ART & CULTURE – « Fantasia », la vérité et tant pis pour les imbéciles

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« Quand on pense qu’on prétend condamner Daesh, qu’on reproche à des hommes de se défendre et de s’organiser vigoureusement pour assurer leur survivance et celle de leur religion alors que pendant dix ans, les sunnites se sont faits littéralement, tiens-toi bien, littéralement sodomiser, rouler dans la merde et décimer par des chiites ayant pactisé avec les États-Unis ! »

Qui a dit que plus rien d’intéressant ne se publie désormais ? Que seul le « politiquement correct » le plus fétide trouve encore grâce aux comptes en banque d’éditeurs devenus commerciaux sans plus aucun goût du risque de déplaire à une masse de spectateurs veule et sans intérêt (ni de sa part pour rien, ni de par elle-même pour autrui), sinon par ce qu’elle peut dépenser pour acheter chaque année quelques kilos de papier encré ?

Certes, les « prix littéraires », qui inondent les bancs des librairies rectifiées à l’aune de la doxa « mondialisée » (l’Occident s’est toujours pris pour plus qu’il est) et polluent l’espace disponible en rayons, ne font plus guère illusion qu’à l’insanité de quidams imbéciles qui se rassurent et se « pensent » très intelligents lorsqu’ils lisent de l’Amélie Nothomb ou du Éric-Emmanuel Schmitt, n’en revenant pas de leur propre prouesse intellectuelle, croient-ils avec conviction, à « comprendre » de la « vraie littérature » (LOL). Et que dire des ignares ignorants qui achètent encore la prose d’un BHL tout en affectant un air délecté ?

Ces gens-là se publient entre eux, et le jury, juge et partie à la fois, tourne en rond dans le cénacle jalousement fermé dont tiennent les clefs quelques maisons d’édition « attitrées » qui ne présentent à la sélection que leurs auteurs-gagne-pain et s’arrangent entre elles -et/ou avec les juges : tous les coups (bas) sont permis, car les enjeux financiers sont énormes- pour déterminer laquelle de leur « production » envahira les vitrines de la rentrée « littéraire » et capitalisera les petits sous de consommateurs hypnotisés par le bandeau rouge qui double la jaquette habillant l’œuvre de leur écrivaillon devenu favori. Ainsi, c’est le bandeau qu’ils achètent, ces nigauds, parfois le nom du plumitif imprimé sur la couverture, rarement le contenu du livre.

« Sélection » convenue, artificielle et arbitraire, pour un concours dès lors absurde… Mais qui passionnera cependant les consommateurs, « gentils toutous à tétines toujours très polis ». Les « gens » sont de plus en plus formidables !

Toutefois, il est de temps en temps, caché quelque part dans l’amas des centaines d’œuvres produites annuellement en France, des dizaines de milliers de livres publiés dans le monde, qui n’auront jamais l’opportunité de susciter l’attention des organisateurs de cocktails mondains, édité par une maison de la résistance à l’idiotie ambiante, une pépite, un écrivain boudé par les bornés obtus qui bêlent en meute, et c’est ce que j’ai découvert, ô joie, ô jubilation.

Voici donc un livre dont on ne vous parlera guère dans les médias dominants.

Évidemment, c’est réservé à l’intelligence, à la finesse de l’esprit qui sait et, déjà, a compris comment marche le monde (les autres, s’abstenir ; ça vaut mieux et ça évitera un déversement de haine crétine sur des réseaux sociaux déjà surchargés de chats marrants).

J’ignore quel dadais pistonné cette année encore sera enorgueilli du prix Goncourt, Renaudot, Femina ou autre « Proutproutmachère », mais, pour ceux qui savent comme je sais… le chef-d’œuvre est ailleurs.

Le Fantasia d’Anton Ljuvjine est un torrent en colère, une lame de fond de mots exaspérés par le non-dit dominant, par les bassesses des médiocres qui ont désormais réussi à s’accaparer les espaces d’expression où l’on fabrique l’opinion pour les masses plus écervelées que jamais tout au cours de l’histoire de l’Humanité ; c’est une tempête de phrases sévères qui chacune frappent juste et qui emportent tout, à chaque page tournée, giflant avec exultation et une allégresse avouée le bien-pensant hypocrite qui se prend à chaque ligne une claque dans la gueule.

C’est un appel à l’insurrection contre le ronronnement médiatique pétri d’inconsistance et de contre-sens, qui s’est figé, vitrifié au cours de la décennie qui a succédé à la guerre du Vietnam et s’est fait servile à l’occasion de la guerre du Golfe de 1991 pour ne plus jamais se réveiller ensuite.

C’est un appel furibond à ne plus laisser la vérité avoir tort seule contre tous, un acte de foi en l’homme par le simple dire de ce qui est en réalité, en urinant irrespectueusement sur tous les tabous du moment, jusque sur les plus visqueux. Et tout cela avec élégance. Sur fond de torpeur généralisée, dans un Occident ultralibéral confronté à la résistance de l’Orient islamiste.

« Oui, les djihadistes français cherchent une consolation métaphysique dans la fraternité, et cette fraternité, on ne peut mieux la servir qu’en se sacrifiant. Le djihad réhumanise. »

« L’Islam de France est une imposture coloniale malsaine, une humiliation permanente et au carré, un commerce ignoble présidé par d’insupportables marchands du Temple. Les prédicateurs du Système auront à payer au centuple le fait d’avoir cautionné, très sournoisement, tous les crimes commis ici ou ailleurs sur leurs propres frères. »

La dédicace, « aux suicidés », d’emblée donne le ton ; et elle est signe de qualité.

« Ô Orient unique, rêveur, chamarré, incertain ! La terreur que tu inspires aux mornes esprits est une consolation inespérée face au dogme de l’indifférence sans limite… »

Une bouffée de franchise qui réconcilie avec la lecture, avec l’époque et, pour peu qu’on ait de la chance et une quelconque capacité au discernement, avec soi-même.

Enfin de la littérature !!! Anton Ljuvjine est un tout jeune écrivain qui a quelque chose à dire. Il a perçu l’essence des événements qu’un « bestiaire d’arrivistes consacrés » enfument au quotidien et il ne se fait pas prier pour la balancer sans ménagement au visage de ceux qui n’en veulent rien connaître ; et c’est la raison principale pour laquelle la presse de masse passera ce livre sous silence.

Fantasia, un livre d’Anton LJUVJINE – Éditions Tinbad

ISBN – 979-10-96415-05-2 – juin 2017 – 16 euros

 

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About Author

Pierre Piccinin da Prata

Historian and Political Scientist - MOC's Founder - Editorial Team Advisor / Fondateur du CMO - Conseiller du Comité de Rédaction

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