PALESTINE – Mise au point de l’auteur concernant l’article «Il était une fois… la ‘Nakba’»

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L’article de notre collaborateur Éric David, spécialiste du droit international, qui faisait état dans le détail du bilan légal du conflit israélo-palestinien, a suscité de très nombreuses réactions, positives ou négatives.

Soucieux de ne laisser subsister aucun doute sur ses intentions, le professeur David a résolu de répondre à une attaque en particulier…

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Plusieurs lecteurs de cet article paru dans la dernière édition du CMO (mars 2018) se sont émus du fait que j’y comparais Israël à un État « parasite ».

J’ignorais en effet la connotation en ce contexte profondément antisémite du mot « parasite », un mot qu’Hitler, comme on me l’a appris, utilisait quand il parlait des Juifs.

J’aurais dès lors dû éviter cette qualification qui pourrait suggérer une forme quelconque d’antisémitisme, ce qui serait un comble pour ma part, étant moi-même juif ; et alors que des membres de ma famille ont péri dans les camps nazis. Je prie donc les lecteurs choqués par ce mot de comprendre la réalité de mes intentions.

L’article disait d’ailleurs explicitement qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause l’existence d’Israël, un État où luttent de magnifiques mouvements progressistes pour un changement de politique de leur gouvernement.

L’existence d’Israël, aujourd’hui, n’est pas plus contestable que celle des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de bien d’autres États qui se sont créés au détriment de populations autochtones.

Il reste que la création d’Israël au XXe siècle, à une époque où les mentalités n’étaient plus celles du XVIIIe ou du XIXe siècle, s’apparente au dépeçage d’un pays au profit d’une population étrangère et que la politique actuelle d’Israël poursuit ce grignotage territorial.

Rappelons les faits suivants…

Les colonies de peuplement dans ce qui reste de la Palestine et toutes leurs conséquences négatives pour son peuple : pertes de territoire, dégradations majeures de l’environnement (urbanisation de campagnes, rejet par ces colonies de leurs eaux usées en territoire palestinien), restrictions dans l’accès aux nappes phréatiques, etc.

Le caractère juridiquement criminel de cette colonisation.

L’annexion de facto supplémentaire de parties du territoire palestinien par les zigzags du mur de séparation israélien qui ne suit pas la ligne verte arrêtée par les accords d’armistice de 1949 entre la Transjordanie et Israël et pénètre en territoire palestinien.

Les violations de droits humains élémentaires des Palestiniens affectés par ces zigzags.

Le refus du retour des réfugiés palestiniens dans leur foyer ou le refus de leur indemnisation en dépit des règles internationales qui l’exigent.

L’inapplication permanente par Israël des décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Le maintien de l’occupation de Gaza par l’interdiction, sous peine de tirs, de pénétrer dans une zone tampon de 300 mètres de large qui longe la frontière avec Israël et prive les Gazaouites de 30 % de leurs terres arables.

Le contrôle total par Israël des espaces maritimes et aériens de Gaza.

L’interdiction faite aux Bédouins d’Israël de regagner leurs villages du Neguev/Nakab, malgré la promesse qui leur avait été faite en 1948 au moment de leur déplacement forcé.

La destruction à peu près systématique des maisons qu’ils construisent dans leurs villages ancestraux.

Les opérations « Plomb durci » (2008/9) et « Bordure protectrice » (2014) ; les centaines de victimes civiles qu’elles ont entraînées.

L’actuelle répression par Israël des manifestations des habitants de Gaza.

Etc.

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Ce sont des faits concrets, qui s’inscrivent dans l’Histoire.

Et j’aurais certes été mieux entendu en qualifiant ces faits de « grignotage », de « dépeçage » ou de « fractionnement territorial »… plutôt que de « parasitose », vu le signifié blessant de ce mot pour certains et le façonnage de la pensée par les mots.

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Eric David

Professeur émérite de Droit international à l'Université libre de Bruxelles (ULB) et Président du Centre de Droit international - BELGIQUE

4 Comments

  1. Quand il pleuvait, Hitler qui était bien sûr l’incarnation du mal, disait qu’il ouvrait son parapluie, est-ce que cela fait de l’usage du terme parapluie un terme à bannir et est-ce que cela rend l’usage du parapluie douteux ? Il faut cesser avec cette sacralisation, positive comme négative, de mots qui ont pu être utilisés de façon abjecte dans un certain contexte. Il faut toujours avoir en tête le contexte dans lequel on utilise ici et maintenant un mot. Quant à savoir quel Etat devra exister ou pas, il semblerait que le sort récent de l’URSS, de la Tchécoslovaquie ou de la Yougoslavie nous ai montré qu’à l’ère post-moderne, et comme il en fut toujours le cas au cours de l’histoire, il n’y a toujours aucun Etat au monde qui puisse être décrété éternel. Cela dépend des rapports de force, des exigences des populations concernées et, surtout, de l’intelligence de ses dirigeants. Choses évolutives par principe. Parfois on a l’impression aujourd’hui que l’on assiste à un retour d’une forme néo-païenne de sacralisation des mots, des Etats, des systèmes, des idéologies ou des puissances du moment alors que l’histoire nous apprend l’humilité et la relativisation des certitudes acquises. Rien ne meurt, tout se transforme.

  2. je ne vois pas en quoi le terme parasite ne s’appliquerait pas à des états qui colonisent d’autres états et qui font fi de tous droits humains sur les populations qu’ils dépouillent impunément au non de leur droit à l’existence.La perversion du système de pensée occidentale tient de l’impensable connotant à des mots un sens politique bien pensant .Au dogme de l’antisémitisme dont le sens après la seconde guerre mondiale lié à l’anéantissement des juifs avait effectivement un sens sur les crimes contre l’humanité , en l’occurrence des juifs, voilà que ce terme recouvre un impératif sémantique derrière lequel se cache un impératif impérialiste de l’état d’ISRAEL dont l’origine est lié au ROTHSCHILD et non à la barbarie nazie qui a dans les faits facilitée la création de l’état ISRAEL .Si l’enthousiasme des peuples ayant dit oui à la création d’ISRAEL en réparation des crimes commis contre les juifs , il faut bien revenir de notre naïveté politique collective que la création d’ISRAEL était un projet plus ancien expansionniste au détriment des populations autochtones qui elles sont martyrisées depuis plus de 70 ans !Donc l’hypocrisie généralisée devient tout de même insupportable.Les Isarélites ont ils plus de droits que le reste de l’humanité versus les USA qui ont toujours fait de même!De plus d’autres populations pendant la seconde guerre mondiale ont été exterminées sans que cela ne semble affecté les censeurs de l’antisémitisme!§A -t-on donner aux ISRAELIENS par la création de leur état des droits d’extermination du peuple palestinien et leur visée sur la Syrie (n’ont ils pas soigné des djihadistes), sur l’Iran actuellement , sur le Liban qu’ils ont copieusement bombardé sans émouvoir l’opinion mondiale!Alors ça suffit de s’excuser en permanence devant les crimes d’ISRAEL, leurs lobbies puissants aux USA et leur main mise sur la France (voir MACRON et ses soutiens ROTHSCHILD°.

  3. Je trouve que « Parasite » est un qualificatif le plus tolérant et le moins insultant après lecture de ce que fait cette bande de voyous.

  4. C est le monde à l envers le boureau se transforme en victime et crie au loup et la victime d hier se transforme en boureau les mots n ont plus de sens et certains se les réservent l anti semitisme ne devrait il pas concerné tous les semites y compris les arabes mais certainement pas les slaves et autres europeens qui sont venus coloniser la Palestine et ne ressemblent en.rien.aux orientaux de Palestine n est ce pas un.corps étranger un.cancer pour lequel il faudra bien.passer par la chimio et la radiothérapie la disparition.de l apartheid en Rsa est un.bel exemple Israel est appele a disparaitre comme il est apparu par effraction dommage pour toutes les victimes de la spoliation et de la supercherie

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