’ont jamais initié de guerre mais se sont toujours défendus contre les attaques dont ils sont l’objet ; comme ce fut le cas pendant les six guerres menées par Saleh, ou l’actuel conflit généré par la coalition menée par l’Arabie Saoudite.

Ainsi, Ansar Allah se pose en victime de la haine, stigmatisé soit par les autres mouvements politiques (dont ils se distinguent en n’étant pas sanguinaires), soit par les forces internationales qui interviennent au Yémen.

Pourtant, les pertes très nombreuses (notamment des jeunes et des enfants enrôlés dans les combats auprès du mouvement) font l’objet de maintes critiques, et d’aucuns décrivent la violence dont fait preuve Ansar Allah.

… et qui rassemble au-delà de l’appartenance religieuse

Bien qu’Ansar Allah soit un mouvement ouvertement zaydite et dirigé par un chef spirituel, il ne serait pas, selon Hassan al ‘Azzi, un « mouvement religieux » (une manière également de réfuter la thèse de l’existence d’un conflit confessionnel au Yémen).

Hassan al ‘Azzi renverse alors le raisonnement. Seuls les mouvements comme ceux des extrémistes issus de la doctrine wahhabite, dans laquelle il englobe les Frères musulmans, al Qaeda et Daech, sont des organisations religieuses.

Pourtant, ces mouvements ont historiquement des racines diverses et des actions politiques toutes spécifiques qu’il est difficile d’appréhender de manière indifférenciée. Mais peu importe, parce que dans la pensée des militants d’Ansar Allah, tout mouvement sunnite politique est extrémiste, par opposition au mouvement shiite politique qui ne peut pas l’être.

Certes, après contestation de ma part, le politicien ajoute qu’Ansar Allah pourrait être assimilé à un mouvement religieux – mais de toute évidence qui n’a pas de point commun avec al Qaeda et Daech ou les islamistes. En effet, il admet que tout groupe considérant Mohamed comme son prophète et suivant les préceptes du Coran peut être qualifié de mouvement religieux… Par ailleurs, Hassan al ‘Azzi tient à insister sur le fait que jamais malgré les différentes guerres dont ils ont été la cible, les Houthis n’ont fait appel à des oulémas pour condamner l’agresseur, ni émis de « fatwa » (lois religieuses) pour justifier leur combat. Or, il s’agit pourtant là d’une pratique courante dans la sphère politique yéménite : l’appel à des autorités religieuses afin d’excommunier des mouvements est commune. Saleh utilisa cette arme pour condamner le mouvement d’Ansar Allah, comme les islamistes l’ont fait dans l’histoire pour discréditer le parti socialiste.

Pour d’autres figures politiques d’Ansar Allah, le socle religieux (mais pas confessionnel) est un facteur de ralliement du peuple yéménite derrière le mouvement. Halima Gahaf développe cette pensée : le mouvement ne soutient pas d’idées politiques qui forment des barrières entre Ansar Allah et la communauté de croyants ; le mouvement rallie autour d’une identité commune, celle de l’appartenance à la communauté musulmane, à laquelle personne ne peut s’opposer. « Tout le monde est croyant dans notre société », ponctue-t-elle. « Les seules questions qui se posent, précise-t-elle, sont celles de l’approche et de la traduction du Coran dans la vie commune des croyants. »

Un mouvement politique moderne, donc démocratique…

Le mouvement croit au système démocratique, appelle à l’organisation d’élections présidentielles, parlementaires, et locales ; il promeut l’État de droit et le pouvoir des institutions.

Il s’agit là d’une question qui a fait couler beaucoup d’encre. Le mouvement d’Ansar Allah a été diabolisé non seulement par Saleh, mais aussi par d’autres acteurs politiques, accusé de vouloir mettre fin au régime républicain afin de revenir au système politique précédent, celui de l’Imamat – qui a été pendant plus de mille ans zaydite.

Pour Hassan al ‘Azzi, la démocratie est la capacité pour chaque citoyen d’exprimer son choix d’un représentant politique à travers le vote. Il est possible d’envisager une certaine similaire conception de la démocratie portée par d’autres militants religieux. En effet, considérer le vote comme étant l’unique expression de ce système politique est souvent une définition adoptée par les membres du parti islamiste au Yémen, le Hizb al Islah.

Ahmed al Shami insiste : « L’unique voie vers la mise en place d’un État de droit est l’existence et le renforcement des institutions étatiques. » « Au temps de Saleh, celles-ci n’étaient que de façade », précise-t-il.

Quelle place pour Ansar Allah dans l’organisation politique du pays ? Le mouvement affirme « qu’il agit dans le politique mais ne fait pas de politique ». Ainsi, le mouvement global accompagne les citoyens et les citoyennes dans leur quotidienneté, comme l’explique Mohamed al Bukhaiti. Ansar Allah est une force qui est présente dans tous les espaces de la vie et par conséquent englobe ainsi l’action politique.

Ansar Allah ambitionne de recréer un nouvel espace politique en dehors des structures traditionnelles des partis et loin des pratiques connues au Yémen. Par conséquent, il ne s’est jamais organisé comme parti politique, mais comme mouvement. Il n’a d’ailleurs aucune intention de rentrer dans le jeu politique. Lors d’élections, il fera appel à des partis qui lui sont proches ou soutiendra des candidats indépendants.

… mais conservateur sur le plan des rapports entre les hommes et les femmes ?

Les militants d’Ansar Allah se définissent comme des conservateurs, respectant la division sexuée des espaces, exigeant de baisser le volume de la musique lors des mariages publics, que soit respectée une tenue longue et large…

Par conséquent, certaines pressions vestimentaires sont exercées dans les rues sur les femmes ; mais pas en ce qui concerne leur liberté de mouvement, et elles sont très présentes dans les espaces publics, à toute heure de la journée et une partie de la nuit (signe que la sécurité est réelle à Sana’a).

Enfin, Ansar Allah n’a pas imposé le respect de la prière par la création d’une « police religieuse », comme il en existe dans d’autres États, en Arabie Saoudite par exemple. Ainsi, lors des premiers mois qui ont suivi la conquête de Sana’a, les partisans d’Ansar Allah ont malmené physiquement certains clients des rares cafés mixtes existants dans la capitale, menaçant les établissements de fermeture, mais les pressions exercées ont disparu lorsqu’une contre partie financière était reversée au mouvement par les responsables des établissements concernés…

Le mouvement comprend en son sein des femmes qui y exercent des rôles de premier plan. Trois militantes ont été nommées au bureau politique (qui compte 17 membres), une des plus hautes autorités d’Ansar Allah. Halima Gahaf est responsable de la question des femmes et ses deux autres collègues sont en charge de la formation et du planning. Halima Gahaf rappelle que la constitution du mouvement comme entité politique est récente : la Conférence du Dialogue national (2013) a été la première occasion qui a permis à au mouvement de construire un projet politique. Lors de la Conférence du Dialogue national, les débats ont été nombreux et notamment s’organisèrent autour de la question des droits des femmes. Or, elle rappelle que le mouvement ne s’est opposé à aucune des résolutions les concernant. Elle ajoute que si l’adoption du principe d’un quota d’au minimum 30% de participation des femmes dans les trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) a donné lieu à une certaine résistance à l’intérieur du mouvement, cette résolution a in fine également obtenu son accord – même si pour Ansar Allah,, le principe, précise-t-elle, c’est que seules les compétences requises peuvent constituer un critère de sélection pour avoir accès aux postes de décisions, et non l’appartenance sexuée.

Puis, elle explique que la participation des femmes dans le mouvement d’Ansar Allah a concerné de nouveaux domaines, depuis mars 2015. Dans le Jawf (région du nord, dont la population est tribale), pour la première fois, leurs partisanes ont défilé dans les rues les armes à la main, pour condamner la guerre menée par la coalition (historiquement, les femmes du Jawf portent des armes ; dans certaines régions tribales, les femmes parfois jusqu’à aujourd’hui portent des armes). Leurs consœurs de la capitale les ont imitées, en 2017. Le message est clair : si cela devenait nécessaire, les femmes participeraient au combat contre l’invasion étrangère, à la place des hommes.

Pour Halima Gahaf, si les partisanes n’étaient jamais sorties lors des guerres précédentes (de 2004 à 2010, lors des combats armés qui les opposaient à Saleh), c’est parce que les protagonistes étaient alors strictement nationaux. Contre les ennemis étrangers, hommes et femmes sont unis. Par ailleurs, à l’époque, la participation de femmes à l’action n’était pas perçue de manière positive : la peur qu’elles fussent agressées était la raison de leur réserve ; alors qu’aujourd’hui, elles se sentent soutenues par la communauté.

En même temps, naît au sein du mouvement l’idée de la nécessaire participation des femmes dans les institutions sécuritaires. Au début, elles étaient présentes lors des contrôles de sécurité organisés à l’occasion des manifestations. Plus récemment, Ansar Allah a considéré qu’il était important d’institutionnaliser leur participation, notamment en créant un département de police féminin dépendant du ministère de l’Intérieur.

Les femmes reçoivent par ailleurs une formation, pour qu’elles puissent être à même de déjouer un attentat, une tentative d’assassinat… Certaines d’entre elles sont formées en Iran.

Halima Gahaf explique qu’il était important de créer cette section féminine au sein des forces de sécurité, afin également de respecter les pratiques et les valeurs yéménites : lorsque les forces d’Ansar Allah pénètrent dans les maisons, la présence d’agents féminins est nécessaire.

À Sana’a, on les a surnommées les « zaynabiat » (Zaynab ; au pluriel « zaynabiat »), du nom d’une femme de courage et de la résistance dans l’histoire de l’Islam, particulièrement chez les chiites : une des grandes figures féminines de l’histoire musulmane est la fille d’Ali Taleb, fils d’Abu Taleb l’oncle du Prophète Mohamed ; elle fut surnommée « la mère des indigents », en raison de sa miséricorde envers les pauvres et les démunis, mais également « la mère des Hachémites », car suite à l’épisode de Karbalâ’ (fondateur du chiisme), elle veilla sur la descendance du Prophète. En outre, le gouverneur d’Égypte ayant ensuite pris l’habitude de tenir ses conseils officiels dans sa demeure, elle fut surnommée « présidente du conseil » : Zaynab est le symbole de la bravoure et de la foi, comme de la patience dans l’adversité et de la vérité face au despotisme.

Cela dit, la violence avec laquelle ces agents féminins ont matraqué les manifestantes (soit islamistes, soit soutenant Saleh) a beaucoup choqué une partie de la population : les conversations que l’on peut surprendre dans les milieux qui ne soutiennent pas Ansar Allah évoquent le physique particulier de ces femmes… qui n’en seraient pas ! Et dont on s’interroge sur le gabarit inhabituellement imposant. Certains vont jusqu’à avancer que, s’il s’agit bien de femmes, elles sont d’origine yéménite mais issues de familles immigrées d’Afrique, d’où ce physique africain, leur taille et leur force, contrairement aux femmes yéménite, d’ordinaire petites et chétives.

J’ai interrogé une des femmes frappées à coups de bâton par les Zaynabiat, dont les blessures étaient encore visibles trois semaines après les faits. Partisanes de l’ancien président Saleh, dont elles ont voulu célébrer la naissance (le 21 mars), des femmes ont été dispersées par la force, à peine avaient-elles commencé à se rassembler. « En quoi célébrer la naissance de Saleh représente une infraction ? », m’a-t-elle demandé. « Jamais les femmes n’ont été la cible d’aucune violence physique, en particulier en public, avant la prise du pouvoir par Ansar Allah. »

En effet, l’ancien régime ne s’est jamais aventuré à cibler les femmes. Les opposantes politique n’ont jamais été emprisonnées ou n’ont jamais subi d’atteinte à leur intégrité physiques (une exception fut la mort de quelques femmes lors de la révolution de 2011 : on dénombra 14 décès, des femmes ciblées par des tirs provenant de forces alliées à Saleh).

Les femmes sont traditionnellement protégées par une ligne rouge à ne pas dépasser. Par conséquent, de telles scènes de violences, filmées, dans lesquelles des femmes munis de bâtons frappent d’autres femmes ont engendré pas mal de réactions sur les réseaux sociaux, notamment pour réprouver une telle politique, contraire à la culture yéménite.

Halima Gahaf ajoute que « dans les temps troubles dans lesquels sont plongés le Yémen, il est crucial d’empêcher toute forme d’anarchie de s’installer » (ou ne serait-ce que de laisser s’exprimer des mouvements qui s’opposent aux autorités en place ?). Elle se réclame du droit international, qui serait en faveur d’une telle approche. Ainsi, « dans les situations d’urgences, la liberté totale ne peut être autorisée ».

Dans d’autres domaines Ansar Allah désire également donner l’image d’un mouvement proche des femmes. Un fait divers qui a défrayé la chronique illustre cette politique. Il s’agit de l’histoire tragique d’une femme qui a été poignardée par son frère dans un tribunal de Sana’a, alors qu’elle réclamait justice. En effet, la plaignante réclamait au tribunal de suspendre la tutelle que son frère exerçait sur elle en vertu des usages islamiques en vigueur au Yémen, parce que celui-ci s’opposait à son mariage. Elle demanda donc au juge de déclarer possible l’union avec l’homme qu’elle avait choisi, étant dans son droit. C’est alors que son frère la tue devant le juge et l’assistance médusée (les critiques ont été virulentes contre les défaillances du service de sécurité à l’entrée du tribunal qui a permis à cet homme de pénétré dans la salle d’audience avec un couteau ; par ailleurs, pourquoi le juge avait-il demandé la présence du frère, puisque l’unique présence de la fille suffisait pour qu’elle obtienne justice ?).

Pour un tel crime, dans lequel le membre masculin de la famille restreinte est impliqué, la loi confie à la famille le droit de juger le meurtrier (et peut décider de pardonner). L’État peut par ailleurs engager un procès au pénal, ce qui fut fait (notamment par des juges sympathisants du mouvement) ; mais la loi ne permet pas de condamnation au-delà de quelques courtes années de prison.

L’avocat de l’accusé a plaidé des troubles mentaux et une perte de sang-froid de la part de son client ; alors que le procureur a qualifié l’acte d’inhumain et réclamé la peine de mort. Ce fut la décision du juge.

Ainsi, la justice d’Ansar Allah a pris ses distances avec des lois du pays issues des pratiques mises en place par le régime de Saleh pour revenir aux usages tribaux. Les nouveaux juges s’opposent aux pratiques sauvages et se sont montrés favorables à la promotion des droits des femmes.

Si le mouvement présente un caractère conservateur, il sait néanmoins tolérer des pratiques apparemment en contradiction avec ses principes ; et il véhicule une nouvelle dynamique dans les interactions entre hommes et femmes.

*        *        *

La politique d’Ansar Allah répond à différentes ambitions : tout d’abord, il s’agit de construire un régime différent de celui bâti par Saleh et une nouvelle pratique du pouvoir ancrée dans un environnement international ; ensuite, de promouvoir les valeurs tribales (non pas celles promulguées par l’ancien président, mais les valeurs traditionnelles préexistantes) et de revaloriser l’image des habitants du nord du pays.

Mais comment ce mouvement qui dirige désormais une grande partie du Yémen envisage-t-il concrètement son action politique ?

 

par notre envoyée spéciale au Yémen

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Maggy Grabundzija

Anthropologue - (Sanaa - YEMEN)

1 Comment

  1. Un dossier exceptionnel quels que soient les opinions ou préjugés que nous pourrions avoir. Un article ayant pour soucis de nous faire comprendre un mouvement méconnu par les médias et les études politiques. Dans un pays en guerre et où il est donc difficile de ne pas tenir compte de ces conditions extrêmes pour tenter de faire la part des choses. En tous cas, un objet d’étude politique qui sort des habituelles études sommant de choisir entre “démocrates laïcs modernes” et “islamistes conservateurs rétrogrades” auxquelles nous ont habitué les études politiques …traditionnelles orientalistes. Bravo pour ce caractère pionnier ! On attend la troisième partie ! …et un bouquin !

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